Couverture ElectroniqueS n°127

Spécialiste de la reconnaissance d'écriture manuscrite, le français VisionObjects, déjà réputé dans le domaine de l'automatisation de formulaires, attaque désormais franchement les marchés de l'embarqué, comme l'automobile ou la téléphonie mobile. N'importe quel conducteur qui a pianoté sur un GPS pour entrer et valider une destination tout en restant les yeux rivés sur la route (alors que la voiture roule à pleine vitesse) connaît l'extrême difficulté de la chose… et les entorses à la sécurité que l'exercice entraîne inévitablement ! Les constructeurs d'automobiles et les équipementiers de première monte en sont clairement conscients et échafaudent des scénarios capables d'éviter ce type de comportement dangereux. Comme la reconnaissance de la parole ne donne pas forcément de bons résultats dans un environnement bruité comme l'habitacle d'un véhicule, d'aucuns pensent aujourd'hui très sérieusement à intégrer la reconnaissance d'écriture au niveau du tableau de bord.Un procédé implanté dans des stylos numériquesGrâce à une sorte de pavé tactile implanté près du levier de vitesse, le conducteur pourrait alors tracer des lettres avec son doigt pour contrôler son GPS ou tout autre équipement d'information ou de divertissement embarqué. « La reconnaissance d'écriture, associée à la synthèse vocale, est désormais considérée comme une solution viable et performante par les constructeurs et les équipementiers automobiles, assure Olivier Cros, directeur des ventes Europe de VisionObjects, société française spécialiste des algorithmes de logiciels de reconnaissance de caractères isolés et d'écriture cursive. Les premières voitures équipées seront d'ailleurs lancées début 2010, puisque nous avons déjà signé un accord en ce sens avec un fabricant européen de voitures haut de gamme ».Cette percée sur le marché de l'automobile ne fait que confirmer la volonté de VisionObjects, société nantaise créée en 1998 et déjà réputée dans le domaine de l'automatisation de formulaires, de s'imposer dans le monde de l'embarqué. Un monde où le Français s'est déjà immiscé avec un succès certain. C'est en effet la technologie MyScript de VisionObjects qui équipe depuis 2005 la gamme d'ordinateurs/stylos numériques de l'américain LeapFrog, un spécialiste des jeux éducatifs interactifs. Et c'est également le logiciel MyScript qui est associé au stylo électronique de Livescribe, dont la commercialisation a démarré mi-2008 aux Etats-Unis et dont la disponibilité en Europe est imminente. Adapté à la prise de notes et à leur numérisation ultérieure sur un PC ou un Mac via le programme MyScript Notes, le Pulse SmartPen (c'est son nom) affiche d'autres fonctions intéressantes grâce à la technologie de VisionObjects également directement enfouie dans le stylo. Via un haut-parleur, il est ainsi capable de donner oralement la définition ou la traduction d'un mot balayé par la caméra intégrée(*), traduction visualisable par ailleurs sur un petit écran. Doté d'un microphone, le produit peut aussi enregistrer une conférence ou un cours. Une fois chez soi ou à son bureau, rien de plus simple alors que de restituer les paroles exactes prononcées par le conférencier ou le professeur à un moment précis : il suffit de positionner le stylo sur les notes prises simultanément, l'écriture servant alors de repère temporel ! Plusieurs centaines de milliers d'exemplaires du Pulse SmartPen auraient déjà été vendus outre-Atlantique.Aujourd'hui à l'&oelig;uvre dans des tableaux bancs interactifs, des tablettes PC, des livres électroniques ou des tablettes Internet, le logiciel MyScript peut également être déployé sur toute plate-forme utilisant l'écriture manuscrite comme méthode de saisie des données, que l'on se serve d'un stylet ou de son doigt. De fait, alors que VisionObjects a annoncé, en janvier 2009, un contrat avec Intel afin d'équiper les ordinateurs pour écoliers Classmate PC de l'Américain, le Français a parallèlement amorcé sa percée sur le marché de la téléphonie mobile. Avec déjà deux gros clients à son actif : LG, qui fut le premier industriel du secteur à être séduit, et Nokia, dont les premiers smartphones avec écrans tactiles sont attendus en 2009. Et VisionObjects voit encore plus loin. La société a signé un partenariat avec Stantum Technologies, afin de fournir aux fabricants de terminaux mobiles une solution commune couplant son logiciel de reconnaissance d'écriture à la technologie de détection résistive de touchés multipoints de la jeune firme bordelaise.« Notre kit de développement logiciel MyScript a l'avantage d'être échelonnable ; il s'adapte donc aussi bien au marché de l'informatique généraliste qu'à celui de l'embarqué, sachant qu'une puissance minimale de 100 Mips est néanmoins recommandée », souligne Olivier Cros. A titre d'exemples, une version adaptée à la reconnaissance de caractères latins isolés peut afficher une empreinte mémoire de 570 Ko et se satisfaire de seulement 32 Ko de mémoire Ram. Pour une mouture qui puisse aussi reconnaître l'écriture cursive, il faut compter une empreinte mémoire de 1 230 Ko et 256 Ko de Ram.(*) Ce type de stylo s'utilise sur des pages ou des feuilles de papier où est imprimée une matrice de points noirs convertibles en coordonnées spatiales, une technologie développée à l'origine par le suédois Anoto.La technologie de reconnaissance d'écriture MyScript en quelques motsPortable sur différentes plates-formes logicielles informatiques ou embarquées (Windows, Linux, Mac OS, Symbian OS, Linux embarqué, Windows CE, etc.), la technologie MyScript reconnaît l'écriture cursive dans une quinzaine de langues occidentales et asiatiques (plus de 80 pour les caractères isolés et imprimés).MyScript est basée sur une technologie de reconnaissance d'écriture manuscrite « on-line » qui utilise les données dynamiques de millions d'échantillons d'écritures préalablement rassemblés. Le moteur de reconnaissance proprement dit est aidé dans sa tâche par des modules experts : un expert dit « caractère » qui extrait les caractéristiques principales des lettres ou caractères tracés et les reconnaît individuellement ; un expert « segmentation » qui analyse l'encre numérique et prend des décisions sur la manière de segmenter les tracés continus en différents lettres et caractères (l'objectif étant de reconstituer des mots avec un sens) ainsi qu'un expert « langue » qui utilise des informations linguistiques (lexiques, expressions habituelles, occurrences répandues de suites de mots, etc.) pour identifier correctement les divers éléments de la langue écrite. Les trois modules travaillent de concert pour analyser toutes les données et effectuer une reconnaissance la plus juste possible.

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