Couverture ElectroniqueS n°127

Avec le standard DVB-S2, successeur désigné de l'actuelle norme DVB-S, le débit supporté par un canal satellite augmente de 30 %, à rapport signal à bruit égal. Grâce à ce gain et aux techniques récentes de codage vidéo, un transpondeur va pouvoir diffuser plus de 30 chaînes TV, voire cinq ou six programmes TVHD. Un transpondeur satellite de 36 MHz qui réémet aujourd'hui de huit à dix programmes codés MPEG-2 pourra bientôt diffuser plus d'une trentaine de chaînes TV, voire cinq ou six chaînes TVHD ! C'est en tout cas ce que laissent présager les techniques récentes de compression vidéo comme H.264 (MPEG-4 AVC Part 10) ou Windows Media 9, et l'arrivée sur le marché courant 2005 des premiers émetteurs et récepteurs compatibles avec la future norme de diffusion TV numérique par satellite DVB-S2. De fait, en paraphant courant septembre 2003 cette spécification, le module technique du Projet DVB a définitivement dépoussiéré son “ vieux ” standard DVB-S, élaboré il y a déjà dix ans. Dans des applications de télédiffusion, DVB-S2 devrait ainsi accroître de 30 % à 35 % le débit supporté par un canal satellite, et ce pour des caractéristiques de transpondeurs identiques et à qualité de liaison similaire(1). Ce tour de force est à mettre à l'actif des techniques les plus récentes de codage canal, techniques qui permettent d'approcher de près les limites d'efficacité spectrale imposées par la théorie de Shannon(2). Mais les avantages de DVB-S2 ne se limitent pas au domaine du broadcast, loin s'en faut. Ses caractéristiques laissent aussi espérer un doublement ou un triplement de la capacité d'un canal dans des applications d'accès Internet par satellite.Des démonstrations prévues fin 2004-début 2005Pour les applications de pur broadcast, là où n'existe pas de voie de retour DVB-RCS, c'est la modulation 8PSK qui a été retenue dans la spécification DVB-S2. Ce qui explique le gain de capacité d'environ 30 % par rapport au standard DVB-S, un gain obtenu au détriment de toute compatibilité entre les deux versions. « La future norme prévoit toutefois un mode optionnel dit “ backward compatible ” qui consiste à imbriquer un signal DVB-S2 dans un signal DVB-S en évitant un brouillage trop important de ce dernier, ajoute Jacky Tousch. Mais le gain en capacité est alors inférieur à 10 %. Cette option intéresse principalement les opérateurs de télédiffusion directe par satellite qui disposent d'un parc conséquent de récepteurs DVB-S et qui n'ont pas la possibilité de diffuser les mêmes programmes à la fois en DVB-S et en DVB-S2. C'est surtout le cas aux Etats-Unis, là où les opérateurs sont confrontés à une grave pénurie de fréquences satellite. »Alors, à quand les premières applications du dernier-né des standards DVB ? « On devrait voir des démonstrations de transmissions DVB-S2 à partir de la fin 2004 ou du début 2005, aussi bien en mode broadcast qu'en mode d'accès Internet bidirectionnel, répond Nghia Pham, directeur commercial de TurboConcept. A priori, les opérateurs américains de télédiffusion directe par satellite devraient être les premiers à sortir des startingblocks, car ils souffrent d'un manque patent de bande passante et ils souhaitent disposer rapidement d'une offre TVHD afin de concurrencer les câblo-opérateurs et les stations hertziennes. L'Europe, quant à elle, est encore en position d'attentisme, comme à son habitude. »(1) Avec DVB-S, le débit brut supporté par un transpondeur de 36 MHz est de 38 Mbit/s. Le codage vidéo H.264 a, lui, une efficacité trois fois supérieure à celle de MPEG-2.(2) Selon la théorie de l'information de Shannon, tout récepteur est capable, dans une chaîne de transmission numérique bruitée, de reconstituer intégralement le message d'origine, moyennant un codage correcteur d'erreurs adéquat, et à condition que les perturbations ne dépassent pas une certaine limite. Cette limite impose en pratique de trouver un compromis entre efficacité et complexité du codage.(3) Adoptée par l'Etsi fin 2000, la norme DVB-RCS définit une voie de retour par satellite dans les applications d'accès Internet bidirectionnel large bande (voir notre numéro du 18 janvier 2001).(4) DVB-S2 définit deux tailles de paquets, l'une de 16 200 bits, l'autre de 64 800 bits.(5) TurboConcept commercialise ses produits sous la forme de circuits logiciels pour FPGA ou de c&oelig;urs IP pour circuits spécifiques. La firme brestoise réalise aujourd'hui une très grande partie de son chiffre d'affaires sur des applications DVB-RCS (voir, aussi, notre numéro du 1er novembre 2001).

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