Couverture ElectroniqueS n°127

Les sites français des ténors mondiaux de la sous-traitance misent tous sur une diversification de leurs activités et de leurs porte-feuilles de clients pour progresser ou quelquefois même survivre. Certains sont bien avancés, d'autres n'en sont qu'aux premiers pas. Télécharger les tableaux comparatifs Pour conserver leurs marchés ou pour en gagner de nouveaux, les géants mondiaux de la sous-traitance rachètent à leurs clients des sites de production. Ces rachats, en effet, sont assortis de contrats garantissant aux unités de production une charge de travail durant un laps de temps allant de trois à cinq ans, en moyenne. Flextronics négocie par exemple la reprise de plusieurs usines Nortel (Châteaudun en France), qui représentent un chiffre d'affaires mondial annuel de 2 milliards de dollars (voir notre numéro du 29 janvier dernier). Cependant, une fois les contrats arrivés à terme, leur renouvellement n'est pas toujours assuré, du moins dans leur totalité. Dans les deux années à venir, en France, plusieurs des unités de production reprises par les cinq têtes de liste du classement mondial de la sous-traitance électronique seront ainsi confrontées à ce problème. Et même si certains contrats sont reconduits, il n'en demeure pas moins que toute stratégie commerciale monocliente est dangereuse pour une société, car elle l'inféode aux souhaits du donneur d'ordre. Aussi toutes les usines de sous-traitance aujourd'hui dans ce cas de figure cherchent-elles à diversifier leurs portefeuilles de clients. Plusieurs sites ont déjà obtenu des résultats. Flextronics Laval (750 personnes) par exemple, racheté à Alcatel en juillet 2001 et, de ce fait, initialement spécialisé dans la production de téléphones portables, a affecté environ la moitié de son personnel à des travaux de sous-traitance pour le compte de clients de l'aéronautique et de l'industriel (voir notre numéro du 11 mars). Ex-usine Alcatel également, Sanmina-SCI Cherbourg (310 personnes), qui est spécialisée dans la fabrication de petites et moyennes séries d'autocommutateurs pour le compte d'Alcatel, « réalise environ 30 % de son chiffre d'affaires hors télécoms », nous a confié Rémy Medjoub, responsable européen du business development du sous-traitant. Cherbourg compte parmi ses clients Thales et Bull pour lequel le site fabrique un calculateur sophistiqué utilisant des cartes de plus de 5000 composants. Jabil Circuit Brest (580 personnes) n'en est, lui, qu'aux prémices de la diversification. Ancienne usine de production Alcatel, ce site continue à fabriquer des PABX pour ce client dans le cadre d'un contrat, reconductible, qui arrivera à terme à la mi-2005. Néanmoins, « l'usine est en voie de certification EN 9100, de façon à aborder les marchés de l'aéronautique et du spatial », nous a annoncé Patrick Charmet, son directeur. Fournisseur de Valeo (automobile), qui est son ancien propriétaire, l'usine Jabil de Meung-sur-Loire (700 personnes) a, quant à elle, « des projets qui devraient aboutir dans les mois à venir », révèle Sylvain Gros, son directeur. Les fabricants s'ouvrent aussi à la sous-traitance Parce qu'ils ont besoin de charger leurs lignes de production ou pour mettre un peu de beurre dans les épinards, les fabricants de matériels électroniques se sont également mis à proposer des services de sous-traitance. Fabricant de photocopieurs, d'imprimantes et de cartouches d'encre, Canon Bretagne (Liffré, 650 personnes) réalise aujourd'hui presque 5 % de son chiffre d'affaires en sous-traitance (voir notre numéro du 18 mars). Avec une certification TS 16949, Alcatel Illkirch (440 personnes aujourd'hui, 200 prévues pour la fin 2004) mise sur les marchés de l'automobile et de la réparation. Sony-Ericsson, qui fabrique toujours des téléphones portables à Ribeauvillé (Haut-Rhin), réalise aujourd'hui 20 % de son chiffre d'affaires en sous-traitance externe et vise les 30 % d'ici 2005. Actuellement, le site compte une dizaine de clients en provenance des secteurs de l'automobile il produit notamment des autoradios et des changeurs CD pour Volkswagen, de la téléphonie, de la vidéo, de la domotique et du médical. Ribeauvillé est apte à prendre en charge l'étude, la fabrication et le service après-vente de produits électroniques de grande série, des domaines du professionnel comme du grand public. Face à cette augmentation de capacité de production, qui exacerbe une concurrence déjà rude, plusieurs des experts que nous avons interviewés envisagent de possibles restructurations. Même si le marché hexagonal de l'électronique demeure conséquent et que l'électronisation y gagne du terrain.

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