Couverture ElectroniqueS n°127

LE DISTRIBUTEUR AMÉRICAIN AVNET A 100 ANS CETTE ANNÉE. SA DIVISION EUROPÉENNE DÉDIÉE AUX SEMI-CONDUCTEURS A RACHETÉ LE DISTRIBUTEUR FRANCHISÉ MEMEC EN 2005. MEMEC SILICA EST ENSUITE DEVENU AVNET SILICA EN 2016. SON PRÉSIDENT EMEA GILLES BELTRAN ÉVOQUE LES DIFFÉRENTES ADAPTATIONS DE LA SOCIÉTÉ AU MARCHÉ EUROPÉEN. Évoquant l'Europe chez Avnet Silica, une région « importante dans les résultats d'Avnet », son président Gilles Beltran révèle pour début 2021 « des chiffres supérieurs aux prévisions », tirés par le marché. Nonobstant la faculté des fabricants à livrer, il note un volume perdu, autrefois conséquent, mais en cours de rattrapage : Texas Instruments est absent des chiffres d'Avnet Silica et d'Avnet Europe depuis le 1 er janvier. « En fonction du marché, notre ambition est de compenser cette absence d'ici à la fin d'année fiscale 2023 ». (Les années fiscales chez Avnet sont décalées de six mois, N.D.L.R.) La mutation de ce marché après le premier confinement a vu une forte croissance de l'automobile, portée par l'électrification et « la présence grandissante de l'électronique ». Les autres ont concerné les acteurs de la communication, le stockage des données, les produits blancs et l'industrie. Une mention spéciale est accordée au spatial, avec « une accélération forte des projets, notamment dans les besoins de satellites de petite taille évoluant à basse altitude ». Très affectée, l'aéronautique attend le retour des déplacements, « certainement davantage pour des raisons personnelles que professionnelles. Globalement, le besoin en électronique progresse partout et se poursuivra malgré des besoins qui évoluent, avec des adaptations à mener sur un marché très rapide. » LE COMPOSANT NE FAIT PAS TOUT « Il reste encore beaucoup de travail à accomplir sur l'efficacité de l'ensemble des processus. » Gilles Beltran, président d'Avnet Silica En parlant d'évolutions, le travail en distanciel imposé par le Covid a un « impact positif au niveau personnel, environnemental et certainement au niveau de l'efficacité au sein de la société ». Gilles Beltran indique que « la capacité humaine à être innovant est étroitement liée à la capacité d'échanger. Les outils nous le permettent, mais le présentiel restera présent. » Si les stratégies de développement des services demeurent similaires, avec une volonté de les accélérer, cette évolution dans le travail devrait influencer « la manière d'interagir et amènera au sein des développements projets des acteurs extérieurs, ou des typologies de produits et de contenus technologiques différents. La question n'est plus quel est le meilleur composant mais la compréhension du besoin et la délivrance de la solution incluant ces composants. » Ainsi, la notion de partenariat régit désormais les services sur la globalité des sujets : le design, le software, mais aussi l'analyse, la gestion et la sécurisation des données, et l'insertion de l'intelligence artificielle. Le président souligne : « Nous avons une gestion de volume, mais nous ne nous considérons pas comme un généraliste. Nous avons besoin d'expertise technique dans l'ensemble des domaines. » « Si le semi-conducteur reste le cœur de offre », Gilles Beltran note l'évolution rapide des offres de solutions : « L'entité Avnet Embedded fabrique des systèmes intégrant une partie design et production par le biais d'une société rachetée en 2013 (l'Allemand MSC). Elle réalise des cartes, du software et offre des solutions clés en main pour des systèmes ou des sous-systèmes pour nos clients. Leur force de vente, jusque-là propre à cette structure, disparaîtra le 1 er juillet. Les forces de vente d'Avnet Silica proposeront ces offres sur le marché et pourront ainsi apporter une solution complète aux clients. » Elle amènera des offres d'affichage, de SOM (Systems on module), de communication wireless « étendue sous forme de modules ». Le président note d'ailleurs le poids croissant des technologies de communication sans fil (NarrowBand-IoT, 5G, Wi-Fi industriel ou LoRa) au sein des systèmes entiers. La partie logicielle n'est pas oubliée, avec Witekio et SoftWeb, « récemment rachetés et intégrés au sein d'Avnet dans nos offres clients que nous allons supporter de manière encore plus efficace ». Finalement, « nous possédions une forte expertise hard-ware. Désormais, nous avons également une expertise forte sur du software embarqué ». L'adaptation d'Avnet Silica au marché s'étend inévitablement à la logistique. Celle-ci révèle sa complexité propre lors-qu'elle est ébranlée par les deux crises du moment, ainsi qu'une perte de vision et de contrôle de la situation par les clients. « Dans quelques années, les fréquences de changement de marché risquent d'être plus courtes, et les phénomènes plus abrupts. Par un travail plus en amont, pour anticiper davantage, la chaîne logistique doit être plus visible entre fournisseurs et équipementiers afin de mieux absorber ces changements de marché brutaux. » Des discussions en cours vont « certainement modifier les engagements entre les distributeurs, les fournisseurs et les clients ». MY SUPPLY Gilles Beltran voit en corollaire des services qui vont se séparer, avec d'un côté, l'aide au design, à l'échange sur les besoins produits, et de l'autre « des services très dédiés en logistique ». My Supply, « offre déjà existante mais améliorée », va être lancée. Disponible en Europe, cette logistique sera « personnalisée à chaque client et fournisseur. Nous possédons des blocs que nous savons adapter pour les besoins de chaque client. » Chez de grands groupes comme Avnet Silica, on peut parfois se questionner sur le déve-loppement supplémentaire de l'automatisation. Gilles Beltran répond : « Un équilibre est à trouver. L'automatisation est certes importante, mais l'au-tomatisation à l'extrême n'offre plus de flexibilité. Les outils comme les softwares automatisés laissent les salariés se focaliser plus sur des échanges de valeurs avec les clients et les fournisseurs ». Il estime que la future bonne structure logistique sera mitoyenne du lieu de destination final, avec pour un même client et des utilisateurs dans les différentes régions, un produit et une fabrication standardisés. « Toutefois, nuance-t-il, le besoin final peut varier, requérant de la flexibilité finale pour s'y adapter. L'automatisation ne le permet pas. Partant, les clients veulent de l'information en temps réel afin de pouvoir reconsidérer leurs choix rapidement. » Autre aspect logistique majeur, les parcours commerciaux. « Les semi-conducteurs sont majoritairement expédiés par avion. Or, les délais de livraison fabricant-client sont passés de 48 à 56 ou 72 heures, car le nombre de vols a été réduit : en termes de logistique globale, il y a encore beaucoup de choses à travailler. »

« La question n’est plus de savoir quel est le meilleur composant… »

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