Couverture ElectroniqueS n°127

Exotrail développe des systèmes de propulsion électrique miniaturisés adaptés aux petits satellites de 10 kg à plusieurs centaines de kg. La start-up a obtenu un premier contrat avec AAC Clyde Space pour équiper les vaisseaux spatiaux ELO 3 et 4 d'Eutelsat. E xotrail, qui propose des solutions d'opération et de propulsion électriques à destination du marché des petits satellites, s'intègre dans le mouvement du New Space , véritable révolution de l'industrie spatiale grâce à la miniaturisation des satellites et la standardisation des composants (utilisation de composants sur étagère). Dans ses bureaux d'études de Massy (Essonne), la start-up est capable de concevoir, prototyper, tester et industrialiser ses propulseurs. Lauréate du dernier concours d'innovation du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Exotrail a reçu à ce titre une subvention de 1,55 million d'euros. Un laboratoire commun lancé avec le CNRS Conseillé par Thales Alenia Space, Exotrail incarne ce New Space français capable de bouleverser l'industrie spatiale tout en nouant des liens forts avec des acteurs traditionnels comme les institutions. Il a pourtant fallu convaincre pour s'imposer. « Il y a quatre ans, on nous riait parfois au nez lorsque nous évoquions les petits satellites , se souvient David Henri, PDG d'Exotrail. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas et il est probable que les industriels prennent le leadership sur ce segment . » Face au fort ralentissement du marché du satellite géostationnaire, les grands industriels comme Thales ou ArianeGroup se tournent de plus en plus vers les objets de moins de 150 kg. « Et ils constatent que ceux qui produisent des solutions techniques répondant à leurs besoins sur de petites plateformes sont de nouveaux acteurs comme nous », indique le dirigeant d'Exotrail, également épaulé par le Cnes. Exotrail a commencé le développement de son système de propulsion avec un projet de démonstration de vol qui a été conçu, construit, qualifié et livré en seulement 10 mois. La concurrence est rude. David Henri sait que la R&D est l'une des clés du succès. C'est pour cette raison qu'Exotrail a ouvert en 2019 un laboratoire commun avec le laboratoire Icare du CNRS, à Orléans : Oracle. « Il s'agit de préparer le futur , explique le PDG. Les technologies qui se trouveront dans nos moteurs dans trois ou quatre ans sont probablement en cours de développement chez Oracle aujourd'hui. À moyen et long terme, il est indispensable que nous restions actifs et leaders en matière d'innovation ». Exotrail a signé en 2018 un accord avec Airbus Group Développement. Cet accord implique un prêt non garanti d'Airbus à Exotrail, des possibilités de mise en réseau avec des experts internes et externes et une opportunité de développement commercial entre les deux entités. Exotrail utilise la technologie Hall pour ses systèmes de propulsion. Utilisée sur de gros satellites et jugée difficile à miniaturiser, l'entreprise l'a pourtant adaptée avec succès aux petits satellites. La propulsion électrique est utilisée pour modifier les orbites, optimiser les performances et la stratégie de lancement. D'ordinaire, le temps nécessaire pour effectuer ces transferts orbitaux est perdu, car toute l'énergie électrique du satellite est alors utilisée pour alimenter le système de propulsion. Réduire cette durée de transfert revêt une importance capitale pour les opérateurs : chaque jour économisé représente une valeur de plusieurs milliers d'euros. La technologie Hall, du fait de sa poussée 3 à 5 fois supérieure à celle des technologies concurrentes de propulsion électrique, permet de gagner des mois d'exploitation. La start-up vient d'annoncer la signature d'un premier contrat avec AAC Clyde Space, spécialiste européen des solutions de nanosatellites. Exotrail fournira des solutions de propulsion de pointe pour les engins spatiaux ELO 3 et ELO 4 d'Eutelsat. Les deux cubesats 6U seront fabriqués et livrés en orbite par AAC Clyde Space. La mission Eutelsat est annonciatrice d'une potentielle constellation appelée ELO (Eutelsat LEO for objects). Le contrat doit être livré avant la fin de l'année, les deux satellites lancés en 2021. Le « New Space », un secteur en plein essor Exotrail a commencé le développement de son système de propulsion avec un projet de démonstration de vol qui a été conçu, construit, qualifié et livré en seulement 10 mois. Le lancement du démonstrateur de système de vol, initialement prévu pour voler en novembre 2019, est désormais prévu en mars 2020 (en raison du retard du lanceur). L'expérience acquise par ce projet, ainsi que l'expertise et l'innovation mises en avant dans le développement de produits d'Exotrail, ont permis à l'entreprise de sécuriser ses premiers clients. Le New Space français est en plein essor. Selon une récente étude d'Euroconsult, le marché mondial pour les petits satellites passerait de 12,6 milliards de dollars dans la décennie 2009-2018 à près de 43 milliards de dollars sur 2019-2028. Et si le secteur est principalement porté par les Américains SpaceX (Starlink), OneWeb et Amazon, les start-up françaises ne sont pas en reste. Exotrail emploie environ 25 personnes à Massy et à Toulouse (Haute-Garonne) et a levé plus de 6 M€ de fonds publics et privés depuis sa constitution en 2017.

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