Couverture ElectroniqueS n°127

Pour rester dans la course face à la montée en débit des réseaux Wi-Fi et à l'explosion des accès ADSL, les techniques de transmission sur lignes électriques dopent leurs performances… et se trouvent enfin deux standards d'interopérabilité, gages de réduction des coûts. L'un est dédié à la boucle locale électrique, l'autre aux réseaux résidentiels multimédias. L'année 2004 sera sans nul doute décisive pour l'avenir de la transmission de données à haut débit sur câblage électrique. Alors que les produits aujourd'hui disponibles reposent sur des technologies plus ou moins propriétaires(1), deux normes d'interopérabilité vont en effet voir le jour dans les douze prochains mois. L'une, du nom de HomePlug AV, sera dédiée aux réseaux locaux résidentiels et permettra la diffusion simultanée de plusieurs programmes TV ou TVHD sur de simples fils électriques (voir notre numéro du 22 janvier). L'autre concernera directement le marché de l'accès large bande via les courants porteurs en ligne (CPL)(2). Un marché encore balbutiant même si, dans certains pays comme l'Allemagne et l'Espagne, il existe déjà des offres commerciales d'accès Internet via la ligne de distribution d'électricité.Des flux TV et TVHD via la ligne électriqueCar, si l'alliance PUA s'est attaquée à l'interopérabilité des modems CPL sur le marché de la boucle locale, l'association HomePlug s'est focalisée, de son côté, sur les réseaux locaux résidentiels haut débit sur câblage électrique. Et, si la première version de son standard (HomePlug 1.0) n'a rencontré qu'un succès d'estime, la spécification HomePlug AV, dont la finalisation est attendue au plus tard pour l'été 2004, semble d'ores et déjà focaliser l'attention de nombreux industriels. En particulier certains poids lourds de l'électronique grand public. Et pour cause : HomePlug AV (“ AV ” signifie “ Audio Visual ”) doit permettre la transmission simultanée de données Internet, de communications vocales et de flux audio-visuels TV, DVD ou TVHD sur les fils électriques d'une maison d'habitation ou d'un appartement. La spécification devrait en pratique autoriser des débits bruts de 200 Mbit/s sur quelques dizaines de mètres et intégrer les mécanismes de qualité de service requis par les flux audio et vidéo. Quoi qu'il en soit, les technologies ad hoc sont déjà prêtes… ou presque. En janvier, lors de l'édition annuelle du Consumer Electronics Show, Panasonic a démontré qu'il était possible de diffuser un flux TVHD sur de simples fils d'alimentation 110 V ou 220 V. Sur le même salon, Spidcom, pour sa part, a réussi à transmettre sur câble électrique trois programmes vidéo simultanés codés, chacun, à un débit compris entre 10 Mbit/s et 15 Mbit/s. Et Conexant s'est déjà dit prêt à lancer des circuits compatibles HomePlug AV avant la fin de l'année 2004.« L'alliance PUA suit de près les travaux en cours sur HomePlug AV, ajoute Rodolphe Poiroux. Les technologies CPL haut débit indoor et outdoor utilisent les mêmes bandes de fréquences et il faut prendre en compte la cohabitation de ces deux usages afin d'éviter les problèmes éventuels d'interférences et de compatibilité. » A plus long terme, les deux organismes souhaiteraient même assurer la convergence entre leurs approches respectives. Une affaire à suivre donc ! Voir notre lexique page 26.(1)Le seul standard d'interopérabilité existant aujourd'hui est le standard HomePlug, dédié aux réseaux locaux résidentiels et stipulant un débit brut partagé de 14 Mbit/s. Néanmoins, il est loin de faire l'unanimité chez les constructeurs de modems CPL.(2) Pour l'accès Internet via les lignes de distribution d'énergie, il est nécessaire d'installer des passerelles CPL au niveau des postes de transformation moyenne tension ou basse tension et des modems CPL clients près des compteurs électriques d'abonnés. Les passerelles injectent ou récupèrent les données sur les câbles électriques et sont reliées au Web soit par une dorsale en fibre optique, soit par satellite. Le débit est partagé par les abonnés reliés au même poste de transformation.(3) Parmi les autres sociétés françaises à avoir développé des compétences en transmission CPL à haut débit, on peut citer (sans être exhaustif) Oxance avec une gamme de modems basés sur les circuits Intellon, LEA avec une technologie propre (un codage à étalement de spectre de type CDMA) et Schneider Electric. Suite à l'acquisition de la firme suédoise Ilevo, le groupe français a créé une division baptisée Schneider Electric Powerline Communications aux effectifs répartis entre Karlstad (Suède) et Grenoble. Créée par deux anciens d'EDF, la société Alterlane, quant à elle, est spécialisée dans l'installation de réseaux CPL haut débit au sein de bâtiments.

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