Couverture ElectroniqueS n°127

L'IEEE compte ratifier dans quelques semaines la norme 802.11i, qui doit doper la sécurité des réseaux Wi-Fi. Fin 2004 viendra le tour de la spécification 802.11e, qui doit permettre à la voix et à la vidéo de transiter avec une bonne qualité sur les réseaux locaux sans fil. Régulièrement pointées du doigt, les lacunes actuelles des réseaux Wi-Fi en matière de sécurité devraient bientôt être rangées définitivement au rayon des mauvais souvenirs. L'alliance Wi-Fi se dit prête, en effet, à accorder dès le mois de septembre prochain des labels de certification “ WPA2 ” à des produits compatibles 802.11i. Dédiée à la sécurisation des réseaux locaux radioélectriques 802.11a, b ou g, la spécification 802.11i, que l'organisme américain IEEE doit ratifier officiellement en juillet, va compléter, tout en le rendant encore plus efficace, l'actuel standard WPA. Elaboré fin 2002 par l'alliance Wi-Fi, WPA (Wi-Fi Protected Access) a remplacé courant 2003 le mécanisme WEP (Wired Equivalent Privacy) décrit en option dans la norme 802.11 et jugé beaucoup trop vulnérable (voir notre numéro du 15 novembre 2002). La spécification 802.11i se présente en pratique comme un surensemble de WPA, les membres de l'alliance Wi-Fi ayant sélectionné il y a un an et demi des caractéristiques déjà stabilisées par le groupe de travail 802.11i de l'IEEE. On retrouve donc dans la future norme les mécanismes introduits pour combler les faiblesses fondamentales de WEP : un mécanisme d'authentification de l'utilisateur fondé sur les techniques 802.1x et EAP (Extensible Authentification Protocol)(1), un contrôle de l'intégrité des messages et un mécanisme de cryptage des données renforcé, basé sur le protocole TKIP (Temporal Key Integrity Protocol). L'utilisation de ce protocole se traduit en particulier par un changement périodique et automatique des clefs de chiffrement, l'algorithme RC4 étant mis en &oelig;uvre pour le chiffrement proprement dit. C'est d'ailleurs à ce niveau que réside la nouveauté importante apportée par la spécification 802.11i. Celle-ci ajoute en effet à WPA une cryptographie plus forte avec l'algorithme AES (Advanced Encryption Standard), qui sert également de base à un système de contrôle d'intégrité. L'implantation concrète de la technologie AES, gourmande en performances, nécessitera néanmoins le lancement de nouveaux équipements (cartes et points d'accès), ce que le passage en 2003 du WEP au WPA n'a pas imposé. De fait, cette transition a pu généralement se faire par une simple mise à jour logicielle. Le volet 802.11i ne représente toutefois qu'un aspect de l'évolution attendue des réseaux Wi-Fi dans les mois qui viennent. Courant septembre, l'alliance Wi-Fi compte également certifier les premiers produits compatibles avec le sous-ensemble WME (Wireless Media Extensions) de la future norme IEEE 802.11e. WME et WSM : les deux mécanismes du 802.11e Cette norme, dont la ratification complète devrait intervenir plutôt vers la fin de l'année, doit permettre aux réseaux 802.11a, b ou g de supporter les applications exigeantes en termes de qualité de service, comme les communications vocales sur IP et les transmissions de programmes TV, voire TVHD, en temps réel (voir notre numéro du 20 novembre 2003). Considéré comme une solution intermédiaire en attendant le bouclage définitif de la spécification 802.11e, WME repose sur l'affectation de niveaux de priorité aux divers trafics transitant sur le réseau sans fil en fonction de leur criticité. Les différents niveaux de priorité sont en fait exploités par un mécanisme appelé EDCA, évolution du mode de communication traditionnel de la norme 802.11. Celui-ci, rappelons-le, impose aux stations du réseau souhaitant émettre de vérifier d'abord que le canal radio est inoccupé, puis de respecter un laps de temps avant de réellement débuter la transmission (afin d'éviter au maximum les collisions). Avec le mécanisme EDCA, ce laps de temps est d'autant plus court que le trafic est classé dans une catégorie de plus grande priorité, d'où la probabilité statistique que les flux à fortes contraintes temps réel “ passent ” devant les flux de données moins critiques. La norme 802.11e définit par ailleurs un deuxième mécanisme, du nom de WSM (Wi-Fi Scheduled Media), utilisé pour garantir une bande passante minimale aux flux prioritaires grâce à des “ fenêtres ” de transmission réservées. En certifiant d'abord les produits compatibles WME, l'alliance Wi-Fi a préféré procéder dans le domaine de la qualité de service à la manière de ce qu'elle avait fait dans le domaine de la sécurité et ne retenir, dans un premier temps, que la technologie la plus mûre… et la plus stabilisée. Dans ces conditions, des équipements labellisés WME et notamment des téléphones mobiles aptes lancer des communications téléphoniques sur des réseaux Wi-Fi publics ou privés(2) pourraient être lancés sur le marché dès la fin de cette année. Voir notre lexique page 26.(1) EAP est un protocole générique et autorise de nombreuses méthodes d'authentification : cartes, jetons d'authentification forte, Kerberos, certificats et PKI…(2) Ces combinés sont parfois dénommés téléphones VoWLAN (Voice over WLAN) ou VoWiFi (Voice over Wi-Fi). Selon ABI Research, 7 % des téléphones mobiles vendus dans le monde en 2009 seront des radiotéléphones à la fois cellulaires et VoWLAN.

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