Couverture ElectroniqueS n°127

La norme MPEG-4 SVC sera finalisée dans quelques mois. Elle permettra de compresser un contenu vidéo en un unique flux binaire, décodable avec la meilleure qualité possible dans toutes les conditions. Et ce, compte tenu du débit de l'accès réseau et des caractéristiques du terminal d'affichage. La diversification des moyens d'accès aux contenus vidéo (ADSL, liaisons Wi-Fi, réseaux de diffusion DVB, réseaux cellulaires, etc.) et la multiplication des types de terminaux susceptibles d'afficher ces contenus (PC, téléviseurs traditionnels, téléviseurs HD Ready, téléphones mobiles, PDA…) contraignent les diffuseurs à s'adonner à une gymnastique à la fois fastidieuse et onéreuse lorsqu'ils veulent offrir à leurs abonnés la meilleure qualité d'image possible, quelles que soient les situations. La poursuite d'un tel objectif les oblige en effet à coder (ou à transcoder) une même source vidéo d'autant de façons différentes qu'il existe de réseaux et de familles d'afficheurs entrant dans leur cible. La raison en est très simple ; elle tient au fait que les technologies MPEG-2 ou H.264/MPEG-4 AVC ne sont pas « scalables », ou, selon la traduction prônée par l'Afnor, échelonnables. En d'autres termes, elles ne peuvent pas créer un flux vidéo unique qui soit décodable partout avec la qualité maximale envisageable, compte tenu du débit du réseau d'accès et des caractéristiques du terminal de l'utilisateur final. Conscients du problème, les experts du comité MPEG de l'ISO/ IEC ont prévu la parade. Son nom ? MPEG-4 SVC (Scalable Video Coding), une norme dont la finalisation officielle n'est plus qu'une question de mois et qui devrait même permettre de couvrir des besoins encore inconnus au moment de l'encodage d'un contenu !Extension du standard H.264/MPEG-4 AVC, standard retenu pour la diffusion TVHD et la diffusion de programmes TNT payants, MPEG-4 SVC en reprend la majorité des blocs fonctionnels mais présente une structure de codage dite en couches. Un codeur SVC est ainsi capable de générer un flux binaire de base compatible MPEG-4 AVC qui correspond à une qualité, une résolution et une fréquence d'affichage minimales et auquel sont ajoutés un ou plusieurs flux complémentaires de « raffinement ». En codant le contenu vidéo au débit correspondant à la qualité maximale envisagée, il est alors possible d'extraire une partie du flux global résultant pour restituer une résolution spatio-temporelle moindre et/ou une qualité inférieure. Un programme TVHD codé SVC pourra dès lors être diffusé tel quel en une seule fois et desservir les abonnés éligibles à un service TVHD, ceux autorisés seulement à recevoir des émissions de résolution SD ou des utilisateurs mobiles. Pour l'opérateur, les gains en bande passante seront donc précieux !Etendre l'éligibilité des abonnés aux offres de TV sur ADSLFrance Télécom, qui travaille depuis plusieurs années sur le sujet, voit d'autres applications potentielles au codage MPEG-4 SVC. « Sur un téléphone portable, il sera possible de suivre un programme en continu, sans devoir changer de réseau en cas de sortie de zone de couverture. Si l'utilisateur passe de l'UMTS à l'Edge, le réseau filtrera automatiquement le surplus de débit impossible à acheminer ; et ce sans interrompre le programme. Aujourd'hui, le téléspectateur mobile doit attendre qu'une nouvelle session s'initialise avec un autre flux de débit plus adapté lorsqu'il ne capte plus le signal », explicite ainsi l'opérateur dans un dossier consacré à la compression vidéo échelonnable, dossier qui peut être consulté sur son site Web. Le codage MPEG-4 SVC devrait aussi permettre d'étendre l'éligibilité des abonnés aux offres de TV sur ADSL, d'améliorer la qualité de service en cas de perturbations momentanées des réseaux (plus d'écrans noirs ou de plans figés, mais simplement une baisse de la qualité de l'image) et de réduire les coûts de stockage dans des applications de vidéo à la demande ou de télésurveillance (l'enregistrement pouvant se faire sous un seul format).Si, pour la plupart des observateurs, 2008 sera l'année de mise sur le marché des premiers produits compatibles MPEG-4 SVC, certains laboratoires se targuent déjà de résultats concrets dans le domaine. C'est notamment le cas de l'institut Fraunhofer, dont la technologie a servi de base aux travaux du comité MPEG (voir encadré ci-dessus). Le laboratoire allemand a ainsi développé un décodeur MPEG-4 SVC logiciel fonctionnant sous Windows capable de modifier en temps réel la résolution spatiale (QCIF/CIF), la fréquence de rafraîchissement et la qualité des images affichées. Ce décodeur était présenté sur le stand de l'institut Fraunhofer lors du salon IBC, qui s'est tenu à Amsterdam le mois dernier.Un petit historique de la norme MPEG-4 SVCC'est en octobre 2003 que le comité MPEG a lancé un appel à propositions sur les techniques de codage vidéo échelonnable. Sur les quatorze réponses envoyées à l'organisme, douze s'appuyaient sur le codage ondelettes et deux, dont celle de l'institut allemand Fraunhofer, étaient des extensions de la norme MPEG-4 AVC.Suite à divers tests subjectifs, le comité MPEG a retenu en octobre 2004 la proposition de l'institut Fraunhofer comme base de travail du projet de norme SVC.En janvier 2005, le comité MPEG et le groupe d'experts VCEG (Video Coding Experts Group) de l'UIT ont décidé de finaliser le standard SVC en tant qu'amendement de la norme H.264/MPEG-4 AVC.

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