Couverture ElectroniqueS n°127

Envers et contre tous, VIA Technologies maintient le cap et continue de se focaliser sur les processeurs x86 petits, économiques et peu gourmands en énergie. Cela demeure pour Glenn Henry, président de Centaur Technology, la seule manière de réussir sur un marché dominé par Intel. Il y a quelques années, vous affirmiez qu'il était possible de concurrencer efficacement Intel sur le marché des microprocesseurs pour PC à condition de choisir le bon compromis entre architecture, taille de la puce et performances. Est-ce toujours d'actualité ?Plus que jamais. Sur les 6 milliards d'habitants de notre planète, un grand nombre n'ont pas accès à un PC. Il y a donc un potentiel énorme pour des systèmes pas chers permettant de se connecter de manière interactive et économique au réseau Internet. Des systèmes dans lesquels nos processeurs, les plus petits et les moins gourmands du marché, sont particulièrement à l'aise. Ce qui limite aujourd'hui le déploiement des PC, ce ne sont pas les performances de ces derniers mais leur coût et leur consommation. Il y a un énorme marché pour des produits pas chers suffisamment rapides pour faire ce dont les gens ont besoin. Pour naviguer sur Internet, une machine tournant à 1 GHz est largement suffisante. Il ne faut pas sacrifier le coût ou la consommation pour bénéficier de performances dont finalement peu d'utilisateurs ont besoin. La preuve : aujourd'hui, Intel ne pousse pas son Pentium 4 à 3 GHz mais plutôt son Centrino, cadencé à seulement la moitié.Pourtant votre part du marché des processeurs pour PC reste marginale.Même si nous ne nous affrontons pas directement avec Intel, nous sommes toujours dans le monde du PC, aussi bien pour les modèles de bureau que pour les portables. Nous sommes ainsi présents sur le marché des PC pas chers, en Chine, ainsi que sur celui des modèles sans ventilateur tout petits et silencieux. Pour moi, il y a deux voies pour réussir sur le marché du PC : avoir le circuit le plus rapide, c'est celle choisie par Intel ; ou avoir le circuit le moins cher, c'est celle que nous avons adoptée. Nos ventes sur le marché du PC sont relativement stables, autour de 100 à 120 millions de dollars. Cela dit, 50 % de nos processeurs sont aujourd'hui vendus sur le marché de l'embarqué pour les robots, les boîtiers-décodeurs TV, les équipements de loisirs numériques. Mais de nouveaux clients arrivent et de nouveaux marchés s'ouvrent à l'architecture x86. Et si, comme le prévoit Fred Weber, CTO d'AMD, l'architecture x86 finit par pénétrer partout, alors notre chiffre d'affaires pourrait devenir très significatif.Considérez-vous Transmeta comme un concurrent dangereux ?Non, pas vraiment. Transmeta nous concurrence uniquement sur le marché des PC portables, là où Intel et AMD sont eux aussi très présents, car, pour les modèles de bureau, il faut une possibilité de remplacement direct sur la carte mère qui n'existe pas avec ses processeurs.Sur le marché de l'embarqué, la notion de coût est primordiale. Et là encore, Transmeta ne peut pas être compétitif car, en utilisant la même technologie et le même fondeur que nous, sa puce est deux fois plus grosse que la nôtre. Son processeur ne pourra pas être vendu moins de 100 dollars, ce qui est beaucoup trop.Comment voyez-vous le futur des processeurs pour PC ? Le passage aux 64 bits vous semble-t-il obligé ?La sécurité devient une nécessité absolue dès lors que vous êtes connectés. L'intégration de fonctions de sécurité dans les processeurs en toute indépendance du système d'exploitation va donc devenir un must. Avec nos processeurs C5P et C5I, qui intègrent des fonctions matérielles de cryptage ainsi que des générateurs de nombres aléatoires, nous avons pris la tête dans ce domaine. Et à en croire les réactions de l'industrie, nous avons eu raison. La fiabilité est et sera un besoin de plus en plus crucial. Concernant le 64 bits nous serons probablement obligés d'y passer à un moment ou à un autre. AMD a pris la tête dans ce domaine et, pour l'instant, le monde du logiciel a l'air de suivre ; mais il n'existe pas encore vraiment d'offre dans ce secteur. Comme nous ne sommes pas directement concurrents, nous étudions l'architecture d'AMD et nous en demanderons probablement la licence au moment voulu. A l'inverse, AMD étudie nos fonctions de sécurité et nous pourrons leur en fournir la licence, gratuitement au besoin. Je crois également beaucoup à l'intégration future dans les processeurs x86 d'interfaces de bus standards comme HyperTransport.En attendant, nous continuerons de nous consacrer à rendre nos processeurs meilleurs en termes de coût, taille et consommation et aussi à augmenter leurs performances ; nous en sommes désormais à 1 GHz.(*) Voir notre numéro du 23 octobre.

« Faire moins cher reste la seule voie pour concurrencer Intel »

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