Couverture ElectroniqueS n°127

L'Europe veut harmoniser les systèmes de télépéage au sein de l'Union et envisage de substituer vers 2010 à l'actuel système DSRC une solution basée sur la localisation Galileo et les réseaux cellulaires. Plusieurs pays européens comme la France, l'Italie ou l'Espagne, mais également le Portugal ou la Slovénie, ont mis en place des systèmes de télépéage permettant aux automobilistes de franchir les gares de péage et de régler le service autoroutier sans avoir à baisser la vitre ni à s'arrêter totalement. D'autres s'apprêtent à franchir le pas, comme l'Allemagne, le Royaume-Uni, ou les nouveaux pays de l'Union. Dans son livre blanc consacré à la politique des transports à l'horizon 2010, la Commission annonce une action d'harmonisation de ces différentes solutions.Les systèmes actuellement en fonctionnement sont basés sur une identification automatique par liaison hyperfréquence, baptisée DSRC (Dedicated short range communication), fonctionnant à une fréquence de 5,8 GHz. Si la technologie de télépéage employée dans les différents pays européens est très proche, elle n'est cependant pas interopérable, les protocoles et le type de données échangées pouvant varier d'un pays à l'autre. Pire, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont choisi de mettre en place des systèmes exploitant une technologie totalement différente basée sur la localisation par satellite GPS, avec une transmission de données vers le centre de paiement par les réseaux cellulaires GSM (voir notre numéro du 25 avril 2003). Cette solution est plus coûteuse que le DSRC, puisqu'elle nécessite l'installation de terminaux de paiement dans les stations-service et les aires de repos, mais également de balises infrarouges d'identification des véhicules pour limiter la fraude, et, bien sûr, la commercialisation de plusieurs centaines de milliers de terminaux installés à bord des véhicules (on-board unit, ou OBU). Elle offre cependant le double avantage de ne pas nécessiter de gares de péage, source de congestion du trafic, et d'autoriser un paiement au kilométrage, indépendamment de l'itinéraire emprunté par le véhicule, grâce aux informations de positionnement. De plus, l'intégration d'un module GPS et GSM dans les véhicules pourra servir à l'avenir pour toute une série de services indépendants du télépéage, comme l'aide à la navigation, les services info trafic ou le divertissement des passagers.Un télépéage unique en 2010Pour permettre à un automobiliste d'emprunter les différentes autoroutes européennes en utilisant un même système automatisé, la Commission a toutefois approuvé une directive visant à harmoniser au sein de l'Union les systèmes de paiement électroniques qui seront utilisés sur les voies auto-routières, voire même sur des routes non gérées actuellement par des opérateurs auto-routiers. Cette harmonisation, qui devrait déboucher à l'horizon 2010-2012 sur un service européen unique de télépéage, sera réalisée en plusieurs étapes. A partir de 2005, tous les poids lourds de plus de 3,5 t et les autobus devront pouvoir accéder à un service de télépéage interopérable sur l'ensemble des autoroutes où des systèmes de télépéage ont déjà été installés. Toute nouvelle solution mise en place devra alors être basée sur une double technologie : DSRC et GSM/GPS. A partir de l'entrée en service de la localisation par satellite Galileo, en 2008, une migration progressive est prévue vers la seule solution GSM/Galileo (ou UMTS/Galileo). En 2010, le service européen de télépéage devra pouvoir être proposé à toutes les catégories de véhicules. Enfin, en 2012, le télépéage européen sera basé exclusivement sur le système GSM/Galileo (ou UMTS/Galileo).Plusieurs travaux ont déjà été engagés dans le cadre de divers projets européens(*), et un projet d'action devrait être établi par des représentants des 25 pays de l'Union d'ici l'automne prochain. « L'interopérabilité technique peut être établie en quelques mois, le plus difficile étant de mettre en place une interopérabilité contractuelle qui prenne en compte les modalités commerciales et les politiques routières de chaque pays », souligne Kallistratos Dionelis, secrétaire général de l'Asecap, Association européenne des concessionnaires d'auto-routes et d'ouvrages à péage.(*) Notamment dans le cadre des projets européens Pista (Pilot on interoperable systems for tolling applications 5e PCRD), Cesare, piloté par l'Asecap (Association européenne des concessionnaires d'auto-routes et d'ouvrages à péage), et RCI (Road charging interoperability 6e PCRD), piloté par Ertico.Un million de badges de télépéage commercialisés en FranceLe télépéage à la française est déjà un succès puisque plus de 900 000 badges liber-t ont été commercialisés, le million devant être atteint cet été d'après l'Asfa (Association des sociétés françaises d'autoroutes et d'ouvrages à péage). Le Télépéage Inter Sociétés (TIS) adopte la norme CEN TC 278, dans la bande 5,8 GHz, et permet de réduire la durée de l'opération de télépéage à un dixième de seconde. Le badge contient l'antenne et une puce hyperfréquence active alimentée par une pile au lithium. En théorie, la communication avec les balises hyperfréquences installées sur la route pourrait s'effectuer jusqu'à une vitesse de 160 km/h, avec un débit descendant de 500 kbit/s de l'antenne vers le badge et de 250 kbit/s dans le sens montant (en modulation PSK sur sous-porteuse de 1,5 MHz et 2 MHz). Le système est commercialisé depuis début 2001 par les différentes sociétés concessionnaires d'autoroute (SCA) sous le nom de liber-t, et peut être utilisé comme moyen de paiement dans toutes les gares de péage du réseau. Au total, 2300 voies de péage sont équipées de balises hyperfréquences.

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