Couverture ElectroniqueS n°127

La 15e édition du congrès organisé par Fleck Research a été marquée par un retour à l'optimisme pour l'industrie de la connectique, bien que des zones d'ombre continuent d'inquiéter les acteurs du secteur. Las Vegas Le Fleck Connection Congress, qui s'est tenu la semaine dernière à Las Vegas (Nevada), n'a pas rassemblé une foule énorme. Seulement 130 personnes, selon nos estimations, ont participé à ce congrès annuel de la connectique organisé par le cabinet d'études américain Fleck Research (250 personnes en 2000). Cette 15e édition a cependant été marquée par un retour à un optimisme mesuré pour les acteurs du secteur. « Notre book-to-bill est supérieur à l'unité depuis deux mois et nos ventes repartent à la hausse, toutes divisions confondues », souligne ainsi Gilles Rizzo, responsable stratégie marketing chez FCI, un soulagement partagé par les autres personnes interrogées. Pour l'année 2003, Fleck Research table sur une production mondiale de composants de connectique (connecteurs, câbles assemblés, fonds de panier et systèmes d'interconnexion) de 31,7 milliards de dollars, en hausse de 5,1 % par rapport à 2002. Les connecteurs représenteront à eux seuls 24,4 milliards de dollars cette année contre 23 milliards en 2002 (+5,9 %). La reprise de l'industrie des semiconducteurs et de l'informatique ainsi que le boom des équipements électroniques grand public (téléphones portables, appareils photo numériques, lecteurs DVD…) sont autant d'indicateurs positifs pour l'industrie de la connectique, selon Ken Fleck, fondateur du cabinet d'études du même nom. Il faut ajouter à cela les bons résultats récemment affichés par les fabricants d'équipements électroniques taïwanais et l'accroissement de la demande chez les distributeurs de composants. Fleck Research estime ainsi que seule la connectique dédiée aux télécoms filaires et à l'aéronautique devrait connaître une baisse d'activité en 2003 avec des régressions respectives de 6 % et 4,8 %. Les activités les plus porteuses en 2003 devraient être le médical (+12,9 %), le militaire (+9,1 %), le grand public (+8,8 %), l'industriel (+8,7 %), l'instrumentation (+7,3 %) et l'automobile (+6,7 %). « Pour certaines gammes de produits, on constate même un raffermissement des prix au cours de ce second semestre, la demande approchant doucement les capacités de production », précise ainsi Gary Humbert, responsable connectique fond de panier chez Molex. Pourtant, tout n'est pas rose, selon Fleck Research, loin de là. Bien que la demande soit à nouveau à la hausse sur bon nombre de secteurs, elle n'est pas encore globalement suffisante pour inverser la tendance à la forte érosion des prix. Le cabinet d'études estime ainsi que l'érosion moyenne atteindra 10,8 % en 2003, soit un manque à gagner de près de 3,5 milliards de dollars pour l'industrie de la connectique, avec la Chine désignée comme principale responsable. « L'érosion moyenne des prix a atteint près de 20 % en Chine avec des pointes à 25 %, 30 %, voire 35 % pour certains connecteurs dits “ commodités ” », constate ainsi Ken Fleck.900 sociétés taïwanaises en ChineAutre source d'inquiétude toujours liée à la Chine : la délocalisation de la production. L'analyste estime ainsi que 4 % de la production mondiale de composants de connectique en 2002 (1,2 milliard de dollars) a migré vers la Chine au cours de l'année 2003. Cette part atteindra 3 % (1 milliard de dollars) en 2004. La production sur le sol chinois devrait ainsi dépasser pour la première fois cette année les 10 milliards de dollars (11,7 milliards), soit 37 % de la production mondiale, grâce à une progression une nouvelle fois vertigineuse estimée à 21,9 %. Si le continent nord-américain est le plus touché par le phénomène de délocalisation (8,5 % de la production américaine 810 millions de dollars a été délocalisée en Chine cette année), la tendance est aussi observée dans d'autres zones considérées à bas coût de main-d'&oelig;uvre comme la région Mexique-Amérique du Sud (4,4 % de la production délocalisée en Chine en 2003) et l'Europe de l'Est (4,3 %). Le Japon et l'Europe occidentale ne font pas non plus exception, mais à un degré moindre (2 % et 2,2 % respectivement).Mais, bien que la Chine donne l'image d'un rouleau compresseur, la production de composants de connectique provenant des fabricants locaux ne compte encore que pour un tiers de la production sur le sol chinois (3,75 milliards de dollars). Les géants américains, européens, japonais et taïwanais sont en effet bien présents en Chine. Tyco y dispose, par exemple, de six usines, Molex de cinq, tout comme Amphenol, et FCI de trois. Mais ce sont les connecticiens taïwanais qui s'offrent la part du lion avec pas moins de 900 sociétés taïwanaises répertoriées par Fleck Research disposant d'usines en Chine et représentant environ 50 % de la production chinoise (5,75 milliards de dollars). Hon Hai/Foxconn est d'ailleurs le plus gros producteur de composants de connectique sur le sol chinois. La croissance en dollars de la production en zones Europe (+10,2 %) et Japon (+10 %) en 2003 est favorablement impactée par la bonne tenue de l'euro et du yen face au dollar. A taux de change constant, la progression de la production ne devrait en effet être que de 6,4 % pour le Japon, alors que l'Europe devrait enregistrer une baisse de 2,8 % cette année. La production nord-américaine va, de son côté, réduire la voilure de près de 14 %, une baisse en grande partie due à la délocalisation vers la Chine. Pour 2004, Fleck Research table sur une croissance de 5,6 % de la production mondiale (33,5 milliards de dollars) avec, là encore, une progression proche de 20 % pour la Chine. Si ce pays fait figure d'épouvantail, nombre d'acteurs de la connectique estiment qu'il existe là des opportunités de marché uniques. « Dans 15 ans, il y aura 400 millions de personnes de classe moyenne en Chine : c'est une opportunité qui ne se représentera pas de sitôt », estime ainsi Timothy Conlon, p-dg de Viasystems.

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