Couverture ElectroniqueS n°127

Mitsubishi démontre que la technologie Oled n’est pas plus limitée en taille que les écrans LCD et plasma et prétend même qu’elle pourrait concurrencer les DEL dans les panneaux vidéo géants destinés à l’affichage publicitaire et à l’événementiel, un créneau que le Japonais maîtrise. Record battu ! On croyait pourtant que celui de Panasonic, et de son écran plasma de 150 pouces de diagonale dévoilé à l’occasion de la manifestation Consumer Electronics Show en 2008, allait tenir plus longtemps. C’était sans compter sur Mitsubishi qui a fait sensation lors de la dernière édition du CEATEC, pendant japonais du CES américain qui s’est déroulé début octobre à Tokyo, avec un écran plat de 155 pouces, soit près de 4 mètres de diagonale ! Mais la réelle surprise vient surtout du fait que la technologie employée n’est ni le LCD, ni le plasma mais l’Oled, démentant ainsi l’adage qui veut qu’il soit très difficile, voire impossible, de réaliser des écrans organiques électroluminescents de très grands formats (actuellement, l’afficheur Oled le plus grand commercialisé est un modèle de 15 pouces signé LG Display). Reconnaissons tout de même que le Japonais a un peu “ triché ”. Alors que l’écran plasma de 150 pouces de son compatriote a été réalisé d’un seul tenant, sur une seule et même plaque de verre, l’afficheur géant de Mitsubishi est en fait constitué d’une mosaïque de 720 modules d’affichage Oled à matrice passive juxtaposés, chacun d’eux mesurant 4 pouces de côté et contenant 1 024 pixels couleur de type RVB. L’ensemble, qui mesure 1 920 x 3 456 mm, comprend ainsi 1 152 x 640 pixels couleur au pas de 3 mm. Peu de chose à voir donc avec les écrans Oled à matrice active (AM-Oled), si ce n’est le type de matériaux Oled utilisés (petites molécules) et la manière de fabriquer les modules au moyen d’un procédé de dépôt sous vide du film Oled. Bien que la bordure périphérique de chaque module soit réduite au minimum, le quadrillage de la mosaïque de modules est visible lorsque l’afficheur est éteint ou lorsqu’il diffuse un fond uni. Mais dès que des images normales sont affichées, son contraste élevé (non précisé), inhérent à la technologie Oled, et sa luminance de 1 200 cd/ m2, annoncée comme 3 à 4 fois supérieure à celle d’un LCD très grand format, font s’évanouir la structure quadrillée de la surface d’affichage, pourvu que l’on se place à une distance d’observation raisonnable (quelques mètres). Alors que les LCD et écrans plasma géants constituent davantage une démonstration de force que se livrent les fabricants pour démontrer leur savoir-faire, le mastodonte de Mitsubishi n’est pas un simple exercice de style. Si le gigantisme de la bête, ainsi que son pas de pixels (3 mm), ne la destine pas aux applications grand public, le groupe nippon songe toutefois à sa commercialisation pour cibler les marchés de l’affichage publicitaire, aussi bien en intérieur qu’en extérieur, et de l’événementiel. La société est d’ailleurs très présente sur ce créneau grâce à ses panneaux d’affichage vidéo géants à DEL. Et le nom donné au prototype Oled de 155 pouces, Diamond Vision, qui n’est autre que le nom de la gamme d’afficheurs à DEL géants de Mitsubishi, ne laisse aucun doute sur les applications visées. Les afficheurs à DEL géants présentent en général des pixels au pas de 4 à 6 mm, les pas de 3 mm étant beaucoup plus rares, car excessivement onéreux compte tenu du nombre de DEL nécessaires à leur réalisation. La technologie Oled à 3 mm pourrait alors s’avérer intéressante grâce à une réduction de coût potentiel estimé de l’ordre de 50 % par le Japonais par rapport aux solutions à DEL. Les écrans plasma également sur les rangs Autre avantage : la structure modulaire permet d’adapter facilement sa taille aux besoins de l’application et offre la possibilité, selon le Japonais, de concevoir des panneaux d’affichage qui épousent la forme d’un bâtiment ou d’un support quelconque. Séduisante sur le papier, cette technologie doit encore franchir le cap de l’industrialisation. Sur ce point, Mitsubishi se montre très prudent et se garde bien d’avancer une quelconque date de commercialisation, pas plus qu’il ne donne d’indication sur le prix éventuel de tels géants. L’autre réserve concerne la durée de vie des afficheurs. La société avance 20 000 heures, ce qui, dans le cas d’une utilisation en continu, un mode de fonctionnement courant pour les panneaux publicitaires, revient à une durée de vie d’à peine plus de deux ans. Un peu léger par rapport aux panneaux à DEL qui proposent au moins le double. Mais l’Oled n’est pas la seule technologie à lorgner le marché de l’affichage publicitaire et de l’événementiel. La technologie plasma ambitionne également d’investir ce créneau. Ainsi, la société japonaise Shinoda Plasma teste actuellement à Tokyo des écrans plasma d’un nouveau genre dans des lieux publics, notamment des gares. Les modèles fabriqués par cette start-up présentent une diagonale de 145 pouces (368 cm) et utilisent une technologie baptisée PTA (Plasma Tube Array) et basée sur une structure interne différente de celle des écrans plasma conventionnels (voir EI n° 659). En effet, cette technologie est fondée sur la juxtaposition de tubes de verre très fins (1 mm de diamètre, 1 mètre de long) scellés à leurs extrémités et remplis des mêmes gaz et recouverts sur leur paroi interne des mêmes luminophores RVB que ceux des écrans plasma conventionnels. Ces tubes RVB sont juxtaposés verticalement (les pixels couleur disposent donc ici aussi d’un pas de 3 mm) et sont pris en sandwich entre deux séries d’électrodes sous forme de films fins, afin de constituer l’écran. Cette structure particulière offre plusieurs avantages, comme la possibilité d’assembler des modules de base de 1 x 1 m pour réaliser des afficheurs de différentes tailles (le modèle de 145 pouces testé est ainsi constitué de six de ces modèles). D’autre part, cette technologie serait moins gourmande en énergie que les panneaux à DEL, beaucoup plus légère et facile à installer sur site. Si Shinoda Plasma affirme être sur le point de vendre ses premiers échantillons, le prix semble le principal obstacle à sa commercialisation. Il faut compter plus de 400 000 dollars pour le système complet à base du modèle de 145 pouces ! Présenté lors de la manifestation CEATEC à Tokyo, début octobre, cet afficheur de 155 pouces signé Mitsubishi est constitué d’une mosaïque de 720 modules Oled.

Et si les Oled remplaçaient les DEL dans les écrans vidéo géants?

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