Couverture ElectroniqueS n°127

Un rapport qualité/prix incomparable, un contraste qui s'envole, un design de plus en plus proche des écrans plats, les TV à rétroprojection DLP ont des atouts pour mener la vie dure aux autres technologies grands formats. « Nous avons vendu autant de microécrans DMD à micromiroirs depuis un an que durant les sept premières années de leur existence », se réjouit Keith Lewis, responsable du développement du marché des DLP chez Texas Instruments.Revendiquant plus de 65 clients et 4 millions d'exemplaires livrés, la technologie DLP est un incontestable succès commercial depuis sa sortie en 1996. Les écrans réflectifs miniatures de l'Américain se partagent ainsi, à parts égales, le marché des systèmes de projection à microécrans (projecteurs frontaux + TV à rétroprojection) avec les valves LCD à matrice active en silicium polycristallin haute température chères à Seiko Epson et Sony. Force est de constater en effet que la technologie DLP fait de plus en plus d'adeptes. LG, Matsushita et Toshiba figurent parmi les récents convertis. Sharp envisage lui aussi de commercialiser une gamme DLP qui remplacera celle des téléviseurs plasma qu'il va abandonner. Comment expliquer un tel engouement ? Les progrès fulgurants réalisés depuis un an par TI, mais aussi par les fabricants de TV à rétroprojection, ont été l'élément clé. A tel point qu'aujourd'hui ces téléviseurs n'ont plus grand-chose à envier aux écrans plasma en termes de rendu d'images. Les dernières générations de TV à rétroprojection DLP offrent ainsi des luminances qui dépassent allègrement les 500 cd/m2 et leurs contrastes atteignent 3000:1 ! C'est notamment le cas du modèle 50 pouces de Samsung (référence HLP5085W) ainsi que du téléviseur 45 pouces de Sagem (référence Axium HD-D45), qui affichent des contrastes respectifs de 2500:1 et 3000:1 et des luminances de l'ordre de 700 cd/m2. L'excellente saturation des couleurs concourt également à donner une impression visuelle proche de celle des écrans plasma. Ces performances doivent beaucoup au microécran DMD baptisé HD2+, successeur du HD2, caractérisé, lui aussi, par une diagonale de 0,8 pouce et une définition de 1 280 x 720 pixels, mais dont le contraste est passé de 1000:1 à 2500:1.Une puce TVHD disponible en 2005Le choix d'une telle définition n'est pas anodin. « Le format 720 p est le format TVHD le plus en phase avec les exigences des utilisateurs », estime ainsi M. Lewis, de Texas Instruments. Ce qui n'empêche pas l'Américain de travailler sur des puces composées de 1 920 x 1 080 micromiroirs.Un prototype a d'ailleurs été récemment dévoilé et intégré dans un téléviseur signé Samsung. Outre sa définition, ce composant se distingue par un contraste de 5000:1 ! M. Lewis nous a confié que ce microécran, baptisé xHD3, sera produit en volume dès le début 2005, mais n'a pas divulgué son prix. Le prix du xHD3 ne devrait cependant pas trop s'envoler car, malgré un nombre de micromiroirs deux fois plus important que pour le HD2 et le HD2+, la diagonale du xHD3 n'est que de 0,9 pouce.En plus de l'amélioration des performances, la réduction des coûts est actuellement l'autre priorité de TI. Le but est ici de démocratiser la technologie DLP et de combler le léger écart de prix qui existe avec les TV à rétroprojection à valves LCD, en moyenne 13 % moins chers que les TV DLP, selon iSuppli. TI vient ainsi de marquer un point avec le lancement d'une version “ bas coût ” car dotée d'une diagonale de seulement 0,55 pouce. Malgré son statut d'entrée de gamme, le HD3, c'est son nom, présente tout de même une définition de 1 280 x 720 pixels et un contraste de 1500:1. Bref, les TV DLP modèles 2005 risquent d'être encore plus attractifs que ceux du millésime 2004, déjà imbattables au niveau du rapport qualité/prix. Cette technologie est en effet actuellement la seule à offrir des images 50 pouces de 1 280 x 720 pixels, un contraste de 2000:1 et une luminance de 500 cd/m2 pour moins de 3 000 euros, à l'image du modèle Axium HD-D50 de Sagem. « A ce prix, vous ne pouvez vous offrir qu'un téléviseur plasma d'entrée de gamme de 40 pouces de seulement 854 x 480 pixels », constate Georges Pénalver, directeur des ventes et du marketing Europe de Sagem, qui précise par ailleurs que « les TV LCD restent encore hors du coût en termes de rapport qualité/prix pour les diagonales de 40 pouces et plus. » Les principaux concurrents des DLP restent donc les systèmes à valves LCD. Mais leurs performances sont généralement inférieures, la différence étant particulièrement notable en termes de contraste (500:1 à 700:1 pour les valves LCD) et de saturation des couleurs. Quid des LCoS (Liquid Crystal on Silicon) ? Si leur potentiel est reconnu par tous, ils ne représentent, pour l'heure, qu'une infime part de ce marché, faute d'un outil industriel suffisamment mature. Et les récents déboires de Brillian, Intel et Philips en LCoS ne plaident pas en leur faveur. « Nous étudions cette possibilité mais il est encore trop tôt pour offrir des produits utilisant cette technologie », affirme M. Pénalver, un avis largement partagé par les fabricants de téléviseurs. JVC, Sony et Hitachi restent cependant très actifs en LCoS. Il y a tout de même quelques ombres au tableau pour les DLP, comme l'effet arc-en-ciel. Certaines personnes peuvent en effet percevoir une traînée rouge, verte et bleue lorsqu'un objet blanc se déplace rapidement. Ce phénomène est lié à la génération séquentielle des couleurs à l'aide d'une roue équipée de filtres colorés, une configuration rendue possible grâce au faible temps de commutation des micromiroirs (5 000 Hz) et qui permet de réaliser des TV DLP monopuces. TI affirme avoir résolu le problème en accroissant la vitesse de rotation de la roue. Autre souci : comme tous les systèmes à microécrans, la durée de vie de la lampe UHP est limitée à 8 000 heures (celle des puces DMD est de 100 000 heures). Ce problème n'est que relatif car cela représente tout de même 8 ans de fonctionnement à raison de 3 heures par jour. De plus, une fois la lampe remplacée (il en coûtera environ 300 euros à l'utilisateur), le téléviseur retrouve ses performances initiales, selon TI. Ce qui ne semble pas être le cas des systèmes à valves LCD. Suite à des tests, l'Américain affirme que le contraste de ces derniers se dégrade dès le début de leur utilisation. De son côté, Seiko Epson, adepte des valves LCD, affirme que les DLP sont les microécrans qui disposent, et de loin, du moins bon rendement lumineux, les LCoS et surtout les valves LCD étant les mieux placés sur ce point. Notons tout de même que les rétroprojecteurs DLP consomment moins d'énergie que les écrans LCD ou plasma de mêmes dimensions. Les fans d'écrans plats reprochent enfin aux DLP de n'être que des rétroprojecteurs, c'est-à-dire des systèmes encombrants et peu esthétiques. Un argument qui n'inquiète guère M. Pénalver : « Seulement 10 % à 15 % des personnes qui achètent un plasma ou un LCD l'accrochent au mur. De plus, les fabricants ont fait d'énormes efforts pour améliorer le design de leurs TV à rétroprojection », argumente-t-il.On retiendra, par exemple, le modèle Axium HD-D45 de Sagem, qui adopte un look très écran plasma, ou, plus spectaculaire encore, le HLP5085W de Samsung monté sur un pied fort esthétique. Les rétroprojecteurs DLP ont également diminué leur profondeur, qui dépasse aujourd'hui à peine 30 cm. Le record en la matière est signé Thomson et InFocus avec des modèles dont la profondeur n'est que 17,5 cm.

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