Couverture ElectroniqueS n°127

D'ici à 2010, le marché des modules de test et de mesure au format PXI représentera le premier marché en instrumentation modulaire devant le VXI et les modules sur PC. C'est plus une victoire marketing qu'une réelle différenciation technique. Les imposants efforts marketing de l'Américain National Instruments en faveur de son standard en instrumentation modulaire auront finalement porté leurs fruits. Le PCI eXtensions for Instrumentation (PXI) fut, dès son apparition en 1997, confronté à forte partie en la personne du VXIbus, mais également des instruments GPIB. Pour mémoire, le PXI est une extension de l'architecture PCI optimisée pour les besoins spécifiques de l'instrumentation. Aux caractéristiques du bus PCI, le PXI ajoute des spécifications mécaniques (position du module contrôleur, refroidissement forcé, CEM et sécurité électrique) et électriques supplémentaires. Le principal bus fond de panier “ concurrent ” du PXI fut, et reste encore, le VXIbus, un standard mature et largement répandu dans les gros systèmes de test. Il s'agit en effet également d'une extension d'un bus standard, le VME dans ce cas, pour disposer d'un bus d'instrumentation à l'architecture ouverte. La création du VXIbus remonte à 1987 lorsque cinq sociétés, dont Hewlett-Packard (Agilent Technologies), Tektronix et Wavetek (Acterna), poussées par l'armée américaine, ont décidé de définir un bus basé sur le VMEbus et d'autres standards de l'instrumentation, le GPIB notamment. Les partisans du VXI ne donnaient, à l'époque, pas cher de la peau du tout jeune PXI. L'avenir semble finalement leur donner tort. Le marché mondial du PXI passera en effet, selon une étude du groupe Test et Mesure de Frost & Sullivan, de 84 millions de dollars en 2003 à 410 millions de dollars en 2010, dépassant allègrement le marché du VXI, qui ne progressera “ que ” de 226 à 309 M$ sur la même période. Le marché du PXI en 2010 serait également bien loin devant celui des instruments de test et de mesure sur PC, qui représenterait 223,5 M$ à cette date. Mais attention, ces chiffres ne reflètent qu'une partie des marchés. « Dans nos études, seuls les modules de test et de mesure sont pris en compte. Cela comprend les cartes d'entrées/sorties numériques, les numériseurs et oscilloscopes, les générateurs de signaux, les matrices de commutation, les contrôleurs d'instruments, ainsi que les ressources de test et de mesure dédiées à des marchés spécifiques (militaire, communications, automobile, etc.) », avertit Karthik.R, analyste chez Frost & Sullivan. Si l'on intègre les systèmes, les sous-systèmes et les activités d'intégration, les marchés du VXI et du PXI s'élevaient en 2003 aux alentours de 800 M$ et 100 M$ respectivement. Le PXI gagne par “ KO marketing ” Plusieurs raisons expliquent la croissance annuelle moyenne du PXI, de 28,4 % contre 4,5 % pour le VXI, prévue pour les six années à venir. Il y a évidemment les efforts bien plus importants que fournit National Instruments comparé aux investissements mis en &oelig;uvre par les partisans du VXI Frost & Sullivan parle même d'agressive promotion. Et cela est d'autant plus important dans un contexte économique difficile pour le test et la mesure. Il y a également des facteurs techniques qui vont jouer un rôle important dans l'essor du PXI. « La facilité d'utilisation, l'interopérabilité avec les ressources bien plus étoffées du CompactPCI les deux standards sont très proches, mis à part les quelques lignes de déclenchement propres au PXI, un facteur de forme compact et un faible coût pour certains types d'applications sont autant de facteurs susceptibles d'asseoir la réputation du PXI », affirme Jessy Cavazos, analyste chez Frost & Sullivan. Par ailleurs, l'évolution de la norme la version 2.1 a été approuvée l'année dernière (voir notre numéro du 16 octobre 2003) et l'apparition de nouveaux types de ressources vont permettre d'étendre les applications possibles du PXI. « Avec l'importance des radio-communications, l'arrivée de fournisseurs réputés dans le domaine du test RF, à l'image d'Aeroflex avec sa famille PXI 3000 , a été une bouffée d'oxygène pour certains utilisateurs », constate Karthik.R. Pourtant, le VXI est loin d'être mort et enterré. Ce standard reste incontournable dans les applications militaires et celles nécessitant une forte densité d'entrées/sorties et de matrices de commutation. « La part de ces marchés est d'ailleurs passée de 28,8 % en 2001 à 40 % en 2003, malgré les faibles investissements réalisés par les militaires au niveau de la production. La focalisation sur des marchés de niche sera peut-être l'une des autres sources de croissance du VXI », avance Karthik.R. Côté acteurs, le VXI compte encore un plus grand nombre de fournisseurs, une soixantaine environ avec, comme trio de tête, Agilent Technologies, Racal Instruments et VXI Technologies (distribué en France par MB Electronique) contre 35 pour le PXI. Rappelons que l'étude concerne uniquement les modules de test et de mesure et non les systèmes et les services, dont l'intégration. Mais, preuve de l'intérêt économique du PXI, des fournisseurs VXI, jusque-là farouchement opposés au PXI, se sont mis à proposer quelques ressources PXI, à l'instar des Américains Racal Instruments ou KineticSystems. Trouver des niches est également l'une des conditions de survie des fournisseurs de modules de test et de mesure sur PC. Même si PXI et PC sont plus vus comme des solutions complémentaires que concurrentes, la croissance annuelle moyenne de 7,7 % du marché des modules PC entre 2003 et 2010 n'a pas grand-chose à voir avec celle prévue pour le PXI (+25,4 %). Frost & Sullivan avance, comme explication à cette différence, le suréquipement effectué entre 1999 et 2000. « Dans le contexte de suréquipement, même des solutions de test sur PC, considérées comme économiques, n'ont pas été retenues par les quelques utilisateurs désireux de développer un système de test. Cela explique la réduction des investissements, phénomène qui tarde à s'inverser et qui ralentira de facto la progression du marché des modules de mesure PC », explique Karthik.R. A cela s'ajoutent la limitation du nombre de ressources qu'un PC peut accueillir (quatre au maximum), la concurrence des appareils GPIB largement répandus et l'apparition d'Ethernet. Les utilisateurs peuvent ainsi se servir d'un instrument de mesure de table à partir de leur PC… même s'ils se trouvent à plusieurs centaines de kilomètres de distance. Ce marché, très fragmenté environ 80 fournisseurs ont été recensés par Frost & Sullivan, dont une kyrielle de très petites sociétés et monopolisé par National Instruments (voir schéma et tableau), ne verra son salut qu'au travers d'une forte promotion, qui passe obligatoirement par la création d'une alliance, et d'une tendance plus marquée vers les applications de niche. Parmi ces marchés de niche, l'étude mentionne le test des bus de données avioniques, le boundary scan, la physique des hautes énergies, entre autres.

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