Couverture ElectroniqueS n°127

Les microcontrôleurs 32 bits et la plate-forme JavaCard constituent l'ossature dominante des cartes à puce actuelles. De ce fait, leur champ d'application ne cesse de s'étendre. C'est un des enseignements du salon Cartes 2003 qui s'est tenu à Paris en novembre dernier. Alors que les circuits 16 bits étaient davantage courus l'année dernière, les micro-contrôleurs 32 bits ont été bien plus mis en avant cette année. En effet, en l'absence de perspectives claires pour le marché de la téléphonie mobile 3G, c'était le marché du transport qui focalisait les regards l'an passé. Or les multiples interfaces sans contact requises pour être compatibles avec les différents systèmes de billetterie électronique se sentent à l'étroit aux côtés d'un c&oelig;ur 32 bits. Ces c&oelig;urs n'étaient pas non plus nécessaires pour adresser des quantités de mémoires inférieures à 64 Ko. En outre, les cartes multiapplicatives attendaient une version plus avancée de JavaCard pour affirmer leurs besoins en puces 32 bits.Aujourd'hui, il est grand temps de proposer des solutions USim pour la 3G, la taille mémoire requise imposant le 32 bits. Il en va de même pour les applications de sécurité, par exemple celles qui entendent décrypter un flux de données Mpeg à la volée. La majorité des fabricants de circuits ont donc simplement refourbi leurs armes en 32 bits (c&oelig;ur Arm effectivement pour Samsung ou Atmel, c&oelig;ur Mips ou propriétaires pour d'autres), en ajoutant de nouvelles configurations de mémoires.Alors que Nec renonce pour l'instant à promouvoir la mémoire ferroélectrique, Fujitsu persiste en en proposant de 4 à 128 Ko sur des produits 8 ou 32 bits et prévoit de doubler cette taille maximale en 2004. Plus classiquement, l'Eeprom reste privilégiée par rapport à la mémoire flash, mais cela est surtout vrai des applications qui nécessitent un accès en écriture fréquent pour un faible nombre d'octets de données. Dès que plusieurs applications vont cohabiter sur une carte, la flash devrait en revanche occuper une place croissante pour le stockage de programmes actualisables. L'intégration de la mémoire flash se ferait alors davantage au détriment de la Rom, qui est intégralement éliminée dans une option de la famille Mips 32 de Philips.JavaCard s'imposeAu niveau système d'exploitation, sur le marché actuel des cartes à puce, JavaCard semble avoir pris le dessus sur ses concurrents : Multos, le plus utilisé derrière JavaCard, et Windows for Smartcards de Microsoft, lequel n'a jamais réellement pris son essor. Selon une étude de Frost & Sullivan, JavaCard qui équipait déjà le quart des cartes à puce en 2001, en équipe aujourd'hui la moitié. Ce standard poursuit donc son développement et, sur le salon, Sun Microsystems a dévoilé la version 2.2.1 de sa plate-forme JavaCard. Celle-ci intègre le support de nouveaux algorithmes d'encryptage (courbes elliptiques et AES), une amélioration de l'interopérabilité, une interface de gestion des suppressions d'applet (afin d'améliorer la gestion de la mémoire) et le support des applications multicanales (quatre sessions ouvertes en parallèle).La société annonçait d'autre part le programme JavaCard S, dont l'objectif est d'étendre l'utilisation de JavaCard vers les cartes à puce à faible valeur ajoutée. Il s'agit in fine de concurrencer ces cartes généralement mono-application sur lesquels l'OS est souvent propriétaire. La nouvelle spécification JavaCard S possède toutes les fonctionnalités de JavaCard, y compris en termes de sécurité, à l'exception de la possibilité de télécharger de nouvelles applications. En fait, avec JavaCard S, l'applicatif est figé une fois pour toutes au moment de la fabrication de la carte, alors que le système JavaCard autorise plusieurs programmations d'une carte à puce.C'est cette plate-forme qu'a choisie Arm pour ses c&oelig;urs de processeurs 32 bits sécurisés SecurCore SC100 et SC200. Sous l'appellation SecurJC, cette machine virtuelle Java a été spécialement optimisée pour ces architectures, afin de simplifier le travail des développeurs de cartes qui pourront se concentrer sur leur application. A noter que SecurJC est compatible avec la nouvelle spécification 2.2.1 de JavaCard et convient pour les cartes Sim (Subscriber identity modules) destinées aux téléphones mobiles, les cartes bancaires, les cartes d'identité à puce, etc.Au-delà du système d'exploitation, la carte à puce de demain devra s'interfacer au monde du PC et à Internet. Plusieurs solutions allant dans cette direction étaient présentes sur le salon.Citons l'Internet Smart Card de l'allemand Giesecke et Devrient dont le contenu peut être lu à partir d'un navigateur web. Cette carte, basée sur une machine virtuelle Java, conforme aux spécifications JavaCard 2.2, embarque les protocoles TCP/IP, SLIP et HTTP et peut lire des fichiers XML. De son côté, la carte web Identity Card d'Axalto, qui se comporte comme client ou serveur web, réalise des transactions sécurisées à partir de services web. Cependant, pour l'instant, ces solutions en sont encore au stade de prototype, car les cartes à puce n'embarquent pas encore de liens physiques capables de supporter des protocoles à haut débit nécessaires au développement des applications sur Internet (comme par exemple l'IPv6). Pour y parvenir, le projet européen Inspired a pour objectif de définir une future architecture logicielle intégrée dans le concept de Trusted Personal Device. Il s'agirait d'une carte à puce de nouvelle génération, véritable terminal intelligent, qui supportera des liens Bluetooth, Wi-Fi et sera capable de s'interfacer au monde du PC.

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