Couverture ElectroniqueS n°127

Selon Bishop & Associates, l'industrie des connecteurs pourrait connaître, en 2009, la pire année de son histoire, avec un recul évalué à 15 %, voire 20 % par rapport à 2008. Le marché de la connectique reviendrait alors au niveau qui était le sien en 2005 ! Fortement impactée par la crise du secteur automobile dans la seconde moitié de l'année 2008, et plus particulièrement au quatrième trimestre, l'industrie de la connectique vit une période particulièrement difficile. Et si 2008, dans son ensemble, doit, malgré tout, rester dans les annales comme une année de croissance, du fait d'un excellent premier semestre, l'année 2009 pourrait plonger ce secteur dans une crise sans précédent. C'est en tout cas ce qui ressort d'un récent rapport publié par le cabinet d'études américain Bishop & Associates, qui estime que le marché des connecteurs pourrait décroître de 15 %, voire 20 %, en 2009. Dans ce dernier cas, cela constituerait la plus forte baisse de l'histoire de ce secteur, pire encore que celle intervenue en 2001, où cette industrie s'était effondrée de 19 % suite à l'éclatement de la bulle Internet et télécoms. Si cette prévision s'avérait exacte, le marché de la connectique dépasserait à peine les 35 milliards de dollars cette année, soit peu ou prou le niveau qui était le sien en 2005.Le spectre des années 2001 et 2002 à l'horizon ?Reste à savoir quelle sera la durée de cette crise et son impact sur les connecticiens. Si l'histoire se répète, les acteurs du secteur pourraient être touchés durablement, à l'instar de ce qui s'est passé suite à l'éclatement de la bulle Internet en 2001. La plupart des ténors de la connectique, dont le chiffre d'affaires était alors très dépendant du secteur des télécoms, avaient en effet dû attendre 2004 avant de pouvoir sortir la tête de l'eau et de renouer avec les bénéfices. Sans compter qu'une année supplémentaire avait été nécessaire pour que le marché mondial de la connectique retrouve un niveau quasiment identique à celui de l'année 2000 (35 milliards de dollars). Mais à l'époque, l'effondrement de 2001 avait été immédiatement suivi d'une autre année de très forte baisse (- 9,6 %), ce qui avait contribué à affaiblir les connecticiens les plus résistants. Aujourd'hui, les experts économiques estiment que la sortie de crise pourrait intervenir dès le second semestre 2009, ce qui devrait permettre aux connecticiens de rebondir plus rapidement. Il reste que toute prévision revêt actuellement un caractère encore plus aléatoire qu'à l'accoutumée. Même les connecticiens se refusent à la moindre estimation au-delà du trimestre en cours.Des indicateurs préoccupantsSelon Bishop & Associates, le marché de la connectique pourrait connaître une décroissance de 20 % en 2009, soit une crise encore plus grave que celle intervenue en 2001.La situation s'est fortement dégradée au dernier trimestre 2008, car la crise est devenue multisectorielle, après avoir touché au premier chef la connectique automobile dès septembre 2008.La chute des ventes de solutions de connectique, ainsi que la diminution des prises de commande, ont parfois atteint des niveaux records lors des derniers mois de l'année 2008.La baisse des prix, ainsi que les délais de livraisons raccourcis constatés en ce début d'année, traduisent un fort recul de la demande et laissent augurer un mauvais premier semestre 2009.En France, la crise de l'industrie automobile fait une victime de plus dans la connectique. Après les fermetures d'usines annoncées par Tyco Electronics, puis Molex, c'est au tour de C & K Components de supprimer des emplois dans l'Hexagone.C & K Components supprime 84 emplois à doleL'industrie française de la connectique continue de payer un lourd tribut à la crise économique mondiale, et notamment à celle qui touche le secteur de l'automobile. Cette dernière vient en effet de faire une nouvelle victime dans l'Hexagone et c'est C & K Components qui en fait cette fois-ci les frais. L'ex-usine d'ITT Cannon implantée à Dole, dans le Jura, devrait ainsi perdre 84 emplois dans les mois à venir, des postes tous dédiés à la fabrication de connecteurs et de commutateurs pour l'industrie automobile. Actuellement, le site compte 450 salariés. Rappelons qu'en novembre dernier, Molex avait annoncé la fermeture de son usine de Villemur-sur-Tarn, anciennement Connecteurs Cinch. Ce plan, programmé pour juin 2009, prévoit la suppression des 300 emplois que regroupe ce site. Deux mois plus tôt, Tyco Electronics avait décidé de fermer ses usines de Chapareillan et Val-de-Reuil, toutes deux dédiées à l'automobile. Plus de 620 emplois sont concernés par cette restructuration. En comptabilisant C & K Components, c'est plus de mille emplois qui vont disparaître en France dans la connectique automobile, sans compter les intérimaires dont les connecticiens s'étaient séparés auparavant.

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