Couverture ElectroniqueS n°127

D’ici à la fin de l’année, en France, le marché de la distribution des composants pourrait connaître une légère reprise liée à la reconstitution de stocks aujourd’hui au plus bas. Toutefois, ce petit surplus de demande pourrait conduire à une généralisation des délais d’approvisionnement ! La distribution de composants est toujours à la peine en France. « Il n’y a aucun secteur porteur », indique un expert du domaine des passifs. « Le mois d’août a été particulièrement calme », affirme, pour sa part, un distributeur généraliste qui pointe toutefois « la relative bonne tenue de l’aéronautique et, surtout, du ferroviaire qui semble ne pas avoir connu de crise ». « La Défense et l’aérospatial n’ont pas été particulièrement touchés », estime également le responsable d’une société de distribution spécialisée. « L’automobile semble redémarrer, mais nous ne sommes pas revenus à un niveau normal », complète un interviewé qui rappelle toutefois que « la distribution n’adresse pas les grandes séries de pièces qui sont vendues directement par les fabricants ». N’empêche que pour les volumes achetés à la distribution, le secteur automobile est reparti à la hausse, boosté sans doute par la décision du gouvernement d’étendre jusqu’en 2011 une partie au moins de la prime à la casse. Le sentiment général de la distribution de l’Hexagone est que le plus dur est passé, notamment en ce qui concerne les ajustements d’effectifs, que le fond a été touché et que nous sommes entrés dans une période de stabilisation. Et comme les stocks sont aujourd’hui au plus bas chez les fabricants d’équipements, cette période “ entre deux ”, prélude à une reprise qui ne peut toutefois être datée, va voir apparaître une reconstitution des stocks, ainsi que nous l’ont déclaré plusieurs des experts que nous avons interrogés. « Ce sera une demande en vue d’une remise à niveau plus qu’un mouvement de fond », résume ainsi l’un d’eux. Des délais qui s’allongent Cette remise à niveau est favorisée aujourd’hui par l’allongement des délais d’obtention de plusieurs types de composants : quelques semaines supplémentaires pour les condensateurs à film et les condensateurs céramiques de forte capacité, en passifs, par exemple. « Pour plusieurs semiconducteurs, les délais sont passés de 4-6 semaines à 6-12 semaines en moins de quinze jours », précisent deux experts issus l’un de la distribution généraliste, l’autre, de la distribution spécialisée. Pour certains microprocesseurs, les délais atteindraient même vingt semaines. « Trop de clients ne prennent pas en compte l’allongement des délais et attendent d’être au pied du mur pour réagir », souligne, à ce propos, un distributeur généraliste. Et de conclure : « En France, on est plus dur d’oreille qu’ailleurs ». En revanche, les délais semblent avoir moins bougé en dispositifs optoélectroniques, domaine qui semble avoir été moins impacté par la crise et qui se déclare aussi plus optimiste pour l’avenir. Quant aux prix, ils demeurent stables, les distributeurs déclarant travailler avec des marges de plus en plus minces… In fine, en composants, la majorité des distributeurs ne prévoit pas de « vraie reprise » avant 2010 : au premier trimestre pour les plus optimistes, après pour les autres. Parmi les optimistes figure Georges Steinberger, président du DMASS, qui, commentant les résultats de la distribution européenne de semiconducteurs au deuxième trimestre (voir EI n° 694), déclarait que « les rapports prises de commandes/facturations de juillet laissent entrevoir un petit mieux pour le second semestre ». Alors que pour Adam Fletcher, vice-président d’IDEA, association européenne de syndicats nationaux de la distribution de composants, si le secteur est en voie de stabilisation ce second semestre, la reprise de la croissance ne sera que pour le troisième trimestre 2010. « Les prises de commandes du quatrième trimestre seront décisives pour la tenue du marché au 1er semestre 2010 », conclut sagement un responsable d’une société de distribution généraliste. Atypiques, les composants optoélectroniques pourraient redécoller, pour leur part, avant la fin de cette année. Les ventes de modules M2M continuent à progresser Les modules sans fil pour les applications de communications entre systèmes (M2M) sont également épargnés par la crise. Chez Avnet Memec France, ils comptent aujourd’hui pour 40 % du chiffre d’affaires de la société (pratiquement 0 % il y a un an), et leurs ventes seront encore en hausse ce trimestre. En outre, en juillet dernier, Avnet Memec a également pris en charge la distribution de cartes gérées auparavant par Axess Technologies, dans le cadre du rachat d’Abacus par Avnet. Certains secteurs dont l’émergence est liée à la prise de conscience écologique, comme l’éclairage à DEL, le photovoltaïque et le véhicule électrique, demeurent aussi prometteurs. Toutefois, dans ces domaines, certains projets ont pris du retard du fait de restrictions budgétaires (c’est le cas, en éclairage à DEL) ou n’en sont encore qu’au stade de l’étude (cas du photovoltaïque et de solutions “ doublement vertes ” comme l’éclairage à DEL alimenté en énergie renouve-lable). Tous les acteurs de la distri-bution sont installés sur ces marchés de niche à forts potentiels. Rutronik, par exemple, a créé une filiale qui leur est dédiée (voir EI n° 688). Future Electronics, pour sa part, vient de mettre sur pied une division “ Future Energy Solutions ” dédiée aux énergies renouvelables à l’image du département DEL créé auparavant par la société. Prudence toutefois : « Pour la plupart, ces secteurs ne génèrent encore que des projets ; ils ne nous sauveront pas en 2009 ni en 2010 ! », rappelle l’un des intervenants. L’éclairage à DEL fait partie des secteurs prometteurs tout comme le photovoltaïque et l’éolien. Toutefois, les coupes budgétaires dues à la crise ont repoussé plusieurs projets de ces domaines.

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