Couverture ElectroniqueS n°127

Cette start-up est à l'origine du Cardionexion, un système de prévention des accidents cardiovasculaires qui inclut un dispositif wearable à base de capteurs ainsi qu'un logiciel, breveté, de détection des électrocardiogrammes critiques. @Health a prévu une entrée en Bourse en novembre prochain. Le Cardionexion est un système dédié à la prévention des accidents cardiovasculaires. Les capteurs intégrés dans un vêtement délivrent des données qui sont transmises, via smartphone, à un serveur qui détecte les séquences à problème. Celles-ci sont ensuite analysées par des experts en cardiologie qui, le cas échéant, avertissent le porteur de la nécessité de consulter. L es maladies cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral, mort subite du nourrisson…) sont la première cause de mortalité dans le monde. L'OMS estime qu'elles sont à l'origine de 30% des décès sur la planète. C'est pour prévenir de tels accidents en décelant leurs signes avant-coureur que la start-up aixoise @Health a mis au point, cette année, un système permettant la détection en continu et en temps réel des séquences annonciatrices de maladies ou d'accidents cardiovasculaires. Ayant nécessité deux années de recherche et développement, le Cardionexion permet à tout individu qui en est équipé d'être alerté d'un problème cardiovasculaire avant qu'il n'en ressente les premiers symptômes. Ce qui permet à ce dernier de s'adresser à son médecin traitant ou, si la situation le nécessite, à un service d'urgence. Le Cardionexion s'appuie sur des capteurs inclus dans un vêtement (T-shirt ou soutien-gorge) ; ces capteurs surveillent l'activité cardiaque ainsi que la température et le rythme respiratoire du porteur. Sont également sous contrôle la vitesse de déplacement du sujet ainsi que sa position dans l'espace. « Il est ainsi possible de corréler une déficience d'activité cardiaque à une chute », remarque le docteur Jean-Michel Tarlet, cardiologue et directeur du département médical d'@Health. Cela permet aussi de dépister des apnées du sommeil qui sont à l'origine de problèmes cardiovasculaires. La sécurité de la xemplaire appartient à ilanc transmission des données est assurée par un cryptage des informations au niveau des capteurs. Ces informations cheminent des capteurs au smartphone via liaison Bluetooth, puis le smartphone assure la liaison à un serveur. « En outre, de façon à renforcer la confidentialité des données, l'identité du porteur n'est pas transmise », remarque Jean-Michel Tarlet. Dans la pratique, des électrocardiogrammes sont transmis toutes les 30 secondes à un serveur informatique par le biais du smartphone de l'utili@newsco.fr. Toute reproduct sateur du Cardionexion. Au niveau du serveur, un logiciel mis au point par l'équipe d'@Health se charge de détecter les séquences potentielle-ment annonciatrices d'un acci-dent cardiovasculaire. Une fois repérées, ces séquences sont analysées en quasi-temps réel par un personnel médical qui décide ou non d'avertir le malade, et qui décide, le cas échéant, de l'urgence de l'intervention à opérer. Dans cette dernière éventualité, le système de géolocalisation du porteur assure, si besoin est, une intervention rapide des on est interdite. secours. L'accent mis par @Health sur la sécurité est aussi manifeste dans le choix fait par l'entreprise d'utiliser des serveurs sécurisés Nutanix. « Ils sont taillés pour accompagner une montée en charge du service que nous apportons », remarque David Coulon, le directeur technique d'@Health. Ainsi que par la décision de la start-up d'installer ces serveurs dans des datacenters TDF ; en effet, ces datacenters fonctionnent en réseau, ce qui permet, en cas de problème pour l'un d'eux, le basculement sur l'un des autres éléments du réseau. Un algorithme breveté Jean-Michel Tarlet et David Coulon sont à l'origine de l'algorithme de détection des séquences annonciatrices de problèmes cardiovasculaires. « Cet algorithme a été développé de façon à fonctionner en liaison avec l'humain », tiennent d'emblée à préciser les deux experts. « C'est un spécialiste qui, in fine, décide de l'urgence présentée par l'électrocardiogramme, ainsi que de la nécessité ou non d'avertir l'utilisateur du Cardionexion », soulignent-ils. Dans la pratique, cet algorithme est personnalisable, c'est-à-dire que les seuils de surveillance sont fonction du profil de l'utilisateur (âge, habitudes de vie, traitement éventuel…). On conçoit aisément que les valeurs critiques diffèrent suivant qu'on a affaire à un sportif de 40 ans ou à une personne de 70 ans plutôt sédentaire… La personnalisation s'effectue alors que l'utilisateur du Cardionexion revêt 40 pour la première fois le vêtement connecté (T-shirt ou sou-tien-gorge) ; alors, en effet, dans les deux minutes qui suivent, un électrocardiogramme est transmis au serveur, et constitue l'électrocardiogramme de référence pour le porteur. Ensuite, des fenêtres de détection adaptées au profil de la personne sont programmées. À noter que l'algorithme de détection actuel a été conçu de façon à s'améliorer au fur et à mesure de son utilisation, par auto-apprentissage (machine learning). < Les fondateurs d'@Health: de gauche à droite, Jean-Pascal Peyret, président, David Coulon, directeur technique, Pierre-Paul Goiffon, directeur général, et Jean-Michel Tarlet, cardiologue et directeur du département médical. Pour la France, @Health travaille en liaison avec le Collège National de Cardiologie; elle proposera, l'an prochain, le Cardionexion aux adhérents à ce collège. 60000 «cardionectés» en France en 2019 @Health a finalisé la version 1 du Cardionexion, version utili-sant des capteurs miniatures rigides et une électronique de traitement et de transmission « clipsée » dans le vêtement. Ces capteurs sont des composants du marché que la startup a adaptés à ses besoins, via un travail en coopération avec le CSEM de Neuchâtel (Suisse). Cette version 1 du Cardionexion sera proposée, dès 2017, aux cardiologues français adhérents au Collège National de Cardiologie – qui a signé une convention visant à promouvoir le Cardionexion auprès de ses membres. « Fini le holter, place au Cardionexion », s'amuse le docteur Tarlet. Au plan commercial, @Health a prévu de licencier le Cardionexion avec un coût de prestation de 40 euros TTC par mois et par utilisateur. « Il faut savoir qu'en France, il y a quelque 500 000 personnes handicapées à la suite d'AVC, et que les soins à apporter à ces malades représentent un coût sociétal de l'ordre de 10 milliards d'euros par an », souligne Jean-Michel Tarlet. « Jusqu'alors, il n'y avait pas de moyens de prévenir l'AVC, puisque seule une surveillance en continu de type électrocardiogramme s'avère pertinente », poursuit cet expert. Ce que permet précisément aujourd'hui le Cardionexion. « Avec le Cardionexion, nous entrons dans l'ère de la médecine prédictive », conclut M. Tarlet. TRONICO FABRIQUE LE CARDIONEXION En France, @ Health a confié au sous-traitant en électronique Tronico l'industrialisation et la fabrication du Cardionexion. «Certifié ISO 13485, Tronico répond aussi parfaitement à notre besoin de confidentialité », remarque ainsi Pierre-Paul Goiffon, le directeur général d' @ Health. t La exemplaire start-up est en négociation appartient à avec ilancry@newsco.fr. d'autres sous-traitantsToute en Europe repro et aux États-Unis dans le cadre de l'internationalisation de ses activités. @Health a pour objectif quelque 60000 utilisateurs de Cardionexion en France en 2019. Pour supporter la montée en puissance de son système, la start-up va installer, ce mois d'octobre, une plateforme de surveillance médicale (infir-mières et infirmiers formés encadrés par un cardiologue), dans de nouveaux locaux situés dans la banlieue d'Aix-en-Provence. Comme nous l'avons indiqué auparavant, ces spécialistes interviendront en aval de la détection de séquences critiques par l'algo-rithme, pour affiner le diagnos-tic et décider ou non d'avertir l'utilisateur du Cardionexion. Pour donner une idée d'activité d'une telle plateforme, la prise en charge de 100 000 patients devrait aboutir à la génération de 1,5 alarme par minute. Si l'équipe comprenait trois infir-mières et un cardiologue, chacun d'eux devrait traiter un peu plus d'une alarme toutes les 3 minutes. Une version 2 du Cardionexion en 2018 Le 7 septembre 2016, @Health a annoncé son intention d'entrer en Bourse (Alternext) avec pour objectif d'y lever environ 8 millions d'euros, de façon à financer sa R&D ainsi que l'internationalisation de son activité. Au plan de la R&D, @Health travaille, depuis juin dernier, en partenariat avec des laboratoires de l'École des Mines de Saint-Etienne, basés à Gardanne, ainsi qu'avec l'École Nationale Supérieure des Arts et Industries Textiles de Roubaix, à la mise au point ction est interdite. d'une version 2 du Cardionexion. Cette nouvelle ver-sion utilisera des capteurs flexibles, étirables et lavables. @Health prévoit de commercialiser la version 2 du Cardionexion en 2018. Avec cette nouvelle mouture, @Health veut aborder les marchés d'Europe et des États-Unis. « Le marché européen de la surveillance cardiovasculaire est mature et prometteur », note Pierre-Paul Goiffon, le directeur général d'@Health. Dans les faits, l'internationalisation des activités d'@Health est déjà en marche: des développements sont en cours avec des grands comptes (sociétés d'hospitalisation à domicile, Ehpad pour « Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes », compagnies d'assurances…). Et la start-up a répertorié des opportunités de marché : « les maternités des pays de l'Est présentent une fréquence élevée de mort subite du nourrisson », remarque, par exemple, Jean-Michel Tarlet. 60M€ de chiffre d'affaires en 2019 Au plan tarifaire, l'offre faite par @Health aux établisse-ments de santé pour la version 2 du Cardionexion sera fixée à 55 € par mois et par patient. @Health se réservera un droit de conservation et d'exploitation des données cardiovasculaires. Ce afin de proposer des statistiques aux laboratoires de santé, aux hôpitaux, aux compagnies d'assurances, etc. « @Health deviendra la plus grande banque de données cardiovasculaires au monde », souligne M. Goiffon. « Ce qui lui permettra de vendre des services comme, par exemple, des statistiques relatives au suivi de profils spécifiques traités par un médicament particulier », poursuit-il. L'entreprise mise sur un chiffre d'affaires de 60M€ pour 2019. Le tiers de ce montant serait alors réalisé à partir de la commercialisation de services basés sur l'exploitation des données cardiovas41 culaires.

@Health prévient les accidents cardiovasculaires

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