Couverture ElectroniqueS n°127

Aucune mesure concrète visant à renforcer la filière n'a été annoncée par le ministre de l'Industrie, Patrick Devedjian, lors des 2es Assises de l'électronique. Les industriels, qui ont planché sur le lancement de huit grands programmes, devront s'adresser à Bruxelles. C'est avec une certaine déception que les industriels de l'électronique ont accueilli le discours prononcé par Patrick Devedjian, ministre délégué à l'Industrie, lors des 2es Assises de la filière électronique, qui se sont tenues le 5 juillet dernier à Bercy, Assises qui, comme l'an passé, ont fait salle comble. Après deux années d'actions de lobbying, ils s'attendaient à ce que le ministre laisse entrevoir des signes d'un soutien concret. Or cela n'a pas été le cas. En réponse au “ livre bleu ” qui lui a été remis et qui propose le lancement de huit grands programmes structurants pour la filière électronique s'appuyant sur des besoins sociétaux (voir encadré), Patrick Devedjian leur a recommandé de poursuivre leur lobbying… à Bruxelles. Après avoir salué une « démarche de propositions constructives, il a assuré que l'Etat a pris conscience des difficultés de la filière et a déjà donné des suites concrètes aux propositions contenues dans le “ livre blanc ” qui a été remis l'an passé ». Il a alors décrit un environnement favorable à l'industrie électronique. « Aujourd'hui, le secteur des télécoms va mieux, grâce notamment au démarrage de l'UMTS et au lancement du haut débit. Dans le domaine fiscal, une réforme de la taxe professionnelle est en préparation et le crédit impôt-recherche va donner lieu à une dépense d'un milliard d'euros par an pour l'Etat contre 500 M d'euros auparavant, les moyens budgétaires du fonds de compétitivité des entreprises vont être augmentés et un projet de loi d'orientation de la recherche va être discuté dès cet automne. Enfin, nous avons réussi à faire admettre à Bruxelles le concept de politique industrielle. Aussi, nous pensons que ce que l'Europe a fait pour le textile, elle peut le faire pour d'autres secteurs et je ne désespère pas que soit lancée une vraie politique industrielle pour l'électronique. Le succès de votre réflexion repose largement sur sa transposition au niveau européen », a expliqué Patrick Devedjian.Un rapprochement avec des syndicats européens est indispensableEn l'absence de soutien national dédié, le défi qui se pose à l'électronique française est donc désormais de convaincre ses homologues européens de la rejoindre dans son combat afin que ce dernier puisse être porté devant la Commission européenne. L'absence remarquée du Zvei, le syndicat allemand de l'électronique, qui avait pourtant été invité à participer à ces 2es Assises, et la faible participation étrangère à Sophia-Antipolis, fin juin, où la profession leur a présenté ses projets en avant-première, laissent entrevoir des difficultés pour y parvenir. La solution sera peut-être de faire appel à des organisations ou des syndicats européens déjà constitués tels que l'EECA (composants électroniques) ou l'EICTA (technologies de l'information et électronique grand public).« Le fait d'avoir fédéré huit syndicats en France est un succès. Il a donné un vrai élan au secteur », a estimé M. Devedjian. Une alliance de l'électronique européenne permettrait notamment d'aborder le 7e PCRD (Programme-cadre de R), qui démarrera en 2007, dans les meilleures conditions. Ce programme, souvent critiqué par les industriels pour son caractère bureaucratique, va bientôt être préparé par le Parlement européen et par les ministres des 25 sur proposition de la Commission. Compte tenu des engagements pris par plusieurs Etats membres parmi les plus influents, il est probable qu'il bénéficie d'une augmentation de budget conséquente par rapport au 6e PCRD, actuellement en cours, et surtout qu'il s'oriente vers des objectifs sociétaux plus ciblés tels que le vieillissement de la population, le réchauffement de la planète, la sécurité du territoire et du citoyen, thèmes particulièrement remarqués par le ministre qui font également l'objet de propositions issues du “ livre bleu ” même si c'est sous une forme différente. Bien que relevant davantage du marché, il est probable que les autres grands programmes proposés dans ce document, notamment la TVHD et le très haut débit, soient également retenus comme des sujets prioritaires pour l'Europe dans le cadre du 7e PCRD.L'objectif poursuivi, « sortir de la crise par le haut », selon les termes de Pierre Gattaz, porte-parole de la profession, reste donc toujours d'actualité. Le souhait exprimé par la profession est tout de même de faire en sorte que des grands projets démarrent rapidement, si possible, dès fin 2005. La microélectronique fait d'ores et déjà partie des secteurs prioritaires choisis par Bruxelles. La Commission a en effet lancé, en juin, un groupe de haut niveau dédié à ce domaine, présidé par Pasquale Pistorio, président et CEO de STMicroelectronics. Il reste aux représentants des autres secteurs de la filière électronique à convaincre la Commission que c'est toute l'industrie électronique qui est stratégique, et non pas seulement la seule microélectronique.Le textile va bénéficier de l'aide de l'Europe : un exemple à suivre ?En octobre 2003, les commissaires européens en charge du commerce et des entreprises ont présenté un plan d'aide au secteur du textile. Lourdement touchée par la concurrence des pays à bas coût main-d'&oelig;uvre, cette branche (2,5 millions d'emplois dans l'Europe élargie) devrait bénéficier de mesures destinées à enrayer son déclin, malgré la fin des quotas d'importation au 1er janvier 2005 à l'entrée de l'Union européenne. Un groupe européen de haut niveau a été créé pour faire des propositions visant à renforcer la compétitivité de ce secteur. Il devait remettre son premier rapport dans le courant de cet été. Une démarche dont la filière électronique pourrait s'inspirer. L'industrie textile européenne a un atout que l'industrie électronique européenne n'a pas : elle est la première exportatrice mondiale dans son domaine. Mais à l'inverse, l'industrie électronique, elle, a l'avantage d'être le vecteur de l'innovation dans tous les secteurs industriels, y compris le textile ! De quoi faire réfléchir les plus hauts représentants de Bruxelles !Les huit programmes proposés par les industrielsHuit programmes, avec une vision à dix ou vingt ans, pour garantir la croissance et l'emploi dans la filière électronique, ont été présentés lors des Assises du 5 juillet dernier :Internet très haut débit (jusqu'à 100 Mbit/s), sur l'ensemble du territoire françaisDéploiement de la TVHD sur tous les réseaux et supportsAutomobile intelligente et sécurisée, pour diviser par 10 en Europe le nombre des victimes de la route d'ici 2010Sécurité des citoyens à leur domicile, sur leur lieu de travail, dans les lieux publics et les transports. Cet enjeu est devenu essentiel depuis les attentats du 11 septembre 2001 et du 11 mars 2004Domotique et maîtrise de la consommation énergétiqueIdentité numérique : cartes à puce, terminaux portables, bornes publiques, équipements de réseauTechnologies pour la santé : télémédecine pour le confort et la sécurité des patientsTechnologies de base pour l'électronique : micro- et nanotechnologies, logiciels, conception.

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