Couverture ElectroniqueS n°127

Plusieurs initiatives visant à améliorer le transport de flux audio et vidéo sur les réseaux radio Wi-Fi devraient déboucher en 2004. Application évidente : la distribution et l'échange sans fil de programmes TV ou autres flux multimédias dans la maison. Les réseaux radio résidentiels serviront-ils un jour à distribuer des programmes TV numériques au sein même d'un lieu d'habitation et pourront-ils supporter sans problème des échanges de flux audio et vidéo entre équipements grand public ? La réponse à cette question est sans nul doute affirmative, à l'heure où de plus en plus de foyers se dotent de réseaux radio compatibles avec le standard IEEE 802.11b et au moment où apparaissent des produits conformes 802.11a ou 802.11 g aptes à soutenir des débits bruts de 54 Mbit/s. Certains poids lourds asiatiques de l'électronique grand public, comme Toshiba, Sharp ou Sony, semblent d'ailleurs y croire dur comme fer. Histoire de tâter le terrain, ils proposent déjà des écrans LCD “ sans fil ” que l'on peut détacher d'un tuner principal ou d'un lecteur DVD et emmener avec soi dans n'importe quelle pièce de la maison(1). Qualité de service garantie au niveau de la couche physique Le procédé utilisé par la plupart de ces firmes consiste à répartir judicieusement les informations à transmettre sur plusieurs flux binaires, puis à faire émettre chacun d'eux par une antenne différente… dans le même canal radio. Comme les antennes ne sont pas localisées exactement au même endroit dans l'espace, chaque signal émis va être affecté de façon particulière par le phénomène de propagation par trajets multiples. Ce sont en fait ces différences qui permettent au récepteur de repérer les contributions de chaque signal dans l'ensemble des signaux captés par toutes les antennes de réception, de récupérer les flux binaires originaux et de reconstituer l'information initiale. Il s'avère en pratique que cette technique de diversité spatio-temporelle stabilise globalement le champ électromagnétique capté, et plus le nombre d'antennes est important, plus la valeur du signal reçu est lissée. Il y a donc moins de pertes de paquets, moins d'erreurs de transmission et moins de requêtes de retransmission. « La qualité de service est garantie par construction au niveau de la couche physique et elle est d'autant meilleure que l'ordre de diversité c'est-à-dire le nombre d'antennes à l'émission multiplié par le nombre d'antennes en réception est important », précise Philippe Leclair, président de Comsis, société qui a élaboré une technologie de codage et de décodage espace-temps adaptée à des couples de deux à huit antennes. Avec seulement deux antennes en émission et en réception, les simulations de Comsis ont montré qu'une transmission sans fil compatible 802.11a à 24 Mbit/s sur quinze à vingt mètres était possible avec un taux -4 d'erreurs raisonnable (inférieur à 10), et ce pour un rapport signal à bruit de 12 à 13 dB inférieur à celui qu'exigerait une transmission 802.11a traditionnelle. Car le procédé n'améliore pas uniquement la qualité de service, il peut également augmenter la portée, et aussi doper le débit et faire chuter la consommation (voir notre numéro du 26 juin). Les concepteurs de matériels d'électronique grand public semblent d'ores et déjà intéressés, et de premières applications concrètes pourraient voir le jour dès le courant de l'année prochaine. Le concept Mimo a d'ailleurs particulièrement le vent en poupe puisque le groupe de travail IEEE 802.11n, créé en septembre dernier, pourrait retenir cette approche dans le cadre d'une future norme pour réseaux locaux radio. Cette spécification devrait permettre d'atteindre un débit net d'au moins 100 Mbit/s, soit quatre fois plus que les valeurs affichées par les équipements 802.11g et 802.11a actuels ! Voir notre lexique page 28. (1) Samsung a déjà démontré qu'il était possible de transmettre sur un réseau local radio à 5 GHz des programmes TVHD entre un décodeur TV et des écrans plasma. La démonstration a été effectuée avec le jeu de circuits Air5 de Magis Networks, dont la technologie notamment au niveau du protocole de la couche MAC est propriétaire. (2) Les laboratoires de Philips ont développé un prototype de pont radio IEEE1394 qui permet de diffuser des flux multimédias IEEE1394 sur une liaison sans fil 802.11a avec support de la qualité de service.

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