Couverture ElectroniqueS n°127

L'unité Atmel Grenoble, en vente depuis quatre mois, risque d'être reprise par le Britannique EEV, une reprise qui ne suscite aucun enthousiasme, ni chez Atmel ni dans la région (*). Atmel Grenoble, mise en vente par sa société mère américaine il y a quatre mois, devrait être cédée dans les semaines qui viennent à l'un des trois repreneurs potentiels qui se sont manifestés. Jusqu'à fin mars, les négociations ne se sont toutefois déroulées qu'avec la société qui a fait l'offre financière la mieux-disante, à savoir EEV, une société britannique spécialisée dans les tubes et les CCD de haut de gamme (représentant une partie des ex-activités composants de Marconi).Si elle n'a pas modifié à la baisse son offre de prix fin mars, c'est à elle que reviendra l'entité grenobloise. Cette offre est loin de susciter l'enthousiasme, que ce soit dans la région ou au sein de la société, tout simplement parce que EEV n'est pas en bonne santé financière et qu'elle ne pourra donc pas investir à Grenoble à la hauteur des espoirs. Le comité d'entreprise d'Atmel Grenoble a d'ailleurs déclenché une procédure d'alerte.Dans l'attente d'un nouvel élanAtmel Grenoble est une filiale d'Atmel, qui, elle, est en bonne santé financière : elle a toujours fait des bénéfices, même en 2001. Son résultat net n'a jamais été inférieur à 6 % du chiffre d'affaires depuis 2002 (de l'ordre de 100 millions de dollars).L'essentiel de son activité tourne autour de 4 catégories de produits, à savoir, par ordre d'importance, l'imagerie professionnelle (essentiellement des CCD), les convertisseurs CAN et CNA et les microprocesseurs PowerPC, les circuits RF, et les détecteurs biométriques et imageurs Cmos à vocation grand public. Un spectre tout de même large pour une société de cette taille, ce qui l'oblige, depuis sa création, à concentrer ses développements sur des applications spécifiques haut de gamme puisées essentiellement dans le spatial, le militaire, le médical et l'industriel.Mais ce carcan est très contraignant car il s'agit d'applications semiconducteurs, donc aux technologies à évolution rapide ; Atmel Grenoble a beau investir 18 % de son chiffre d'affaires en R&D, ce budget doit être réparti entre des activités qui ont toutes besoin d'un ballon d'oxygène : comment imaginer par exemple que le célèbre détecteur d'empreintes digitales de la société puisse avoir du succès sans être proposé à un prix compétitif, donc sans être fabriqué en grandes séries ? Et que dire de l'activité imageurs grand public ou des circuits RF ? La maison mère d'Atmel se trouve donc confrontée, particulièrement depuis deux ans, à deux solutions : soit réinvestir significativement dans son unité grenobloise, en particulier pour exploiter les développements générés par les 300 personnes (sur 600) qui leur sont dédiées, soit la vendre à une autre société en situation similaire mais complémentaire pour créer des synergies et changer d'échelle. Or la santé financière tendue de la maison mère ne lui permet pas de réinvestir à Grenoble : elle doit se recentrer sur des activités qu'elle juge stratégiques… activités dont celles de Grenoble ne font pas partie ou tout du moins ne sont pas prioritaires.La solution d'une vente a finalement été retenue fin 2005. Trois offres ont été reçues mais des négociations exclusives ont été menées jusqu'à fin mars avec la société britannique EEV, la plus offrante (il est possible d'imaginer que certaines activités comme celle des capteurs d'empreintes digitales ne soient pas vendues, car Atmel semblait y tenir particulièrement jusqu'ici). EEV, en petite forme financière, devra emprunter l'essentiel de la somme nécessaire à ce rachat si les négociations aboutissent, somme qu'elle compte rembourser grâce aux bénéfices d'Atmel Grenoble. Une situation qui exclut donc toute ambition nouvelle pour l'entité grenobloise.Les synergies à attendre avec les activités d'EEV (CCD à applications spatiales) sont en effet très marginales, du moins vu côté Atmel. Ce qui ne satisfait ni le personnel, ni la Région (Atmel fait partie du pôle de compétitivité Minalogic).Pour l'instant, la direction d'Atmel Grenoble ne souhaite pas s'exprimer sur le sujet.(*) Voir www.electronique.biz/editorial/310530

L’avenir d’Atmel Grenoble se joue cette semaine

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