Couverture ElectroniqueS n°127

Au moment où l'éditeur de VxWorks s'engage dans une stratégie Linux tous azimuts, Federico de Sario, directeur Europe du Sud de Wind River, revient sur les récentes transformations de l'éditeur américain. Fin 2002, Wind River s'est engagé dans un nouveau “ business model ” en lançant des plates-formes embarquées intégrées, spécialisées par marchés verticaux et disponibles sous forme de licences annuelles. Douze mois plus tard, quel est le bilan de ce changement de stratégie ?Le bilan est positif. Le nombre de licences concédées selon ce modèle économique croît à un rythme soutenu. A la fin octobre 2003, 3 500 contrats de licences environ avaient été signés et les objectifs que nous nous étions fixés ont été dépassés. Des sociétés comme Alcatel, Thales ou Cisco ont d'ailleurs déjà lancé des développements dans le cadre du nouveau business model. Les grands groupes ne sont toutefois pas les seuls à être séduits, et nous en sommes les premiers surpris. Nous rencontrons en effet pas mal de succès auprès des PME-PMI, qui apprécient le modèle et ses avantages additionnels au-delà du seul concept “ Enterprise wide ”. Le coût d'accès relativement réduit peut expliquer cet accueil, tout comme le fait que notre contrat de licence n'impose plus les contraintes habituelles qui existaient auparavant sur les projets ou sur les architectures de micro-processeurs. Cette caractéristique offre un avantage évident sur les marchés où les choix de circuits évoluent très vite.De plus, nos plates-formes ne sont pas de simples empilages de technologies logicielles. Nous les avons au contraire imbriquées les unes aux autres et, pour chaque plate-forme, leur intégration a été validée et testée par Wind River. C'est un travail que nos clients n'ont plus à faire, d'autant que les licences incluent aussi du support, des services et des upgrades. Sur ce dernier point, Wind River a tenu ses promesses. Si l'on compare ce que nous proposions il y a un an et ce que nous offrons aujourd'hui, on peut constater que chaque plate-forme dispose de technologies additionnelles (le support du protocole IPv6 par exemple). Et ce sans aucun surcoût supplémentaire pour le client. Nous avons également modifié notre modèle de paiement de royalties. Les redevances sont maintenant définies plate-forme par plate-forme et leurs montants ont été ajustés aux spécificités des différents marchés verticaux visés.La crise du secteur des télécommunications a, semble-t-il, fortement contribué aux difficultés que Wind River a connues dans les deux dernières années. Qu'en est-il exactement ?En fait, la forte polarisation de Wind River sur le marché des télécommunications remonte à l'acquisition en 1999 de la société Integrated Systems, qui, globalement, réalisait une partie importante de son chiffre d'affaires sur ce secteur. Avant la crise, les télécoms représentaient encore presque la moitié de nos activités. Aujourd'hui, nous sommes revenus à une répartition plus équilibrée. Lors de notre dernier trimestre fiscal, clos fin octobre 2003, 30 % de notre chiffre d'affaires a été réalisé sur le marché des infrastructures télécoms et réseaux, 25 % dans le domaine de l'aéronautique, du spatial et de la défense, 20 % en électronique grand public, 14 % sur le marché de l'industriel et 4 % sur le secteur automobile. Les deux ou trois dernières années ont été difficiles, mais le Wind River d'aujourd'hui n'est absolument plus le même que le Wind River d'il y a cinq ans. Nous avons réagi aux pressions du marché et notre société est désormais bien structurée, plus souple et plus attentive aux besoins concrets des clients.Est-ce la raison principale de l'ouverture de Wind River vers le monde Linux et l'Open Source, une ouverture qui s'est concrétisée en quelques semaines par votre entrée au comité Carrier Grade Linux de l'OSDL (Open Source Development Labs), au forum CELF (Consumer Electronics Linux Forum) et au consortium Eclipse ?Il est vrai qu'une partie de nos clients ont pris le parti d'utiliser Linux dans certains de leurs équipements, notamment dans leurs matériels haut de gamme pour infrastructures de réseaux. Au sein d'un même châssis télécoms, il y a donc de plus en plus souvent coexistence de l'OS libre et d'un OS temps réel comme notre système d'exploitation VxWorks. C'est une réalité et notre rôle est de mettre tout en &oelig;uvre pour que la cohabitation entre les deux noyaux soit réussie. C'est la raison de notre participation au groupe de travail Carrier Grade Linux. Cette ouverture est fondamentale pour renforcer la présence de VxWorks sur le marché. Nos clients souhaitent également disposer avec Linux d'outils de développement de qualité comparable à celle des outils qu'ils utilisent avec VxWorks, ce qui n'a guère été le cas jusqu'ici. C'est pourquoi nos outils de débogage, en particulier ceux de la gamme VisionProbe II, ont commencé fin 2003 à supporter l'OS libre sur certaines architectures de processeurs. Par ailleurs, notre activité services peut depuis peu prendre en charge des projets de développement de systèmes embarqués sous Linux.D'un autre côté, nous avons reçu des indications très claires quant à l'enthousiasme de nos clients vis-à-vis de la plate-forme Open Source Eclipse, souvent présentée comme la structure de base des nouvelles générations d'environnements de développement intégrés. Nous avons donc décidé d'apporter notre contribution au consortium Eclipse. Le phénomène de l'Open Source est une évolution inéluctable dont Wind River est pleinement conscient. D'ailleurs, nous avons compris depuis un bon moment l'importance de l'accès au code source pour les utilisateurs, et c'est la raison pour laquelle le code source de VxWorks est disponible dans les plates-formes embarquées intégrées que nous commercialisons, et ce sans aucun surcoût.Alors, à quand une distribution Linux embarquée signée Wind River ?Pour le moment, la stratégie Linux de Wind River est axée uniquement sur les outils et les services. Il nous faut maintenant connaître les résultats de cet engagement. Quant à disposer d'une distribution Linux “ maison ”, ce sont les clients qui décideront…(*) Entre 8 000 et 15 000 dollars par an et par poste de développement.

« L’engagement de Wind River envers Linux répond à une attente client »

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