Couverture ElectroniqueS n°127

De grands groupes se sont constitués par croissance externe au cours des cinq dernières années. Ils ont poursuivi une stratégie d'accompagnement des clients à l'international. Certains insistent sur la proximité avec les clients, d'autres sur une offre globale alliant études et production, d'autres encore sur les deux. L amondialisation des échanges et les délocalisations de production qui accompagnent ce phénomène ont favorisé un mouvement de consolidation chez les sous-traitants en électronique, le domaine à plus fort potentiel de croissance de toute l'économie. En France, certaines têtes de liste de la sous-traitance en électronique ont procédé à des acquisitions pour rapidement devenir des acteurs de stature européenne puis internationale. Sont représentatifs de ce courant les groupes AsteelFlash, Eolane, All Circuits, Lacroix Electronics et Arelis. Toutefois, ces sociétés présentent des différences au plan de leurs offres de services: All Circuits, par exemple, met l'accent sur sa capacité de fabrication tant en petites séries qu'en grands volumes, mais ne dispose pas en interne de service d'études ; alors qu'Eolane et Lacroix Electronics insistent sur une offre globale allant de la conception des matériels électroniques à leur production et leur maintenance. Le fait de proposer au client une fabrication en pays low cost est aussi devenu la règle. AsteelFlash possède ainsi des usines en Chine, au Mexique, en Tunisie et dans les pays de l'Est. A l'exception d'Arelis, tous les groupes précités disposent d'antennes au Maghreb et/ ou dans les pays de l'Est: en Tunisie et en Pologne pour Lacroix, au Maroc et en Estonie pour Eolane et en Tunisie pour l'alliance All Circuits. Le réseau planétaire AsteelFlash AsteelFlash, numéro un français de la sous-traitance en électronique et 2 e européen selon MMI ( Market Manufacturer Insider ), a procédé à des acquisitions de façon à, d'une part, se doter d'une taille qui lui permette de négocier au mieux avec ses fournisseurs et, d'autre part, proposer à ses clients des usines dans toutes les régions du monde. «Notre objectif est d'accompagner nos clients dans le développement de leurs activités et dans leur déploiement à l'international», nous déclarait ainsi en février 2013 Gilles Benhamou, le Pdg de ce groupe. Le maillage AsteelFlash est serré: «Tout client doit pouvoir trouver un service AsteelFlash à 300 km à la ronde… Le fait de ne pas être à plus de 3 heures de voiture améliore l'efficacité de la relation entre le sous-traitant et son client », explique M. Benhamou. En effet, le sous-traitant est amené à gérer de nombreuses modifications pour tout produit en design. Cette stratégie de couverture mondiale a conduit AsteelFlash à passer des accords avec des confrères pour assurer une présence sur des marchés de moindre envergure : c'est le cas de l'accord passé en janvier 2012 avec le sous-traitant canadien Varitron Technologies. Actuellement, AsteelFlash, qui ne recherche plus de nouvelles acquisitions –sauf si une opportunité se présente –, convient qu'il lui reste à rechercher des partenariats pour l'Amérique du Sud. La politique d'acquisition pratiquée par ce groupe lui a permis d'acquérir en 5 ans une stature mondiale. En 2008, Asteel s'appuyait sur dix usines en France et deux sites en Tunisie. Cette année-là, il rachète le britannique MRP puis Flash Technologies, un sous-traitant canadien qui dispose d'unités de production aux Etats-Unis et en Chine. Asteel prend alors le nom d'AsteelFlash. En mai 2011, il reprend l'usine TES de Langon (Ille-et-Vilaine) qui a notamment pour client Thales. Et en janvier 2012, AsteelFlash acquiert le sous-traitant américain Catalyst Manufacturing Services (450 personnes) qui opère dans les secteurs de l'aéronautique, de la défense, du médical et de l'industriel, et qui s'appuie sur trois usines : deux sur la côte est des Etats-Unis et une à Tijuana au Mexique. Et en août 2012, AsteelFlash rachète la société allemande EN Electronic Network (700 personnes, 181 Me de CA 2011) qui s'appuie sur cinq sites de production en Allemagne, sur une usine en République Tchèque et sur un centre de production alors en cours d'installation en Roumanie. Outre le fait qu'ils assurent une proximité avec les clients, les sites de production Asteel-Flash ont des orientations privilégiées : les usines chinoises sont les mieux adaptées aux demandes régulières de séries conséquentes de matériels ; le Mexique, la Tunisie et les pays de l'Est sont mieux armés pour répondre à des fluctuations de demandes. GillEs BEnHaMou, Pdg D'Asteelflash “ Notre objectif est d'accompagner nos clients dans le développement de leurs activités et dans leur déploiement à l'international. Des Partenariats AsteelFlash a également mis en place des partenariats avec des spécialistes qui lui apportent les expertises qui lui manquent; en contrepartie il met à la disposition de ces derniers ses capacités de production. En novembre 2011, AsteelFlash a ainsi conclu un accord avec Meusonic-Sericad (devenu depuis Arelis), société spécialisée dans les produits hyperfréquences et d'électronique de puissance. En avril 2012, AsteelFlash et Adetel (600 personnes, 52 Me de CA) ont créé une société conjointe regroupant le savoir-faire en ingénierie d'Adetel –spécialiste de la conception en aéronautique, défense, transports, automobile, médical et sécurité – et les capacités de production d'AsteelFlash. « L'alliance avec AsteelFlash permet à chacun de gagner des marchés que seul il n'aurait pas pu envisager» , nous annonçaient les responsables d'Adetel en janvier dernier. Ce partenariat permet par exemple à Adetel de proposer des conceptions incluant des composants à prix optimisés, prix obtenus par AsteelFlash et sa puissance d'achats. AsteelFlash fournit exclusivement les marchés de l'électronique professionnelle (militaire, aéronautique, spatial, médical, télécoms et réseaux, transport, automobile et industriel) qui sont demandeurs de petites et moyennes séries de produits complexes. Ce sous-traitant cible, « hors opportunités à saisir », cinq segments de marché. Le plus important est celui des infrastructures télécoms et de communications de données (cartes pour serveurs…). Le deuxième domaine par ordre d'importance chez AsteelFlash est l'industriel – qui inclut l'énergie avec des matériels de télémesure et de conversion d'énergie – qui est en voie de prendre la première place chez le sous-traitant. La défense, le spatial, l'aéronautique et le transport constituent le troisième marché pour le groupe ; les fabrications de ces matériels sont notamment réalisées à Langon et à Eberbach (Allemagne). L'automobile représente le quatrième marché et le médical, le cinquième. D'une manière générale, AsteelFlash cherche à nouer des relations de long terme avec des clients qui souhaitent développer leurs activités à l'international. « Nous négocions avec eux des packages qui couvrent aussi bien la production de petites séries que de grands volumes », nous a déclaré Gilles Benhamou. asteelflash a pour stratégie de couvrir le monde d'un réseau de sites de façon à ce que tout client puisse trouver un service asteelflash à 300km à la ronde… bRuno Racault, président d'all circuits Chez MSL Circuits, “ nous réduisons la part de maind'œuvre à moins de 10 % du prix de revient en intervenant dès la conception du produit pour en faciliter l'automatisation de la production, en utilisant des lignes hautement automatisées, et en traquant le gaspillage. All Circuits: sur les traces d'AsteelFlash? L'alliance All Circuits est le regroupement de trois sites de sous-traitance en électroniques acquis par le fonds d'investissements AIAC ( American Industrial Acquisition Corporation ). All Circuits inclut ainsi: MSL Circuits, ex-site Jabil, ex-site Valeo de Meung-sur-Loire, spécialisé dans la fabrication de grandes séries (entre 50 000 et 500 000 pièces par an) de cartes et sous-ensembles d'électronique automobile, qui a été racheté à Jabil Circuits en octobre 2009 ; BMS Circuits, ex-site Sagemcom de Bayonne, dédié aux petites et moyennes séries de produits électroniques complexes (médical, maintien des personnes à domicile, géolocalisation, énergie…), acquis en mars 2012; et TIS Circuits, ancien site de Sagemcom à Tunis, dédié aux productions nécessitant davantage de main-d'œuvre. Cet ensemble compte 1 600 personnes et a représenté, en 2012, un chiffre d'affaires de 242 millions d'euros ; notons que pour son premier exercice annuel, MSL Circuits avait annoncé 89,5 Me. All Circuits s'est donc constitué en 4 ans. Dans la pratique, MSL Circuits (420 personnes environ) a continué à travailler pour Valeo (qui représente environ 50% de la charge de travail de l'alliance All Circuits aujourd'hui) tout en se diversifiant rapidement notamment dans le domaine des applications GPS-GSM (suivi des flottes de camions, localisation des personnes et des animaux domestiques…). Son automatisation, son aptitude à produire en grandes séries et la qualité de sa production lui ont permis de gagner des marchés difficiles ; le site exporte ainsi en direction de la Chine. La peur qu'ont les donneurs d'ordres des contrefaçons chinoises a aussi favorisé ce mouvement. La capacité à produire en grandes séries et à coût compétitif de MSL Circuits est le fruit d'une automatisation poussée: «Nous réduisons la part de main-d'œuvre à moins de 10% du prix de revient en intervenant dès la conception du produit pour en faciliter l'automatisation de la production, en utilisant des lignes hautement automatisées et en traquant le gaspillage», annonce Bruno Racault, le président d'All Circuits. La chasse au gaspillage et l'optimisation de la production faisaient déjà partie de la culture de qualité automobile de Meung-sur-Loire. «En conservant et en mettant l'accent sur le savoir-faire Valeo, MSL Circuits a su rester compétitif », résume M. Racault. En mars 2012, le fonds d'investissements de Msl circuits a acquis l'activité services industriels et fabrication de petites et moyennes séries de sagemcom, soit les usines sagemcom de bayonne et de tunis. Troisième sous-traitant français Fort de cette assise –Meung-sur-Loire tournait à plein régime dès 2010–, MSL Circuits a rapidement cherché à se doter de moyens de production complémentaires, orientés high mix low volume de façon à séparer la fabrication de grands volumes et la production de petites séries, l'une et l'autre requérant des infrastructures différentes (méthodes, organisation, logistique, outils). C'est ainsi que le fonds d'investissements AIAC, déjà propriétaire de MSL Circuits, a acquis en mars 2012 l'activité services industriels et fabrication de petites et moyennes séries de Sagemcom, c'est-à-dire les usines Sagemcom de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) forte de 244 employés et de Tunis (644 personnes). Bayonne et Tunis ont été rebaptisés respectivement BMS Circuits et TIS Circuits. L'alliance All Circuits était née et représentait le 3 e groupe français de sous-traitance en électronique après AsteelFlash et Eolane. Fin 2012, le chiffre d'affaires de cette alliance se répartissait en : 49 % pour l'automobile, 18 % pour l'énergie, 8 % pour les matériels de géolocalisation (équipements Coyote, boîtiers destinés à l'acquittement de l'écotaxe…), 8 % pour les produits blancs, 7% pour les télécoms, 9% pour l'industriel et le reste pour le médical. Et All Circuits continue à monter en puissance : cette alliance prévoit un chiffre d'affaires de 294 Me en 2013. MSL, qui investit dans une sixième ligne de production, représenterait à lui seul plus de 150Me. Et si les clients ont besoin d'aide en conception de matériels électroniques, All Circuits leur propose les services de partenaires « qui ont intégré nos règles de design et de fabrication » , indique Bruno Racault. la R&D d'Eolane s'appuie sur plus de 200 personnes disséminées dans sept centres de l'Hexagone. En septembre dernier, ce sous-traitant a annoncé un nouveau bureau d'études à carquefou. MaRc PasquiER, directeur général d'Eolane “ Eolane poursuit un programme de mise en place de «briques technologiques » qui lui permettent ainsi qu'à ses clients-partenaires d'accélérer la mise au point de nouveaux matériels avec le maximum de sécurité. Eolane parie sur l'innovation D'autres grands sous-traitants insistent, à l'inverse d'AsteelFlash et de MSL Circuits, sur leur offre en études et leur capacité d'innovation. Le prototype du sous-traitant novateur est Eolane (3 300 personnes environ et 360 Me de CA 2012), deuxième sous-traitant en électronique de l'Hexagone après AsteelFlash. Ce groupe s'appuie sur un réseau de 28 centres d'études et/ou de production. Il est présent en Europe (France, Allemagne et Estonie), en Afrique (Maroc), en Asie (Chine et Inde) et en Amérique du Nord. Son installation en Inde date de février dernier quand il y a racheté une usine basée à Bangalore (250 personnes et 5Me de CA annuel) avec pour objectif d'accompagner ses clients à l'international. Eolane revendique un statut d'innovateur : depuis 2012, il poursuit un programme de mise en place de «briques technologiques » qui lui permettent ainsi qu'à ses clients-partenaires d'accélérer la mise au point de nouveaux matériels avec le maximum de sécurité. Cette année, il a développé des cartes à processeurs, les iMX6 Eolane, utilisables par tous les domaines de l'électronique. Le portefeuille de briques technologiques prévues inclut une caméra IP intelligente, un calculateur embarqué pour véhicules, une alimentation par modulation de la largeur d'impulsion, deux solutions de localisation RFID (Zigbee et 868 MHz) et une carte d'acquisition de données à base de FPGA utilisant le protocole OPC-UA. Plusieurs de ces modules technologiques de référence sont testés dans des projets innovants auxquels participe le sous-traitant, comme le projet Smart Sensing qui a pour objet la commercialisation de vêtements intégrant des capteurs, ou un projet de tablette optimisée pour l'éducation, ou le projet Heliotrop dont l'objectif est la mise au point et la commercialisation d'équipements pour le photovoltaïque à concentration (CPV) et qui, début 2014, passera au stade de la production. Eolane étudie également des briques technologiques pour le « smart » ( smart city , smart home , smart car …), pour la communication d'objet à objet dans le domaine industriel, et pour l'automobile (télématique, amélioration de la sécurité et du confort, baisse de la consommation et réduction de la pollution). Ce sous-traitant investit continûment en études et développements: en septembre dernier, il a annoncé la création d'un nouveau bureau d'études à Carquefou (banlieue de Nantes) spécialisé en ingénierie logicielle et en électronique embarquée. Au total, la R&D d'Eolane s'appuie sur plus de 200 personnes disséminées dans sept centres de l'Hexagone. Eolane prévoit de réaliser 35 % de son chiffre d'affaires avec des services ODM (sous-traitance à la fois de conception et de fabrication). Un déploiement international La raison d'être d'un sous-traitant étant la fabrication de produits, Eolane poursuit également un programme d'innovation et de montée en puissance dans ce domaine. Le site angevin s'est doté, cette année, d'une ligne de production de grandes séries de matériels à destination de l'automobile ; cette ligne, qui inclut une machine de refusion sous vide, est opérationnelle depuis avril 2013. Le centre des Ulis comprend maintenant une unité de stockage de longue durée (sous azote) des composants électroniques. fRançois bEauxis, directeur général de lacroix Electronics “ Lacroix Electronics insiste sur son développement à l'international… Dernièrement, le groupe a augmenté du tiers la surface productive de son usine polonaise de Kwidzyn dédiée aux grandes séries destinées notamment à l'automobile, la domotique et l'industriel. Eolane est, tout comme AsteelFlash et All Circuits, rapidement monté en puissance. En 2008, il a racheté Martec (150 personnes, 22Me de CA 2008), un spécialiste de l'électronique et des communications en environnement sévère. Ce qui lui a permis de doubler ses effectifs de R&D. Puis, entre 2010 et 2013, il a forcé l'allure de ses acquisitions. En 2010, il a racheté le groupe NCF (690 personnes et 101Me de CA 2009) fort de cinq filiales. Ce dernier lui a apporté une expertise en ferroviaire et, via sa filiale marocaine Assiopole, a conforté l'activité de câblage filaire du groupe. En 2012, Eolane a acquis le site de Douarnenez de Lagassé (210 personnes, 47Me de CA), site spécialisé dans les radiocommunications sécurisées incluant un bureau d'études (20 personnes) et une activité de SAV dédiée aux produits électroniques grand public. Dans le cadre de sa stratégie d'expansion à l'international, un peu plus tard au cours de la même année, Eolane a acquis le centre Lagassé de Berlin (50 personnes, 16Me de CA) également spécialisé en radiocoms sécurisées. Les difficultés de trésorerie rencontrées par Elcoteq lui ont aussi permis de racheter, en 2012, l'usine de Tallinn (Estonie) de ce groupe (200 personnes, 27Me de CA). Enfin, dans le même esprit, Eolane s'est dotée d'une antenne commerciale à Boston. Un Problème De Marge CHEz LEs Sous-TRaitants FRançais En france, le marché de la sous-traitance en électronique devrait croître de 5% cette année après avoir progressé de 7% en 2012, selon le snese, le syndicat de la profession. cet organisme précise que «depuis 2006, la sous-traitance en électronique de l'Hexagone a enregistré une progression constante de son activité hormis un léger recul en 2009 (-7,9%)». toutefois, si leurs chiffres d'affaires progressent, les entreprises de ce secteur ont de plus en plus de mal à réaliser des marges suffisantes pour les investissements nécessités par ce domaine d'activité. la faute en revient en partie à une concurrence âpre, elle-même conséquence de délocalisations de production dans des pays à faible coût de la main-d'œuvre qui ont accoutumé les donneurs d'ordres à des achats avant tout opportunistes. la faute en revient également à une économie occidentale flageolante, impactée par la montée en puissance des pays nouvellement industrialisés et qui ne pourrait retrouver sa compétitivité qu'en abandonnant les acquis sociaux, le confort et sans doute la liberté qui caractérisent jusqu'alors les civilisations des «pays riches». le fait que l'Europe ait axé tout son travail sur la libéralisation des marchés, ignorant les dimensions «industrie et emploi», a largement contribué à la chute industrielle des pays libéraux. bruxelles a toutefois un alibi: la mondialisation aide à la création d'un climat de paix dans le monde, dans un premier temps… > la faiblesse des marges réalisées par les sous-traitants français de l'électronique tient aussi au fait que certains d'entre eux ne savent pas calculer avec précision leurs coûts de production, selon le snese. Pour remédier à ce problème, ce syndicat a démarré l'initiative Efficio qui a pour objectif d'aider ses adhérents à évaluer précisément leurs coûts horaires de fabrication manuelle et automatisée. a partir de ces données et à partir du montant de ses achats (composants et services), le sous-traitant en électronique pourra déterminer avec exactitude la marge applicable. le logiciel Efficio sera crypté et mis à disposition des adhérents dans quelques mois. Dans un deuxième temps, les entreprises de sous-traitance pourront aussi améliorer leurs résultats en faisant appel à un outil d'optimisation des coûts développé par claude chose (2c-consult) et françois Demond. lacroix s'appuie sur un réseau de plusieurs usines à profils complémentaires: Willich (allemagne), Kwidzyn (Pologne) qui représente un chiffre d'affaires annuel de 100M € , zriba, (tunisie) et saint-Pierre-Montlimart (49) dédié aux petites séries. Lacroix: 100 personnes en études La stratégie de Lacroix Electronics ressemble à celle d'Eolane quant à l'accent mis sur les études. Ce sous-traitant a pour objectif que 30 % de ses productions soient issues d'un développement réalisé par sa filiale «études » (Lacroix Electronics Solutions). Toutefois, à la différence d'Eolane, Lacroix n'a pas de programme de création de briques technologiques. «Notre vocation première est le développement de produits sans droit de propriété intellectuelle » , soulignait Alain Ponsot, directeur de la filiale «études» de Lacroix Electronics dans nos colonnes en juin dernier. Dans la pratique, les activités de Lacroix Electronics Solutions englobent la spécification, la conception, le test, la certification et l'industrialisation des produits. Lacroix indique qu'il insiste sur la préparation à la production très en amont de la fabrication (ce qu'on appelle le DFX pour Design for Manufacturing , Design for Test et Design for Procurement ). Lacroix Electronics Solutions s'appuie sur une centaine de personnes disséminées dans 5 centres : quatre en France et un en Allemagne. En France, ces centres sont situés à Vern-sur-Seiche près de Rennes, à Quimper, à Ramonville dans la banlieue de Toulouse, et à Fontaine près de Grenoble ; le centre allemand est celui de Willich (une dizaine de personnes). Chaque centre est spécialisé dans un ou plusieurs domaines : Ramonville travaille notamment pour l'aéronautique, Vern sur Seiche pour le médical et l'industriel, Fontaine pour la domotique alors que Quimper prend en charge les questions mécaniques ainsi que les qualifications de produits. Le centre d'études de Willich accompagne les productions réalisées sur ce site (industriel, domotique, aéronautique et défense). Le sous-traitant a également créé en 2011 une structure conjointe avec la société tunisienne d'ingénierie et de conseil en innovation Telnet (500 personnes) ; dédiée à la conception et à l'industrialisation des matériels électroniques, cette société conjointe a été mise sur pied avec pour objectif de servir les clients des deux entités installés en Tunisie – qui sont des équipementiers de l'automobile, de l'aéronautique et de l'industriel. En outre, « nous avons des partenariats avec des bureaux d'études locaux et de grandes entreprises quand les études nécessitent l'intervention de spécialistes de domaines très pointus », nous a indiqué François Beauxis, directeur général de Lacroix Electronics, lors du dernier salon Midest. Historiquement, c'est en 2011 que Lacroix a dopé sa R&D en reprenant les trois bureaux d'études de TES Electronic Solutions (Bruz près de Rennes, Fontaine et Quimper). Une offensive à l'international Aujourd'hui, Lacroix Electronics met aussi l'accent sur son développement à l'international. Le groupe est bien implanté en Europe. En Allemagne, il dispose d'un site basé à Willich où cohabitent un bureau d'études et un centre de production (150 personnes); Willich opère également avec une usine partenaire basée à Urziceni (Roumanie). En Pologne, Lacroix s'appuie sur une usine dédiée aux grandes séries, située à Kwidzyn; l'entreprise y fabrique pour les domaines de l'automobile, de la domotique et de l'industriel. Dernièrement, de nouveaux bâtiments ont été construits à Kwidzyn, représentant une augmentation de près du tiers de la surface du site allouée à la fabrication. Ce site est un pilier de l'activité de Lacroix puisque son chiffre d'annuel est de l'ordre de la centaine de millions d'euros (pour un total de 180 Me). Le sous-traitant dispose également d'un site tunisien à Zriba. Fort de quelque 600 personnes, cette usine livre des équipements déjà industrialisés dans d'autres sites du groupe; elle est sollicitée pour les produits nécessitant une main-d'œuvre importante. Enfin, en France, le centre de Saint-Pierre-Montlimart (Maine-et-Loire) est dédié à la fabrication de petites séries de produits complexes. «Lacroix Electronics offre à ses clients des solutions clés en main allant de l'étude et développement de produits électroniques jusqu'au service après-vente », résumait Vincent Bédouin, directeur général opérationnel du groupe Lacroix et ex-directeur général de Lacroix Electronics lors de la première journée fournisseurs organisée par Lacroix Electronics, le 9 avril 2013. Arelis: de la PME à l'ETI Arelis est l'exemple de la PME qui a réussi à rapidement devenir une ETI (Entreprise de taille intermédiaire). L'affaire débute en mai 2010 quand une entreprise lorraine, Meusonic, et une société normande, Sericad, s'associent pour former un groupe de 145 personnes spécialisées en hyperfréquences et en électronique de puissance, représentant un chiffre d'affaires de 17 Me dont plus d'un tiers en R&D et conception. Le but des deux protagonistes est de créer un pôle de taille suffisante pour le rendre incontournable aux yeux des donneurs d'ordres européens de l'aéronautique et de la défense, ainsi que de pouvoir davantage investir en R&D de façon à intéresser d'autres secteurs comme les télécoms. L'accent est mis sur la R&D ainsi que sur l'exportation en Europe. En octobre de la même année, Meusonic-Sericad acquiert l'activité Low Noise Amplifier (amplificateur à faible bruit) de son client Zodiac Data Systems (une division de Zodiac Aerospace). Par cette opération, le groupe muscle ses études en hyperfréquences. En novembre 2011, l'entreprise qui, entre-temps, est devenue adhérente du Gifas (groupement des industries aéronautiques et spatiales) sur cooptation de Zodiac et de Thales, signe un accord avec AsteelFlash. Selon les termes de cet accord, Meusonic-Sericad rachète le site de Saumur d'AsteelFlash (64 salariés, 8 Me de CA) qui assemble de petites séries de cartes électroniques, et en contrepartie AsteelFlash assure la fabrication des plus grandes séries pour le compte de Meusonic-Sericad. A cette période le groupe a déjà en vue une autre acquisition comme l'annonce à l'époque Pascal Veillat, son codirigeant qui deviendra le Pdg d'Arelis : « Nous envisageons courant 2012, le rachat d'une nouvelle entreprise à chiffre d'affaires de l'ordre de 10Me ainsi que la mise en place d'une stratégie commerciale ambitieuse sur les marchés émergents ». Pour ce, le groupe lève, en juin 2012, 6,5 Me auprès de deux fonds d'investissement (Aerofund II et Financière de Brienne). A l'époque Pascal Veillat explique que si la société, qui a alors pris le nom d'Arelis, se hâte de grandir, «c'est parce que cela lui permettra de prendre des marchés auxquels une taille moindre peut obliger à renoncer. C'est d'autant plus important que les appels d'offres concernent de plus en plus des marchés conséquents ». le groupe arelis est spécialisé dans le traitement du signal, les radiofréquences et hyperfréquences, et la conversion d'énergie. ses clients appartiennent à l'aéronautique et à la défense, aux télécoms, au transport et à l'industriel. Pascal VEillat, Pdg d'arelis “ Le fait de grandir permet de prendre des marchés auxquels une taille moindre peut obliger à renoncer. C'est d'autant plus important que les appels d'offres concernent de plus en plus des marchés conséquents. Un gros marché à l'export En outre, le Pdg rappelle qu'une meilleure assise financière permet de davantage investir en R&D, d'étoffer son offre de services ainsi que de se développer à l'export. In fine, en décembre 2012, Arelis rachète Thomson Broadcast, c'est-à-dire l'usine Thomson Broadcast de Conflans-Sainte-Honorine (82 personnes) qui fabrique des appareils de radio et télédiffusion et de radio et télétransmission. En novembre dernier, Arelis et sa filiale Thomson Broadcast ont signé un accord de partenariat technique et industriel avec un intégrateur russe de systèmes et de réseaux de diffusion de la radio et de la télévision numériques en Russie. Cet accord a suivi une commande d'émetteurs de télévision numériques destinés à l'implantation du 2 e multiplex en Russie; cette commande signée en juillet 2013 porte sur plusieurs centaines d'émetteurs TV Thomson. Elle aura pour conséquence le recrutement de 80 personnes par Arelis en 2013. Aujourd'hui, Arelis est spécialisé dans trois domaines : le traitement du signal, les radiofréquences/ hyperfréquences, et la conversion d'énergie. Ses clients appartiennent à l'aéronautique et défense (30 % de son chiffre d'affaires), aux télécoms et à la diffusion radio et TV (40 %), au transport (15%) incluant notamment le ferroviaire et l'automobile, et à l'industrie et énergie (15%). Le chiffre d'affaires d'Arelis a progressé de 30% en 2012 et pourrait croître de 50 % cette année à quelque 50 Me.

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