Couverture ElectroniqueS n°127

Plus touché encore par la crise que ses concurrents directs, le numéro deux mondial des solutions de conception électronique se voit lui aussi contraint de se recentrer vers le cœur de ses compétences. Après la succession d’événements survenus entre l’été 2008 et le début de 2009 (voir EI n° 685), l’américain Cadence Design Systems, deuxième fournisseur mondial en solutions de conception électronique, dépassé fin 2008 par son compatriote Synopsys, espérait qu’une période d’accalmie allait succéder à ce front de perturbations. C’était sans compter avec les soubresauts liés à la crise économique mondiale. Sept mois seulement après le précédent plan de restructuration (625 personnes, soit environ 12 % des effectifs mondiaux de l’époque), la société a annoncé un nouveau plan portant, cette fois, sur la suppression de 225 postes supplémentaires, soit près de 5 % des effectifs mondiaux, afin de pouvoir économiser au total 30 M$ par an. Même si la crise a accéléré la “ consolidation ” de son chiffre d’affaires, qui est passé de 1,6 milliard à 900 millions de dollars entre 2007 et 2008, l’entreprise californienne a enregistré, au premier trimestre de son exercice 2009, une baisse de 23,8 % de son chiffre d’affaires, à 206,3 millions de dollars, et des pertes nettes d’un montant de 63,3 M$. « Cette réduction certes lo-gique de la voilure des équipes commerciales, mais néanmoins plus faible que prévue, pourrait toutefois faire penser que Cadence Design Systems s’attend à un retournement du marché plus rapide qu’escompté », avance Gary Smith, créateur du cabinet d’études Gary Smith EDA (GSEDA). “ Finis les segments de marché adjacents ! ” « S’il y a eu du changement à la tête de la société, avec la mise en place d’une nouvelle équipe dirigeante, plus resserrée, plus technique et composée de personnes venant du monde des logiciels de conception (1), nos clients, nos produits et nos parts de marché n’ont, eux, pas vraiment changé », affirme Jacques-Olivier Piednoir, vice-président de la R & D Europe chez Cadence Design Systems. La société cible toujours les outils numériques et analogiques, en par-ticulier ceux destinés aux technolo-gies de process actuelles 32 nm, en se recentrant désormais vers le cœur de ses compétences. « Finis les segments de marché adjacents, lance M. Piednoir. Notre stratégie est de proposer, associés à des services (2), des flots de conception sans trous pour la vérification, la conception logique et l’implémentation numérique, les conceptions personnalisables et analogique/RF, le développement de systèmes, la conception de boîtiers/cartes et le signoff pour la fabrication ». En cette période de crise, les grands comptes ne veulent plus dépenser de l’argent et du temps pour maintenir des flots constitués de différents outils ponctuels et choisissent de consolider leurs équipes de conception au profit d’un ou deux fournisseurs offrant une solution complète. « L’après-crise se distinguera par une consolidation sur le marché des outils de CAO et entre fournisseurs et utilisateurs, via des partenariats, et par un impact organisationnel avec des fusions et quelques start-up avancées sur des marchés clés. Il faudra aller au-delà et voir comment le marché des outils de conception peut trouver sa place dans un écosystème formé de vendeurs de propriétés intellectuelles, d’intégrateurs de systèmes, de fabricants de semiconducteurs », ajoute M. Piednoir. Recul des investissements en DFM Parallèlement à l’annonce des 225 postes supprimés, Cadence Design Systems a notamment évoqué un recul des investissements dans les technologies de conception pour la fabrication (DFM). « Cela semble être, à première vue, une sage décision, Cadence Design Systems ayant peu de chance de revenir au contact de ses deux principaux concurrents dans ce segment de marché », estime M. Smith du cabinet GSEDA. Et ce dernier de conclure : « A plus long terme, Cadence Design Systems aura néanmoins toutes les peines du monde à conserver l’avance technologique de ses outils de back-end sans méthodologies de DFM de pointe. Ces dernières deviennent en effet essentielles aux niveaux du layout des circuits spécifiques, de la vérification des règles de design et, prochainement, du layout des circuits personnalisables, avec le passage aux technologies de process 45, 32 et 22 nm ». (1) L’ancien CEO, Mickael Fister, et sa garde rapprochée venaient d’Intel. (2) Outsourcing d’outils aux services de conception, propriétés intellectuelles sur demande… Jacques-Olivier Piednoir, vice-président de la R & D Europe chez Cadence Design Systems : “ La crise économique va faire ressortir les technologies sources de gains de productivité, mais pas de ruptures technologiques ”

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