Couverture ElectroniqueS n°127

L'Inria et le Léti créent un centre pilote de conception de systèmes embarqués matériel + logiciel avec une trentaine d'ingénieurs. Une coopération qui cristallise les atouts existants du pôle grenoblois dans ce domaine. Grenoble Rapprocher le matériel et le logiciel, concentrer les efforts de recherche, mettre en place, dans la Région Rhône-Alpes, un concept pour réaliser les futurs systèmes sur une puce ! Tel sera le triple rôle joué par le centre pilote de conception de systèmes embarqués que viennent de créer l'unité de recherche Rhône-Alpes de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) et le Laboratoire d'électronique et de technologie de l'information (Léti) du centre CEA de Grenoble. Ce centre, qui s'inscrit dans le projet Minatec, associe donc les compétences logicielles de l'Inria, d'une part, et le savoir-faire dans les micro - et nanotechnologies du Léti, d'autre part. « Il s'agit d'un accord de collaboration scientifique pour une durée de 4 ans. Le démarrage est immédiat avec une trentaine d'ingénieurs de conception matérielle et logicielle. Mais nous comptons bien semer ainsi un germe en vue d'une coopération encore plus importante dans le futur, précise Bernard Barbier, directeur du CEA-Léti. Des projets communs de R&D déjà existants portent par exemple sur l'optimisation des architectures matérielles, des compilateurs et des algorithmes de traitement des données pour réduire la consommation électrique des systèmes électroniques. Les thèmes inscrits dans la convention de recherche, à savoir la validation de systèmes asynchrones et la conception d'opérateurs arithmétiques de base et de logiciels basse consommation, exigent une étroite coopération entre les spécialistes des deux secteurs », poursuit Bernard Espiau, directeur de l'Inria Rhône-Alpes. De fait, les objectifs de l'Inria et du Léti rejoignent les ambitions de tout le pôle grenoblois, qui regroupe d'ores et déjà les tissus industriel, universitaire et de recherche susceptibles d'en faire un centre d'excellence international dans le domaine des systèmes embarqués.Premiers projets de “ Grenoble Network Initiative ”A ce tissu industriel s'ajoutent des centres universitaires de formation comme l'université Joseph-Fourier et l'Institut national polytechnique de Grenoble (INPG), et des laboratoires de recherche publics comme l'Inria, le CEA-Léti et les unités mixtes de recherche CNRS-INPG-UJF telles que Verimag et Tima. Toutes ces entités ont d'importantes activités dans l'embarqué. Verimag, notamment, fait partie des réseaux d'excellence Artist et Artist 2. La communauté informatique locale a, de son côté, lancé une initiative sur le thème des systèmes embarqués dès 2002. Cette initiative a fait suite à une mission “ logiciel ” confiée par le préfet de Région pour mobiliser la communauté scientifique et industrielle sur la convergence logiciel-matériel. Baptisée Grenoble Network Initiative (GNI), elle a vu l'an passé s'étoffer projets et axes stratégiques. Ces derniers se déclinent sur plusieurs niveaux: conception, certification, formation, compétitivité internationale, rapprochement recherche-entreprises. Sur ce dernier point, les projets sont aujourd'hui très avancés. Les axes définis prévoient une recherche collaborative précompétitive. Suite à un appel à propositions, le GNI, qui a obtenu le soutien des collectivités locales, a reçu onze propositions dont trois ont été retenues dans un premier temps. Une première coopération sur le thème des méthodes de conception vient de démarrer en février dernier.En ce qui concerne le projet formation, les travaux vont porter sur un renforcement de l'enseignement mixte matériel + logiciel dans la région grenobloise, qui devra immanquablement passer par un renouvellement de l'offre. « Les entreprises demandent une vraie double formation de conception matériel + logiciel, et en même temps une connaissance du métier de l'entreprise, par exemple l'automobile ou l'avionique », précise Jacques Voiron, chargé de mission Affaires européennes. Quant à la compétitivité internationale, il y a consensus parmi les acteurs locaux. « Grenoble a le potentiel pour devenir l'un des pôles internationaux majeurs pour les systèmes embarqués », résume Jean-Pierre Verjus, directeur de l'information et de la communication à l'Inria. N'empêche que sa concrétisation suppose encore un renforcement des synergies locales entre les leaders industriels, les sociétés de services en conception électronique et les responsables de la recherche et de l'enseignement.

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