Couverture ElectroniqueS n°127

Une phase exploratoire, dotée d'un budget de 65 M euros, va s'étendre jusqu'en 2006, mais le programme en tant que tel devrait “ se poursuivre sur le long terme ” et bénéficier d'un financement “ beaucoup plus important ”. A l'instar des Etats-Unis, qui sont très actifs en matière de recherche sur la sécurité, notamment depuis les attentats du 11 septembre 2001, Bruxelles vient de donner le coup d'envoi d'un programme de R&D européen dans ce domaine. Ce programme doit permettre « d'assurer la sécurité des citoyens tout en stimulant l'industrie et la recherche européennes », explique la Commission. A l'invitation de Philippe Busquin et de Erkki Liikanen, commissaires en charge respectivement de la recherche et de la société de l'information, un groupe de personnalités (incluant des industriels, des chercheurs et des représentants des gouvernements) a tenu sa première réunion le 7 octobre dernier en vue de définir les grands axes de ce programme(*). Une dotation de 65 M euros a été proposée pour financer l'action préparatoire de ce groupe d'experts sur la période 2004-2006. Le coût total ne sera connu que d'ici plusieurs mois et sera « très supérieur » à ce montant, affirme la Commission. Le groupe d'experts remettra ses conclusions au printemps 2004 et pourra alors lancer ses premiers appels à propositions dans le courant de l'année 2004.Parmi les sujets susceptibles d'être abordés figurent l'interopérabilité des systèmes et des normes pour l'information et la communication, la gestion des crises (y compris les opérations d'évacuation et de repérage-sauvetage), le recours aux ressources spatiales européennes, la protection des infrastructures publiques et privées essentielles, la protection contre les incidents impliquant des substances biochimiques et autres substances hautement toxiques, les moyens de riposte n'entraînant pas la mort contre les actes terroristes, la surveillance des frontières, des infrastructures et de l'espace public. Quatre “ missions ” ont été définies, et à chacune d'entre elles ont été associés des thèmes technologiques appropriés (voir tableau).Les recherches civile et militaire sont invitées à coopérer« L'Europe paie très cher la séparation artificielle et exclusivement européenne entre la recherche civile et militaire. Les menaces nouvelles et plus complexes qui pèsent sur la sécurité exigent que nous adoptions une approche plus structurée et plus européenne concernant la recherche dans ce domaine », a expliqué Philippe Busquin. La recherche militaire a été clairement invitée à coopérer avec la recherche civile dans le cadre de ce programme. « Nous devons créer un environnement qui permette aux entreprises européennes de défense d'augmenter leur rentabilité en renforçant leur compétitivité. Cela serait également bénéfique aux industries civiles. Internet, l'interface “ Windows-icons-pointer ” et le système de repérage universel GPS sont autant de systèmes financés à l'origine par la recherche militaire américaine. L'Europe investit moins que les Etats-Unis, et la fragmentation et le compartimentage de notre recherche en matière de défense accentuent cet écart », estime Erkki Liikanen, qui voit dans ce programme « une étape décisive » pour résoudre ce problème.(*) Une description détaillée des objectifs du programme est accessible sur le site Internet de l'Union européenne : http://europa.eu.int/rapid/start. Puis, dans “ EU Institutions press releases ”, sélectionner “ Research ”, et enfin le document “ Frequently Asked Questions on European Security Research ” daté du 7 octobre 2003.L'Europe a un retard considérable en matière de R&D sur la sécuritéDans le cadre de son élargissement, qui engendrera de nouveaux défis sécuritaires, l'Europe comptera bientôt 25 Etats et 450 millions d'habitants qui produiront un quart du PIB mondial, rappelle la Commission. A ce titre, elle doit être prête à assumer sa part de responsabilité dans la sécurité du monde. Or, les budgets combinés consacrés à la R&D pour la défense dans l'ensemble des Etats membres de l'Union européenne sont environ cinq fois inférieurs au budget correspondant des Etats-Unis. En effet, le nouveau département américain de la Sécurité intérieure (DHS) obtiendra 669 M$ (572 M euros) de budget fédéral pour financer la R&D en 2003 soit près du triple des 266 M$ reçus pour des programmes comparables en 2002 et un milliard de dollars en 2004. De même, le budget de R&D du département américain de la Défense (DoD) a été augmenté récemment de 8,8 milliards de dollars (soit 17,6 %) pour atteindre 58,6 milliards de dollars (50,1 milliards d'euros). L'Union européenne risque donc de devenir plus dépendante et vulnérable dans ce secteur essentiel, déplore la Commission. Elle insiste sur la nécessité d'agir de manière urgente face à une certaine proportion de fragmentation et de duplication des systèmes de sécurité. Dans une communication de mars 2003 intitulée “ Vers une politique de l'Union européenne en matière d'équipements de défense ”, qui préconise la création d'un marché européen des matériels de défense, la Commission avait invité les Etats membres, les entreprises et la communauté scientifique à participer au recensement des besoins communs et à celui du savoir-faire et des investissements concernant le développement des technologies essentielles pour la sécurité en Europe. Avec le programme qui vient d'être initié, il s'agit maintenant de passer à la vitesse supérieure. Aux industriels de l'électronique de saisir cette opportunité !

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