Couverture ElectroniqueS n°127

Alors que la période de janvier-février est traditionnellement une période de baisse du marché du semiconducteur après les fêtes de fin d'année, le mois de février 2006 a approché la surchauffe : des book-to-bill en distribution dépassent même aujourd'hui 1,2 ! Nous n'avions pas connu une telle situation depuis longtemps, même en 2000. Durant l'année dernière, nous avons à plusieurs reprises calculé dans ces colonnes que le monde du circuit intégré devrait éprouver des difficultés de livraisons à partir de la fin de l'année 2005. Finalement, cette fin 2005 n'aura pas connu de problèmes de disponibilités graves. Mais l'approvisionnement en composants est tout de même redevenu depuis novembre une activité sportive. Début décembre, un fournisseur nous signalait devoir envoyer un employé en mission le week-end dans une usine d'assemblage à Singapour pour revenir la valise pleine de circuits le lundi et dépanner ainsi un client qui avait trop tardé à passer une commande ; un autre fournisseur, certes spécialisé, nous avouait à la même époque que son carnet de commandes était déjà plein pour l'ensemble de 2006. Un troisième, incapable de fournir assez de circuits à un client de la radiotéléphonie, a empêché ce dernier de réaliser les ventes prévues en fin d'année pour un modèle 3G très demandé. Il nous a enfin été rapporté que Pioneer n'avait pas pu satisfaire des demandes de fin d'année en écrans plasma par manque de composants.Book-to-bill : au-delà de 1,2En logique, outre Texas Instruments, qui a des problèmes pour livrer des modèles en boîtiers SO, on note des difficultés pour les familles standards (fonctions de base comme le multiplexage).Plus de 20 semaines de délai pour les modèles SOIC chez Fairchild ; jusqu'à 18 semaines pour des boîtiers SO 16 et SSOP 14 et 16 chez STMicroelectronics, et pour des encapsulations TSOP 16 chez On Semiconductor. La demande est très forte sur les familles Cmos 3V (LV et LVQ). D'une manière générale, en logique, les fabricants qui, il y a 3 mois, n'avaient pas augmenté leurs prix (de 25 % à 30 %) l'ont fait dernièrement.Les composants discrets ne le sont plus. Les délais augmentent pour les boîtiers miniaturisés. Ils sont critiques pour des encapsulations SOT 23 (supérieurs à 10 semaines) et Dpack (entre 12 et 16 semaines). L'ensemble de ces problèmes ne peut que s'aggraver dans les semaines à venir compte tenu du fort niveau actuel des commandes. Aussi, sans surprise, l'activité reprend-elle chez les brokers. « Depuis quelque trois semaines, nous sommes à nouveau sollicités », déclare Sylvain Maillard, responsable zone Europe centrale chez Alantys. Depuis le début de l'année, les book-to-bill (rapports commandes/facturations) des filiales françaises des grands de la distribution oscillent entre 1,2 et 1,4. « Vu le taux d'utilisation des capacités de production des semiconducteurs, vu le niveau des commandes, je ne pense pas que l'on puisse retrouver un équilibre entre l'offre et la demande avant un an », nous a confié un expert du domaine (voir notre article page 58).La pénurie se rapproche à petits pasDès fin novembre 2005, l'offre passait en dessous de la demande pour de nombreux circuits : les délais ont alors commencé à s'allongerDécembre a connu des opérations « livraisons de sauvetage acrobatiques » pour des acheteurs qui avaient mal planifié leurs besoins.En janvier, des fournisseurs ont prévenu leurs clients que les besoins devaient être planifiés de nombreux mois à l'avance s'ils voulaient être sûrs d'être livrés en temps et en heure.Dès la deuxième semaine de février, les premières allocations sont apparues ; pour beaucoup de circuits, plus aucun accroissement de commande n'est possible avant quatre ou cinq mois.Ce sont les usines d'assemblage qui ont le plus de mal à faire face. Mais les usines de semiconducteurs sub 0,13 µm travaillent aussi à saturation.Les acheteurs sont de plus en plus inquiets« Les cotations faites il y a un mois ne tiennent plus, et les délais d'obtention des composants augmentent nettement, entre 8 et 14 semaines », déplore Daniel Simonin, responsable des achats chez le sous-traitant A2E Belfort. Il pointe en particulier des augmentations de prix de 1 % à 10 % sur les circuits intégrés ainsi que de 3 % à 7 % sur les connecteurs (Harting et Tyco), produits pour lesquels les délais sont compris entre 8 et 10 semaines. « Les délais augmentent depuis le début de l'année : pour certaines mémoires, ils sont compris entre 22 et 28 semaines ; ils deviennent aussi significatifs pour les condensateurs », souligne par ailleurs Denis Naboulet, acheteur de composants chez Cofidur.

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