Couverture ElectroniqueS n°127

La radio numérique s'apprête à devenir une réalité concrète dans l'Hexagone. Le gouvernement français a statué sur les normes de diffusion terrestres ad hoc. « La mécanique est désormais enclenchée pour que la radio numérique arrive chez les Français dans un an », s'est réjoui François Loos, le ministre délégué à l'Industrie, en annonçant officiellement, le 13 mars dernier, les normes de diffusion retenues par le gouvernement. Il était temps. Passé il y a dix ans à côté du DAB (seule la Grande-Bretagne s'est convertie en masse à ce standard de diffusion numérique de programmes audio, avec, pour la seule année 2006, plus de 1,7 million de postes DAB vendus…), l'Hexagone va s'engager enfin sur la voie de la numérisation de la « radio ». Avec l'espoir, pour toute une industrie, que le succès soit similaire à celui remporté par la TNT. « La radio numérique sera synonyme de reconquête de l'audience, aujourd'hui déclinante, mais ses atouts actuels seront préservés, a souligné François Loos. A la différence de ce que nous avons prévu pour la télévision, avec un passage au tout-numérique fin 2011, la radio FM ne sera pas éteinte avant de nombreuses années. Elle est un succès et notre démarche consiste actuellement, non pas à lui substituer une autre technologie, mais à enrichir le paysage radiophonique grâce aux techniques de numérisation. » Deux multiplex déjà disponibles en bande III On s'en doute, c'est la bande III, proche de la FM au niveau des conditions de propagation, qui intéresse majoritairement les acteurs du monde de la radio. D'autant que, pour cette gamme de fréquences, le coût d'un réseau de diffusion serait de 20 % inférieur à celui d'un réseau FM à taux de couverture comparable… et qu'aujourd'hui, deux multiplex de 1,5 MHz sont d'ores et déjà disponibles partout à l'échelle nationale dans cette bande. Un chiffre qui devrait passer à six, dès que les fréquences occupées par la diffusion analogique de Canal+ seront libérées (ce qui devrait être fait au plus tard, donc, en 2011). Quoi qu'il en soit, la balle est désormais dans le camp du CSA. Le 12 mars dernier, le gouvernement a transmis à l'organisme de régulation ses arrêtés portant sur les normes de diffusion terrestre, ainsi que sur les normes de diffusion satellite (voir l'encadré page 6). Le CSA devrait faire part de son avis sur la question avant la mi-avril. Afin de tenir compte des dernières avancées techniques liées à la radio numérique, le gouvernement a toutefois souhaité aussi attirer l'attention du CSA sur le DAB+, tout juste finalisé, l'objectif étant de recueillir son analyse sur l'opportunité d'introduire ce standard dès à présent dans l'arrêté « signal ». De fait, les premiers récepteurs radio DAB+ pourraient être disponibles dès la fin de cette année, à des coûts qui ne devraient pas dépasser ceux des postes DAB vendus actuellement au Royaume-Uni, soit moins de 50 euros (voir EI n° 643). A l'instar du T-DMB, le DAB+ intègre la technique d'encodage audio MPEG-4 HE-AAC, mais il remplace la couche transport MPEG-2 TS par un autre procédé (baptisé LFA960), moins consommateur en surdébit, et n'autorise pas la diffusion de programmes vidéo H.264 (voir illustration ci-contre). Partant, il serait possible d'injecter jusqu'à vingt programmes audio dans un même multiplex DAB+, donc davantage qu'en T-DMB. Une fois que le CSA aura rendu son avis sur les normes préconisées par le gouvernement, il lui faudra par la suite définir les paramètres techniques d'émission (notamment pour qu'une réception indoor sans antenne extérieure soit possible dans la majorité des foyers) et établir les zones à couvrir de manière prioritaire en tenant compte des besoins de l'ensemble des opérateurs. Ce n'est qu'après cette étape que les appels à candidature pourront être lancés. L'attribution des premières licences pourrait alors intervenir dans la seconde moitié de l'année 2008. Les normes retenues par le gouvernement français Pour la diffusion terrestre de programmes audionumériques, le gouvernement français a porté son choix sur les normes suivantes : DRM (Digital Radio Mobile) pour les bandes AM (ondes courtes, moyennes et longues) situées en dessous de 30 MHz ; T-DMB (Terrestrial Digital Mobile Broadcasting) pour les bandes III (174-230 MHz) et L (1 452-1 492 MHz) ; éventuellement (en fonction de l'avis à venir du CSA), DAB+, également dans les bandes III et L. Pour la diffusion par satellite, le gouvernement français a retenu les deux normes suivantes : E-SDR (European Satellite Digital Radio), utilisable dans la partie haute de la bande L (1 479,50-1 492 MHz) ; DVB-SH (Digital Video Broadcast-Satellite Services for Handhelds), utilisable dans la bande 2 170-2 200 MHz. Le gouvernement français statue aussi sur les normes de diffusion mobile par satellite Le 13 mars, le ministre délégué à l'Industrie, François Loos, a précisé les normes retenues pour la diffusion numérique par satellite. A ce titre, ont été sélectionnées les normes E-SDR (pour la radio) et DVB-SH (pour la TV). Publiée par l'Etsi sur son site Web fin février et issue d'une proposition de WorldSpace et d'Alcatel Space, la norme E-SDR définit les paramètres d'un système hybride de diffusion de programmes et de services radio numériques à destination, notamment, des automobilistes. Hybride au sens où ce système associe transmission par satellite et réseaux de répéteurs terrestres, nécessaires lorsque le terminal de réception n'est pas en vue directe du satellite. Les technologies retenues devraient permettre de diffuser jusqu'à cent programmes radio stéréo par multiplex de 5 MHz. Une décision européenne édictée en 2002 a réservé le haut de la bande satellite L (1 479,5-1 492 MHz) pour ce type de services. Finalisée en février par le Forum DVB et en cours de publication à l'Etsi, la future norme DVB-SH s'adresse aussi aux systèmes hybrides satellite/terrestre, mais son application est beaucoup plus large que la norme E-SDR, puisqu'elle a été développée pour la diffusion de programmes TV vers des terminaux mobiles de poche. « Le choix du DVB-SH vient en soutien du projet TVMSL d'Alcatel-Lucent que finance l'Agence de l'innovation industrielle », a précisé François Loos (lire notre article page 43 pour plus de détails).

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