Couverture ElectroniqueS n°127

Pour la réception de la télévision numérique terrestre, la société francilienne Antengrin a conçu et développé une gamme d'antennes passives originales, bien plus discrètes que les râteaux extérieurs et plus performantes que les antennes actives d'intérieur. P our recevoir la TNT dans la bande UHF, il est usuellement fait appel à une antenne Yagi, plus communément appelée antenne râteau, éventuellement couplée à un amplificateur afin de compenser les pertes (câble coaxial, connecteurs, répartiteur) ou palier une réception de médiocre qualité. Très sommairement, une antenne râteau est constituée de multiples brins, montés sur un bras de support, dont l'espacement et la longueur sont dictés par les longueurs d'onde utiles. Les inconvénients majeurs de ce type d'antenne installée sur le toit d'une habitation résident dans son encombrement et dans son apparence pour le moins disgracieuse. Sans même évoquer le cas particulier des sites classés où la pose d'une telle antenne est prohibée. Pour remédier aux inconvénients précités, Antengrin a développé une technologie d'antenne large bande originale, du type à doublet replié, bapti-sée DER (Dipôle Epais Replié), qui a fait l'objet d'un dépôt de brevet. Basée à Vitry-sur-Seine (94), cette société de 7 personnes a été fondée en 2010 par Kham Bounpraseuth. Fort d'une expérience de plus de 20 ans dans les réseaux câblés, ce dernier a été lauréat en 2013 et en 2015 du Concours Lépine, précisément pour les technologies mises en oeuvre dans les antennes de la société. Sur l'année 2014, Antengrin a réalisé un CA de 760000 euros environ. Les antennes d'Antengrin font montre d'une rare discrétion. Ici une Captipoint positionnée sur la façade d'une maison provençale. KHAM BOUNPRASEUTH, fondateur et Pdg d'Antengrin “ Compte tenu du taux de renouvellement des antennes râteaux et du nombre de maisons équipées, la TNT en France représente grosso modo un volume annuel de 1 million d'antennes. Des antennes taillées pour filtrer la 4G Conjuguant un facteur de forme et un poids réduits, les antennes d'Antengrin s'installent en extérieur, mais également en intérieur, pour capter les chaînes de la TNT. Il est ici question d'antennes passives, c'est-à-dire qu'elles ne requièrent pas d'alimentation électrique. Taillées pour assurer un filtrage naturel des fréquences hautes, elles atténuent aussi les signaux perturbateurs émanant des stations de base et des mobiles LTE/4G qui exploitent les canaux jouxtant ceux dévolus à la TNT (à ce jour, il s'agit des canaux 21 à 60 dans la bande 474-786 MHz). A ce sujet, ces antennes passives ne seront pas impactées par le déploiement dès l'an prochain de la 5G. A contrario , la compression du spectre alloué à la TNT dans la bande des 700 MHz, au profit des services de communication mobiles, va engendrer un certain nombre de problèmes pour les installations existantes. Si pour les antennes extérieures du type râteau, la parade consistera à faire appel à un antenniste pour placer un filtre, il en sera tout autrement pour les antennes actives d'intérieur. « Celles-ci seront bonnes à jeter à la poubelle, car il sera impossible d'insérer un filtre pour éviter la saturation de leur étage d'amplification lorsqu'un mobile sera placé à proximité », analyse Kham Bounpraseuth. Il est à noter que les produits d'Antengrin sont 100 % made in France . L'assemblage est réalisé à Alençon, dans la région Basse-Normandie, par un atelier pour personnes handicapées. La société met aussi l'accent sur le caractère écologique de ses produits qui font appel à des matériaux classiques et abondants (bois composites et plastique recyclé). « Nous avons limité à quelque 5 à 10 minutes le temps d'assemblage de nos antennes. Par ailleurs, l'absence de toute partie électronique et de transformateur d'alimentation induit une réduction des coûts, ce qui nous permet de concurrencer les produits d'importation avec amplificateur provenant essentiellement d'Asie », explique Kham Bounpraseuth. Offrant un gain de 8,6dBi, la Captimax est spécifiquement conçue pour améliorer la réception en intérieur. Aujourd'hui, le catalogue d'Antengrin est fort de plusieurs références, notamment commercialisées par des enseignes de grande distribution (Leroy Merlin, Boulanger, Weldom…), parfois sous une marque différente. Au niveau international, la société a récemment signé un contrat avec le groupe Adeo, dont Leroy Merlin fait partie. Si des produits ont d'ores et déjà été livrés au Portugal, l'Italie, l'Espagne et la Grande-Bretagne seront les prochaines cibles. Des antennes couplées pour booster le gain Au fil du temps, plusieurs modèles ont succédé à la K1001 originelle, une antenne qui s'est vendue à plus de 100000 exemplaires en France. Arrivée en fin de vie, celle-ci est désormais remplacée par la Captipoint, à la fois plus compacte (227 x 87 x 107 mm pour 440g) et plus performante (son gain est de 8,5 dBi au lieu de 7,7 dBi), que l'on peut fixer sur un mât, un balcon ou un mur. Offrant un gain de 10 dBi, la Captimoov (227 x 87 x 207 mm pour 600 g), constitue pour sa part le haut de gamme. Enfin, la Captimax (246x102x124mm pour 440g), de gain 8,6dBi, est spécifiquement conçue pour améliorer la réception en intérieur. Ces différents produits sont vendus entre 40 et 70 e l'unité, selon la version. Pour sa prochaine génération d'antennes, Antengrin compte adopter une structure à deux antennes couplées, en faisant toujours appel à sa technologie DER, afin de booster le gain de 3 dB dans toute la bande. Les premières réalisations sont espérées pour l'année prochaine.

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