Couverture ElectroniqueS n°127

Le premier fabricant mondial de semi-conducteurs a pris acte du déclin du marché PC et de son incapacité à investir les smartphones, et cherche d'autres débouchés en tablant sur sa puissance industrielle. L es années passent, et Intel peine toujours à se réinventer. L'américain reste une formidable machine à créer de la technologie de fabrication de pointe, et sa rentabilité n'est pas encore en péril, loin s'en faut ; mais le déclin apparemment inexorable du marché du PC, causé moins par une utilisation réduite des ordinateurs que par un renouvellement qui s'espace de plus en plus faute d'applications nouvelles exigeant des mises à jour matérielles rapides, condamne Intel à trouver ailleurs des sources de revenus nouvelles. Il a longtemps cru que les smartphones et les tablettes pourraient devenir ces relais de croissance. S'appuyer sur la machine industrielle d'Intel Hélas, après de folles sommes dépensées pour acquérir le savoir-faire nécessaire, Intel n'a jamais réussi à percer sur le marché des plateformes mobiles, que ce soit pour des raisons techniques (des processeurs x86 dont la consommation peine à rivaliser avec celle des cœurs ARM) ou commerciales (des décennies de domination musclée du marché PC n'ont pas dû incliné les fabricants de smartphones à laisser entrer le loup dans une bergerie où une concurrence assez saine existe encore). Quand Brian Krzanich a pris la place de Paul Otellini comme CEO d'Intel il y a trois ans, cette stratégie visant à imposer partout l'architecture x86 a été remise en cause. Plus ingénieur, plus « process », Brian t exemplaire appartient à ilancry Krzanich semble avoir décidé de s'appuyer sur la machine industrielle d'Intel, dont il est permis de penser qu'elle constitue effectivement son principal atout. La dernière édition de l'Intel Developer Forum, qui s'est déroulée à la fin de l'été à San Francisco, a d'ailleurs témoigné de ce recentrage sur les métiers de base de l'américain – avec aussi, bien sûr, quelques curiosités éparses d'ordre plus promotionnel que stratégique, comme le projet Alloy (un casque de réalité virtuelle basé sur une plateforme matérielle et des API ouvertes autour desquelles le fabricant espère créer tout un écosystème dès l'an prochain) et des présentations, indispensables par les temps qui courent, sur l'intelligence artificielle ou la conduite automobile autonome. Ce module d'émission-réception optique à 100Gbit/s offre une portée de deux kilomètres et vise le cœur des centres de données. Pour réitérer sa confiance dans sa machine industrielle, Intel a précisé ses intentions en tant que fondeur de semi-conducteurs. L'américain propose désormais ses services pour la fabrication de circuits en technologies 22nm, 14nm et 10nm, grâce notamment à des partenariats le liant aux principaux acteurs de la CAO (Ansys, Cadence, Mentor Graphics, Synopsys) et de la propriété intellectuelle (Cadence, Synopsys), ainsi qu'avec ARM dont l'environnement Artisan vient d'être optimisé pour le process 10nm de l'américain. Parmi les premiers utilisateurs d'Intel en tant que fondeur, on retrouve des têtes connues (Netronome, Achronix Semiconductor), mais aussi Spreadtrum (conception en 14nm) et LG Electronics qui y développe une plateforme mobile en 10nm. Si bon nombre d'observateurs étaient restés dubitatifs lorsqu'Intel a lancé son service de fonderie, force est de constater que cette activité prend lentement mais sûrement de l'ampleur. Elle s'avère de toute façon indispensable au remplissage de ses usines… Intel assume l'héritage Altera FIN DE LA PARENTHÈSE MCAFEE, BIENTÔT CÉDÉ AU FONDS TPG > Intel s'apprête à céder au fonds d'investissement TPG (anciennement Texas Pacific Group) 51% de sa filiale centrée sur la sécurité des données et organisée autour de McAfee, une société que l'américain, alors dirigé par Paul Otellini, avait achetée en 2011 pour 7,7 milliards de dollars. @newsco.fr. La transaction s'élèverait Toute reproduction à 3,1Md$, et représente est inerdite donc une perte nette pour le numéro un mondial des semi-conducteurs. 7500 salariés quitteront Intel pour rejoindre cette nouvelle société baptisée… McAfee. > De son côté, TPG injectera 1,1 Md$ dans McAfee, qui conservera à sa tête Chris Young. Au sein d'Intel, cette activité Security se portait plutôt bien (1,1Md$ de ventes pour le 1 er semestre 2016, en hausse de 11%), . mais reste très liée à une industrie du PC en pleine 14 érosion et dont Intel cherche à être moins dépendant. L'autre manière employée par Intel pour exploiter au maximum ses lignes de production dernier-cri, c'est bien sûr la pro-duction des circuits logiques programmables d'Altera, racheté pour 16,7 milliards de dollars fin 2015. Intel a profité de son IDF pour rassurer les clients d'Altera: « We're here to stay », a martelé Daniel McNamara, vice-président d'Intel responsable des solutions programmables. Concrètement, Intel continuera d'entretenir les familles existantes de FPGA d'Altera et d'en développer des nouvelles, que ce soit pour des marchés qui l'intéressent en propre (l'Internet des objets, les centres de données) ou pour d'autres applications importantes aux yeux des clients historiques d'Altera. Ces produits se présenteront sous forme de FPGA purs, de FPGA associés à des processeurs dans des modules multipuces ou de circuits monolithiques mêlant logique programmable et cœurs de processeurs ARM ou x86. Brian Krzanich a fini sa présentation FPGA en brandissant un exemplaire du Stratix 10 fabriqué en technologie FinFET 14 nm. Souvent adepte des rachats étranges ( voir par exemple le cas McAfee en encadré ), Intel dispose, avec la logique programmable d'Altera, d'un vrai outil susceptible non seulement d'occuper ses usines, mais aussi de présenter des synergies technologiques intéressantes avec ses processeurs. Joule, la carte de développement Atom aussi chère qu'un PC Intel a également émaillé son Developer Forum d'annonces technologiques. On retiendra par exemple le lancement commercial des premiers modules d'émission-réception optique à 100Gbit/s de l'américain. Référencé PSM4, ce module offre une portée de deux kilomètres et vise le cœur des centres de données –à titre de comparaison, les liaisons sur fil en cuivre peinent à dépasser les 25Gbit/s sur quelques mètres. Parmi les premiers adeptes de ces modules figure Microsoft, t exemplaire appartient à ila qui les utilisera (de concert avec les FPGA de feu Altera) dans ses centres de données Azure. Ce module de développement s'appuie sur un processeur Atom T5700 à quatre cœurs cadencés à 1,7 GHz avec un mode turbo jusqu'à 2,4GHz et un moteur graphique supportant les écrans 4K. Intel a profité de l'IDF pour dévoiler Joule, une carte de développement basée sur un processeur Atom 64 bits. Contrairement aux cartes à bas coût Arduino, Raspberry Pi ou Beaglebone qui sont destinées à un large public, le Joule 570x coûte tout de même 370 dollars et vise les ingénieurs de conception. Selon les modèles, l'Atom est un T5700 (quatre cœurs cadencés à 1,7 GHz avec un mode turbo jusqu'à 2,4 GHz et un moteur graphique supportant les écrans 4K) ou un T5500 (limité à 1,5 GHz), et s'accompagne de 3 à 4 Go de Dram LPDDR4 et 8 à 16 Go de flash eMMC. Figurent également sur la carte Joule des ports USB 3.0, GPIO, I²C, MIPI et UART ainsi qu'un émetteur-récepteur RF compatible Bluetooth 4.1 et Wi-Fi 802.11ac. Les modules Joule mesurent 4,8 x 2,4 cm et tournent sous Linux ou Windows 10 IoT Core. Enfin, on citera, même si l'annonce en a été faite peu après l'IDF, le lancement officiel de la septième génération de processeurs Core, connue sous son nom de code Kaby Lake. Toujours basée sur la technologie FinFET 14nm (puisque chaque géométrie de gravure sera désormais conservée sur trois générations de processeurs Intel, et non plus deux), Kaby Lake profite néanmoins de certaines améliorations de process pour délivrer un regain de performances variant d'après Intel ry@newsco.fr. Toute reprodu de 12% à 19% selon les applications. L'américain a égale-ment soigné la partie graphique, mieux armée pour répondre aux besoins de l'UHD. De quoi contrer la présentation quasi-simultanée, par AMD, de l'architecture Zen. Le rival d'Intel avance une progression de 40 % du nombre d'instructions exécutées par cycle d'horloge au moyen d'un processeur Summit Ridge à huit cœurs Zen, plus puissant selon lui qu'un processeur à huit cœurs Intel Broadwell-E cadencé à la même fréquence. AMD a également présenté Naples, un processeur pour serveurs embarquant pas moins de 32 cœurs Zen. Ce cœur Zen bénéficie d'une nouvelle hiérarchie de mémoire cache, d'une prédiction d'embranchement améliorée et d'une gestion multitâche simultanée. Il devrait être utilisé dans un large panel d'applications, depuis des hybrides ordinateurs/tablettes sans ventilateur jusqu'aux centres de données. De quoi réellement bousculer la mainmise d'Intel sur le marché des processeurs x86 ? L'avenir le dira. Pour AMD, qui a pu partir d'une feuille relativement blanche après l'échec de la génération Bulldozer, l'enjeu est sans doute plus vital que pour Intel, que ce soit en termes de revenus ou de crédibilité. Ses processeurs seront fabriqués en technologie FinFET 14nm (par Globalfoundries) et disponibles en début d'année prochaine.

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