Couverture ElectroniqueS n°127

Les ventes ont reculé de 15 % au premier semestre 2007 et aucun sursaut ne s'annonce au second semestre. Une baisse de l'ordre de 20 % est à craindre sur l'ensemble de l'année. « L'année 2007 est difficile pour l'Europe de la distribution de composants qui, au mieux, ne devrait enregistrer qu'une faible croissance de ses ventes », nous a déclaré Patrick Zammit, directeur général d'Avnet EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique). La France est même la plus mauvaise élève de l'Europe, avec une baisse de 15,2 % de son chiffre d'affaires au premier semestre 2007 par rapport au premier semestre 2006 (voir EI n° 654). Du fait de son manque structurel de grandes PME (sur lesquelles s'appuie la croissance de la distribution allemande), la France subit de plein fouet les délocalisations de production qui concernent les grands groupes traditionnels (Alcatel, Sagem), les nouveaux venus issus de la montée d'Internet et du multimédia dans les années quatre-vingt-dix (Archos, Free et sa Freebox, Inventel…), ainsi que la sous-traitance qui représente, en France, plus de 40 % du chiffre d'affaires de la distribution. Dans ce dernier secteur, les fermetures des sites français des ténors mondiaux, qui avaient racheté à de grands industriels (Alcatel, Nortel), des usines avec les plans de charge correspondants sur trois à cinq ans, se sont accélérées. Les contrats liant ces sites à leurs anciens propriétaires devenus leurs clients (exclusifs) sont arrivés à échéance : ainsi de Flextronics Laval (Alcatel), Celestica Saumur (Lucent) et Celestica Guérande, puis, cette année, de Flextronics Châteaudun (Nortel) et Solectron Bordeaux. Sans compter des problèmes chez Jabil Brest (Alcatel) et Sanmina-SCI Tourlaville. Il en résulte une réduction du marché total des composants (TAM) donc de celui accessible à la distribution (DTAM). En outre, « le taux de change euro contre dollar aura pour conséquence une perte de cinq à six points cette année », juge M. Zammit. Aussi, les prévisions des distributeurs concernant le marché français sont-elles pessimistes : de -18 à -22 % sur l'ensemble de cette année. « En composants, le DTAM pourrait reculer de 13 à 20 %, alors que l'ensemble du marché des composants de l'Hexagone pourrait, lui, chuter de 25 % », juge, par exemple, Thierry Lenormand, directeur général d'Arrow France, société (représentant quelque 30 % du DTAM) dont les résultats semblent épouser la tendance.Un second semestre pire encore et une concurrence qui s'exacerbeEBV Elektronik, filiale semiconducteurs d'Avnet qui représente 21 % du DTAM français en semiconducteurs, a, selon nos estimations, enregistré une légère baisse de ses ventes du premier semestre 2007 comparé à celles de la même période de l'an passé. « Nous avons connu un bon premier semestre », nous a, en revanche, confié Anelli Forte, directeur général de Silica, autre filiale semiconducteurs d'Avnet qui représente 22 % du DTA M français en semiconducteurs.Il ne faudra pas compter sur le second semestre pour rattraper le premier. « Au troisième trimestre 2007, nos ventes ont été stables par rapport au troisième trimestre 2006, et la fin de l'année s'annonce faible : aujourd'hui, tout le monde court après les commandes », annonce M. Forte qui prévoit tout de même (grâce à un bon premier semestre) une croissance de l'ordre de 5 % de son chiffre d'affaires annuel. « En France, la fin d'année est traditionnellement faible pour notre profession, car les industriels, notamment les sous-traitants, cherchent à minimiser leurs stocks et, pour cela, limitent leurs demandes de composants », rappelle Marc Lopez, directeur général de Future Electronics France, société qui monte toujours en puissance et vise la quatrième place dans l'Hexagone (place qu'elle occupe en Europe). Future France devrait, cette année, enregistrer une croissance de 10 % de son chiffre d'affaires (ici encore grâce à un bon premier semestre). Dans ce contexte difficile, plusieurs distributeurs affichent toutefois des objectifs de croissance ambitieux. MSC-Gleichmann France, dont les ventes du premier semestre ont progressé de 30 % par rapport au premier semestre 2006, « vise à l'avenir un triplement de son chiffre d'affaires », ainsi que nous l'a confié Christine Commelin, nouvelle directrice générale de MSC-France. PNE Electronics continue lui aussi un parcours sans faute : « Nous devrions, en 2007, augmenter de 25 % notre chiffre d'affaires, à 50 millions d'euros », déclare Christian Berquier, président de la société. Cette société qui regroupe un ensemble de métiers (distributeur franchisé généraliste, distributeur de composants spécialisés via sa filiale Attitude Electronique, centrale d'achats, broker) et qui s'appuie sur une plate-forme logistique conséquente basée près de Rouen, envisage, pour 2008, une croissance de 20 à 30 % ! PNE ne cache par ailleurs pas que, pour continuer à croître, il cherche à s'adosser à un grand groupe américain, européen ou international. Parmi les distributeurs de cartes réputées difficiles, des distributeurs dits spécialisés, Avnet Memec ambitionne une progression de 20 à 22 % de son chiffre d'affaires 2007-2008 (exercice clos fin juin 2008) pour une croissance de 13 % à 22 millions d'euros au cours de l'exercice 2006-2007. A noter qu'Acal France, dont les ventes du premier semestre ont progressé de 8 % environ, envisage pour 2007, une croissance comprise entre 5 et 10 %, et qu'au premier semestre de cette année le chiffre d'affaires d'Azzurri France a augmenté de 8 à 9 % par rapport à la même période de l'an passé.Les grands de la distribution en Europe, qui peaufinent toujours et encore leurs offres de services (logistiques, soutien au design…), ne sont pas en reste et cherchent, eux aussi, à grandir dans les secteurs où ils ne se jugent pas assez présents : Avnet Europe a ainsi fait part de son intention de muscler son activité composants passifs, électromécaniques et de connectique (pemco) par croissance externe ; Abacus veut renforcer sa présence en Allemagne via des acquisitions…Pour 2008, les prévisions divergent. « La tenue des Jeux Olympiques peut créer une relance de la demande de composants à l'échelle mondiale et, par répercussion, entraîner des changements favorables », estime notamment M. Forte.

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