Couverture ElectroniqueS n°127

CHUTE INÉDITE DES COMMANDES EN FIBRE OPTIQUE, PANDÉMIE LIÉE AU COVID-19… PAS GRAND-CHOSE N'AURA ÉTÉ ÉPARGNÉ À L'INDUSTRIE FRANÇAISE DU CÂBLE QUI CUMULE EN QUELQUES MOIS DEUX DES PLUS GRAVES CRISES DE SON HISTOIRE RÉCENTE. OR, CETTE INDUSTRIE STRATÉGIQUE POUR NOTRE PAYS DOIT TENIR LE CHOC. CE À QUOI ELLE S'EMPLOIE CORPS ET ÂME. Secteur majeur de la filière électrique, électronique et numérique avec une forte présence sur l'ensemble de notre territoire, l'industrie du câble fait partie des « forces vives » saluées il y a quelques semaines par Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des finances, et qui ont « fait preuve de réactivité et de volontarisme face à l'épreuve » de la crise sanitaire liée au Covid-19. Au plus fort de la pandémie sur notre territoire, le ministre a notamment souligné que « la continuité des activités de fabrication électrique et électronique est essentielle au fonctionnement économique de notre pays et indispensable à l'approvisionnement de secteurs critiques tels que la production d'appareils médicaux, les télécommuni-cations, les infrastructures et les services numériques essentiels, l'industrie de défense, la fabrication d'équipements pour les réseaux électriques, la logistique, les transports, l'industrie. » Alors que notre pays fait face à une situation épidémique sans précédent, les câbliers français et/ou implantés dans l'Hexagone se sont en effet collectivement organisés pour s'adapter aux mesures exceptionnelles prises par le gouvernement, comme l'a annoncé le Sycabel (Syndicat des fabricants de fils et de câbles électriques et de communication) dans un communiqué daté du 20 avril dernier. Ces fabricants de câbles se sont en effet mobilisés pour poursuivre leur activité industrielle tout en respectant les règles de protection et de sécurité de leurs salariés, en particulier avec une application stricte des gestes barrières, tandis que les fonctions support ont continué à être assurées par le biais du télétravail. DEUX CRISES COUP SUR COUP Mais au-delà du maintien de l'activité, le Sycabel s'engage et appelle également de ses vœux un esprit de responsabilité et de solidarité intra-filière. « Dans un esprit de responsabilité, les industriels du Sycabel s'engagent à adopter une ligne de conduite solidaire au sein de la filière dans la gestion des relations contractuelles entre clients et fournisseurs et, notamment, dans le respect des délais de paiement. Les retards de paiement entre entreprises d'une même filière étant susceptibles de la fragiliser dans son ensemble, le Sycabel s'inscrit dans cette démarche pour ne pas prendre le risque d'ajouter une crise économique à la crise sanitaire », précise le communiqué de l'organisation professionnelle. Il faut dire que l'industrie française du câble n'avait pas besoin de cela. Depuis le troisième trimestre 2019, le Sycabel doit affronter une crise aussi brutale qu'inattendue dans le domaine des câbles à fibre optique (voir Electroniques n° 111). Petit rappel des faits. Avec le Plan France Très Haut Débit lancé en 2013 dans lequel l'État a investi 3,3 milliards d'euros, notre pays se dote d'une infrastructure réseau à très haut débit parmi les plus performantes au monde puisque l'objectif est de couvrir l'intégralité du territoire d'ici à 2022, dont 80 % des foyers raccordés en fibre optique jusqu'à l'abonné. Mobilisés pour un déploiement rapide de la fibre optique, les industriels du câble en France, représentés par le Sycabel, ont investi 18,5 % de leurs CA cumulés (soit 210 M€) pour tenir les objectifs du Plan, avec la clé la construction de six usines supplémentaires sur notre territoire et la création de plus de 700 emplois. Sauf que, fin 2019, le Sycabel tire la sonnette d'alarme à propos de la situation subie par les fournisseurs de câbles à fibres optiques implantés en France, dont les ventes ont fortement chuté au troisième trimestre 2019 – de 20 % – alors même que le déploiement de la fibre optique continue de se déployer à bon rythme. En fait, le Sycabel a constaté que cette dégradation a coïncidé avec un bond significatif des importations de câbles à fibres optiques provenant d'Asie, et notamment de Chine. Faisant part de sa vive inquiétude, le Sycabel a alors alerté les pouvoirs publics sur les risques encourus par une telle situation : risque de surcapacité pour les industriels nationaux, donc de dégradation de l'environnement industriel ; risque d'installation d'équipements de moins bonne qualité et non conformes au cahier des charges exigé par la réglementation ; risque de mise en place d'un réseau à deux vitesses nécessitant le contrôle des infrastructures. À l'époque, le Sycabel indiquait craindre que la situation ne perdure au dernier trimestre 2019 et une bonne partie de 2020. Pour l'heure, la suite lui a malheureusement donné raison. Lors de la publication de son indicateur trimestriel de déploiement du Très Haut Débit (THD), début avril, le Sycabel confirme l'inquiétude de la filière avec une nouvelle baisse spectaculaire de 20 % pour le dernier trimestre de 2019, alors que l'accélération des déploiements de la fibre optique jusqu'au logement a continué à se maintenir dans l'Hexagone sur cette période. Indicateur trimestriel du Sycabel pour le Très haut débit (THD) Evolution de l'activité trimestrielle L'indicateur trimestriel du Sycabel pour le déploiement du Très Haut Débit (THD) a fait état de deux baisses consécutives spectaculaires (-20 % par trimestre) d'activité fin 2019, alors que l'accélération des déploiements de la fibre optique a continué de se maintenir dans l'Hexagone sur cette période. Du jamais vu depuis le début de la publication de cet indicateur. « Regroupant en France la quasi-totalité des fabricants de fibres optiques, de câbles et de matériels passifs des réseaux de communication, le Sycabel est un acteur majeur et innovant de la filière “Fibre Optique” et a formulé dès 2012 des propositions pour stimuler le déploiement de la fibre optique jusqu'au logement, rappelle le syndicat de la profession. Afin de satisfaire les ambitions du Plan France Très Haut Débit, nous avons depuis énoncé de nombreuses recommandations et pris des engagements fermes pour relever le défi de l'accès de tous les Français au Très Haut Débit à l'horizon 2022. Le brutal ralentissement des livraisons enregistré au troisième trimestre ne s'est pas inversé au quatrième, bien au contraire. La chute de 20 % sur deux trimestres consécutifs est inédite et en opposition avec la tendance générale des déploiements. Cela est d'autant plus problématique qu'à la demande de l'ensemble de la filière (opérateurs, installateurs, acteurs publics), les industriels du Sycabel ont tenu leurs engagements en termes d'investissements et de calendrier de mise en œuvre de leurs capacités de production pour répondre aux enjeux de la couverture du pays en THD. » Et cette tendance baissière semble se prolonger au début de 2020, selon l'organisation professionnelle, bien que les chiffres de l'indicateur du premier trimestre 2020 ne soient pas encore connus au moment où nous écrivons ces lignes. De plus, la pandémie du Covid-19 à laquelle le monde entier, et la France en particulier, est actuellement confronté accentue la tendance et ne peut qu'accroître l'inquiétude légitime des industriels du câble, tant au niveau de la gestion opérationnelle que de la pérennité des investissements réalisés dans le pays. La gravité de cette situation est donc particulièrement préoccupante et tranche avec le soutien affiché à la filière du câble par le gouvernement au travers des mots de Bruno haut. Bien qu'inquiète en cette période singulièrement difficile, la filière française du câble ne se décourage pas et le Sycabel assure « déployer ses meilleurs efforts pour maintenir l'activité dans un esprit de responsabilité et se tient prêt à engager tous ses moyens pour assurer la reprise à la sortie de la crise ». Sortir de la crise, c'est aussi trouver de nouveaux leviers de croissance. Ce à quoi s'emploie le Sycabel. UNE CHARTE POUR LES RÉSEAUX DANS L'HABITAT Toujours dans le domaine des communications, mais à l'intérieur même des bâtiments cette fois, le syndicat professionnel s'est associé à Ignes, le Syndicat des industries du génie numérique, énergétique et sécuritaire, pour signer ensemble, fin février, une charte engageant les industriels à accompagner la filière vers des réseaux de communication performants pour distribuer efficacement la TV, le téléphone et l'Internet dans l'habitat. Et on sait combien ces services ont été importants lors de la période de confinement. L'objectif de cette charte réside dans la sensibilisation de la filière aux caractéristiques des produits à installer pour assurer la conformité et la performance des réseaux de communication jusque dans l'habitat neuf. Le choix de produits conformes s'avère en effet indispensable pour garantir le bon fonctionnement des services dits VDI (voix, données, images) et s'adapter aux nouveaux usages des consommateurs. « À travers ces engagements soutenus par le Consuel, Promotelec et la FFIE, les industriels se mobilisent auprès des installateurs électriciens pour une meilleure compréhension et application des exigences réglementaires dans leur quotidien », indique le communiqué de presse commun aux deux organisations professionnelles. Avec les évolutions réglementaires de 2016 et 2017, la présence de réseaux de communication universels devient le standard dans les bâtiments résidentiels neufs pour accompagner la montée en puissance des télécommunications dans le logement, avec notamment le déploiement de la fibre optique. Pour être en conformité avec ces nouvelles obligations, les réseaux de communication doivent permettre l'accès dans l'habitat aux traditionnels services téléphoniques et Internet, mais aussi de communications audiovisuelles grâce à un câblage unique, tous les services VDI étant ainsi accessibles sur une seule prise. Ces réseaux multimédias sont également plus performants en termes de bande passante pour répondre à la montée en débit (1 Gbit/s, au moins) via la fibre optique et aux nouveaux usages du consommateur (TV HD, jeux vidéo, films en streaming, etc.). Pour accompagner cette évolution, les industriels souhaitent faire de la pédagogie auprès de la filière. En effet, pour garantir le bon fonctionnement de ces réseaux, les produits dédiés (câbles à paires torsadées, prises RJ45 et cordons de raccordement) doivent être rigoureusement conformes à leurs normes de référence et clairement identifiés « Grade 2TV » ou « Grade 3TV ». C'est la raison pour laquelle Ignes et le Sycabel lancent une campagne de communication (vidéo pédagogique, réseaux sociaux, etc.) pour favoriser une meilleure compréhension de ces exigences réglementaires ainsi que l'identification des nouveaux produits conformes. Pour ce faire, les deux organisations professionnelles s'engagent notamment à proposer des produits et des solutions testés et validés selon les nouvelles dispositions, à reprendre les termes génériques « compatible grade 2TV » et / ou « compatible grade 3TV » sur les (programmable produits pour garantir PXI un Expre bon par l'utilisateur) fonctionnement des services (en particulier la distribution de la TV), à rappeler les autocontrôles à effectuer par l'installateur sur les réseaux de communication, et à mieux informer les installateurs (règlementation en vigueur, produits compatibles, liste des solutions, principes généraux d'installation, etc.), sur leurs sites ou dans des guides. Rappelons également que le Sycabel est engagé dans le Comité stratégique de filière (CSF) « Infrastructures numériques ». Labellisé le 22 novembre 2018 par le Conseil national de l'industrie (CNI), le CSF « Infrastructures numériques » a identifié quatre projets structurants dont les feuilles de route sont détaillées dans un contrat de filière qui a été signé en décembre dernier. Ces projets structurants sont la 5G (voir notre Dossier sur ce sujet en page 29 de ce numéro), les smart territoires, l'emploi et le développement des compétences, et enfin la visibilité de l'offre française à l'international. Convergence vers un réseau unique de communication Sortir de la crise, c'est aussi trouver de nouveaux leviers de croissance. Le Sycabel et Ignes ont signé ensemble une charte engageant les industriels à accompagner la filière vers des réseaux de communication performants pour distribuer efficacement la TV, le téléphone et l'Internet dans l'habitat. UNE FILIÈRE « INFRASTRUCTURES NUMÉRIQUES » FORTE Tous font l'objet d'engagements réciproques entre l'industrie et l'État et répondent aux principaux défis pour développer en France une industrie des infrastructures numériques performante et compétitive à l'échelle internationale. La signature de ce contrat constitue un moment fort pour cette filière qui est un maillon essentiel de la numérisation de notre pays et dont le potentiel économique est considérable. Outre les industriels du câble, la filière « Infrastructures numériques » rassemble les fabricants Configurable de via logiciel pa composants et d'équipe-sments réseaux (Afnum), les opérateurs d'infrastructures fixes et mobiles et de services de communications électroniques (FFTélécoms) ainsi que les entreprises de la connectivité et des réseaux d'initiative publique (InfraNum). Cette filière réalise un chiffre d'affaires de plus de 40 milliards d'euros, dont la majeure partie est issue des activités télécoms, et compte environ 13 000 entreprises majoritairement constituées de TPE/PME. Au total, la filière compte près de 140 000 emplois directs.

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