Couverture ElectroniqueS n°127

Le salon Productronica s'est tenu du 11 au 14 novembre dernier à Munich sous des auspices assez favorables. Productronica 2003 a résisté à la crise. Vraiment ? La réponse pourrait plutôt être “ oui, mais… ”. Le salon mérite en effet toujours sa réputation de première plate-forme européenne pour la production électronique, toute la filière de la production européenne ayant encore été représentée à Munich cette année. Mais, situation conjoncturelle oblige, le nombre d'exposants a nettement diminué (voir encadré page 25). En outre, dans certains secteurs, les leaders n'avaient pas fait le déplacement ; ce fut le cas, par exemple, dans le perçage (en particulier laser), où des informations concernant ESI, Excellon et GSI Lumonics n'étaient disponibles qu'auprès de leurs distributeurs. Une preuve, peut-être, que le marché européen ne s'annonce pas (ou plus) suffisamment prometteur en matière de ventes d'équipements. Le sujet des délocalisations, vers l'Asie en général et la Chine en particulier, a été, par contre, omniprésent dans tous les discours et faisait surtout ressortir les craintes des industriels européens quant à d'éventuels problèmes d'approvisionnement à l'avenir. L'organisation, en mars prochain, d'un salon ProductronicaChina en parallèle à ElectronicaChina par Messe München à Shanghai a par ailleurs soulevé, auprès des visiteurs et des exposants, la question de l'importance future de la manifestation munichoise.Quoi qu'il en soit, Productronica a montré que, malgré la crise, les innovations ne manquent pas. « Le niveau des ventes laisse peut-être à désirer mais on n'arrête pas le progrès », résume ainsi Sven Fleischer, directeur des ventes chez ATG Test Systems. Que ce soit dans le domaine des substrats, dans celui de la production de circuits imprimés ou encore dans l'assemblage, les nouveautés présentées à Munich suivent les tendances globales vers plus de performances, plus de modularité, et plus de flexibilité dans la production. Elles répondent en particulier aux besoins spécifiques de l'industrie européenne, en termes d'applications et de volumes de production.2004 : l'année de tous les espoirs ?Côté conjoncture, la grande différence entre Productronica 2003 et la précédente édition aura été l'optimisme affiché par la plupart des acteurs qui ont fait le déplacement à Munich, tant du côté des visiteurs que de celui des exposants. Ainsi, moins de la moitié d'entre eux croyaient à une reprise à plus ou moins court terme lors de l'enquête effectuée par Messe München pendant le salon de novembre 2001. Mais, cette année, 62 % des exposants et 61 % des visiteurs ont affiché leur confiance dans la reprise. « Nous avons eu beaucoup de visiteurs porteurs de projets d'investissements », a ainsi indiqué André Miny, directeur général de Vitronics Soltec. « Sur les trois premiers jours, nous avons déjà enregistré 160 contacts de porteurs de projets, dont 26 visiteurs français. Nous sentons un frémissement de reprise », a confirmé Pascal Preti, directeur commercial de ViTechnology. « Nous percevons une nette reprise des projets d'investissements dans tous les pays d'Europe de l'Ouest depuis un mois et demi à deux mois. Sur le salon, nous avons pris beaucoup de contacts qui devraient rapidement déboucher sur des prises de commandes. C'est presque un effet de rattrapage », analyse, de son côté, Christian Morlier, directeur général d'Universal Instruments France (machines de placement). Après une année 2003 stable, la firme compte croître de 20 % à 30 % en 2004 en Europe. « L'évolution des ventes redevient normale. En outre, compte tenu de la diminution de la taille des lots, la part des ventes de consommables, par exemple les écrans de sérigraphie, augmente », note, pour sa part, Patrick Pérochaud, directeur général de Dek France. Ses ventes devraient d'ailleurs passer d'environ 4 millions d'euros en 2002 à près de 6 millions cette année. Chez BTU Europe (fours de refusion), les pronostics de croissance se situent autour de 20 % pour 2004. Enfin, pour certains, l'optimisme est tiré par la “ santé électronique ” de l'un des secteurs de prédilection en Europe, à savoir l'automobile. « Des projets du secteur automobile arrivent tous les jours sur mon bureau », s'enthousiasme ainsi Bernard Peltereau, directeur général de Viscom France (systèmes d'inspection). La firme prévoit de doubler son chiffre d'affaires en 2003, à 2,6 millions d'euros, dont 80 % dans l'automobile, et envisage de dépasser les 3 millions en 2004. « En sous-traitance, l'attentisme reste de rigueur. Les sociétés ne prennent pas de risques », modère néanmoins Ludovic Gardette, chef des ventes de Fenwick (distributeur français des machines de placement Fuji et des fours de refusion Rehm). Sven Grimm, directeur du développement commercial auprès du sous-traitant Sanmina-SCI, est, lui, plus prudent quant à l'évolution du marché de la sous-traitance, surtout pour l'Europe de l'Ouest. « Le marché européen devrait progresser d'ici 2007 à un rythme annuel moyen de 10 %. Mais ce sont surtout les pays d'Europe de l'Est qui profiteront de cette croissance », estime-t-il. Cette évolution est déjà en marche : plusieurs exposants nous ont en effet confirmé avoir eu de nombreux contacts avec des industriels d'Europe de l'Est, en particulier de Bulgarie et de Russie, quasiment tous porteurs de projets d'investissements.Débuts difficiles pour la diversification de productronicaMesse München, société organisatrice du salon, a encore renforcé la sectorisation de Productronica cette année, cherchant ainsi à mieux tenir compte de la variété des sujets d'intérêt des visiteurs. Force est néanmoins de constater que le succès de ces initiatives a été plutôt mitigé. Ainsi, le secteur nouvellement créé sous l'appellation “ Logistique et gestion des flux de production ”, qualifié de stratégique par les organisateurs, a en fait regroupé surtout des fabricants d'outillage, d'emballage ou encore d'équipements de stockage ainsi que quelques fournisseurs de logiciels de gestion. Ce secteur devrait néanmoins prospérer à l'avenir, quand le contexte conjoncturel s'y prêtera, affirme-t-on chez Messe München. Un “ EMS Village ”, dédié aux sous-traitants, faisait, lui aussi, plutôt pâle figure, sur une surface un peu étriquée et avec une densité minimale de visiteurs. Treize sous-traitants seulement y exposaient leur savoir-faire. Quelque vingt autres sous-traitants se trouvaient dans le hall dédié aux technologies d'assemblage. Sur l'ensemble des six plus grands sous-traitants mondiaux, seul Sanmina-SCI a été présent à Munich. Tous les sous-traitants présents ont toutefois signalé être globalement satisfaits de la manifestation. « La tendance à l'externalisation est irrévocable, tirée en partie par la pression sur les prix. Nous avons fait un bon début avec l'EMS Village », nous a ainsi affirmé Helmut Zollner, responsable grands comptes chez Zollner Elektronik, un sous-traitant allemand qui emploie 1880 personnes dans ses 11 usines (en Allemagne, en Hongrie et en Roumanie). « Notre objectif n'est pas de signer des contrats ici mais d'être présent et de nouer des contacts. C'est notre deuxième tentative sur Productronica et il est probable que nous reviendrons », nous a-t-on aussi confié sur le stand de Smyczek, un petit sous-traitant situé dans le nord de l'Allemagne, exclusivement actif au plan régional. Par ailleurs, les conférences dédiées qui se tenaient à proximité sur des thèmes comme la gestion de la chaîne d'approvisionnement, les avantages de l'externalisation de la production électronique et le savoir-faire de l'industrie sous-traitante allemande, ou encore le circuit imprimé à l'horizon 2005, ont attiré de nombreux auditeurs.Fréquentation en baisse de 20 % !Malgré la présence de 1 486 exposants et 67 sociétés supplémentaires sur des stands de partenaires ou de représentants, la baisse du nombre d'exposants s'est révélée au final plus grave que prévu, suite notamment à des annulations de dernière minute. Elle s'établit ainsi à 15 %. Côté visiteurs, il était visible dès le premier jour, mais aussi les jours suivants, que leur nombre serait nettement plus faible que lors de la précédente édition. Avec 38 000 personnes contre 47 000 il y a deux ans, la baisse de fréquentation atteint 20 %. Rappelons qu'elle avait déjà diminué de 16 % en 2001. C'est un quasi-retour aux années 1980 ! Il est toutefois positif de noter que plus de 99 % des visiteurs étaient, cette année, des industriels, contre 75 % en 2001. Le bilan publié par les organisateurs concernant le salon reste, par contre, silencieux sur la part des visiteurs étrangers, sauf pour préciser que la variété de l'internationalité a explosé : 89 pays différents étaient ainsi représentés à Munich, soit près de deux fois plus qu'en 2001 !

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