Couverture ElectroniqueS n°127

L'aéronautique requiert de la sous-traitance non seulement la traçabilité, la gestion de l'obsolescence et la souplesse de production, mais aussi des prix très bas… Lors du dernier salon du Bourget (qui s'est tenu du 18 au 23 juin dernier), il a été annoncé pour plus de 54 milliards de dollars de commandes d'Airbus (387 avions). Une manne, donc, pour la sous-traitance française impliquée dans ce domaine. Pas si sûr ! Car, selon le Snese, le syndicat français de la sous-traitance, Airbus ne retiendrait que les sous-traitants avec un service de fabrication délocalisé. Et les 20 à 25 % d'économies mis en exergue par l'avionneur viseraient la sous-traitance de l'Hexagone. « Nos adhérents doivent se montrer attentifs à l'évolution de la stratégie de ce secteur », recommande ainsi Richard Crétier, porte-parole du syndicat. Et de souligner l'opération de communication menée au Bourget par Latecoère en collaboration avec le gouvernement tunisien pour la promotion des travaux dans ce pays. « Il s'y prépare le même scénario qu'au Maroc où le parc technologique attenant à l'aéroport de Casablanca regroupe les équipementiers français de l'aéronautique », prévient M. Crétier.La pression sur les prix qu'exerceraient les avionneurs, notamment Airbus et Boeing, oblige en effet les fabricants à délocaliser une partie des productions à destination de l'aéronautique. « Sous la pression des clients, nous avons procédé à des transferts de technologies vers notre filiale Eolane Maroc », nous a ainsi annoncé Marc Pasquier, directeur des achats d'Eolane (9 % de son chiffre d'affaires en aéronautique). De la même façon, pour pouvoir répondre aux demandes de ses clients, notamment de l'aéronautique, Tronico a délocalisé sa fabrication de cartes électroniques au Maroc, « dans une usine à la pointe de la technologie », rapporte Patrick Collet, directeur général de Tronico. De son côté, Solectron Bordeaux, qui a pris de grosses commandes dans ce secteur il y a deux ans, pourrait, à l'avenir, faire fabriquer en Roumanie pour répondre aux demandes de prix bas de l'avionique.Cette pression sur les prix est en tout cas dénoncée par le Snese : « Nous sommes particulièrement vigilants à l'évolution des conditions de paiement dans ce secteur et à l'application de la réglementation, notamment à la reconnaissance des conditions de vente », prévient M. Crétier. « Nous lançons un signal d'alerte sur les paramétrages de prix imposés par les clients », s'inquiète à son tour M. Pasquier… avant de conclure : « Ces paramétrages de prix fragilisent les fournisseurs, au risque de les entraîner dans de grosses difficultés ».Les PME de la sous-traitance ont encore des efforts à faireIn fine, malgré un grand nombre de difficultés, dont la principale serait « un niveau de rentabilité insuffisant, au vu des prix actuels, pour pouvoir couvrir les frais et les risques et financer les investissements nécessaires à l'accompagnement technologique et logistique de ce secteur », ainsi que le remarque M. Pasquier, le domaine de l'aéronautique demeure très porteur. « Ses marchés sont pérennes et tirent les technologies vers le haut », ajoute le responsable des achats d'Eolane.Toutefois, de l'avis du Snese, trop de sous-traitants de l'Hexagone seraient encore insuffisamment préparés aux exigences de ce domaine. « Combien se sont préparés à la recherche des solutions demandées par le plan Power Eight d'Airbus ? », questionne M. Crétier. « Combien ont pris les devants pour aller voir comment fonctionne le parc aéronautique de Casablanca ou ce qui se passe en Tunisie ? ».Salon du Bourget : un contrat Thales pour Celestica, un contrat Rockwell pour EMS TechnologiesLe salon aéronautique du Bourget fournit l'occasion aux sous-traitants de conclure des accords avec des équipementiers de l'aéronautique et/ou d'annoncer des contrats.Le sous-traitant Celestica vient ainsi d'être retenu par Thales pour la production de moniteurs vidéo et de vidéobox à destination de l'intérieur de Boeing 787.La production de ces matériels devrait démarrer au quatrième trimestre de cette année. De son côté, le sous-traitant américain EMS Technologies annonce un contrat d'une valeur de 15 millions de dollars avec son compatriote Rockwell Collins, contrat qui porte sur le développement et la production d'un système de communications par satellite destiné aux Boeing 747-8.

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