Couverture ElectroniqueS n°127

Dans un monde marqué par l'émergence de la Chine comme nouvelle puissance économique, la sous-traitance en électronique pourrait ralentir sa croissance, selon iSuppli. Un phénomène susceptible d'accélérer les changements en cours dans ce secteur. Entre 2007 et 2012, le marché mondial de la sous-traitance traditionnelle et ODM (alliant des services de production et de conception) devrait, selon la société d'études iSuppli, progresser de 7,2 % par an en moyenne pour atteindre 432,3 milliards de dollars (contre 305,5 milliards en 2007). Or, entre 2002 et 2007 la croissance moyenne annuelle de ce même marché a été de 15,5 %. Et dans les années quatre-vingt-dix, la progression était encore supérieure, affirme iSuppli. Les raisons de cette diminution du taux de croissance sont, de l'avis de la société d'études, à rechercher dans l'arrivée à maturité d'un marché jusqu'alors neuf, dans les changements de stratégies de sélection des fournisseurs, dans les modifications des besoins de ces derniers, ainsi que dans les acquisitions entre grands traitants, acquisitions dont l'un des derniers exemples est celui de Solectron par Flextronics (en juin 2007, voir EI n° 650). iSuppli estime même que ces rachats pourraient se multiplier dans les cinq ans à venir. « Certains grands sous-traitants sont à l'affût de concurrents qui, cherchant d'abord à améliorer leurs bénéfices, présentent des chiffres d'affaires stagnants ou en recul », souligne ainsi Adam Pick, analyste chez iSuppli. Exemples de tels sous-traitants en souffrance : Sanmina-SCI (- 6,8 % en 2007), Celestica (- 8,4 %) et Elcoteq (- 6 %). « 88 % des responsables des dix premières sociétés mondiales de sous-traitance prédisent la disparition d'au moins un des trois d'ici à 2013 », précise d'ailleurs iSuppli. Cependant, il faut à tout le moins des acheteurs : or, les sous-traitants qui peuvent aujourd'hui prétendre au rachat de Sanmina-SCI, Celestica ou Elcoteq ou à une fusion avec l'une de ces sociétés ne sont pas légion… Il y a les premiers mondiaux de la sous-traitance traditionnelle, (Hon Hai Precision, Flextronics, Jabil Circuit) et les ténors de la sous-traitance ODM, les frontières entre les deux mondes s'estompant d'ailleurs de plus en plus comme le montre, par exemple, la coloration de plus en plus ODM prise par Hon Hai Precision et Flextronics. Plus de transparence entre sous-traitants, donneurs d'ordres et fournisseursLe fléchissement de la croissance du marché et la nécessité de forts investissements tant en conception qu'en production obligent également les sous-traitants, leurs donneurs d'ordres et leurs fournisseurs à travailler dans une plus grande transparence. C'est ce que prouve l'externalisation par les donneurs d'ordres de projets complets (conception, fabrication, livraisons et maintenance) confiés aux sous-traitants, en même temps que la mise en place d'offres globales chez ces derniers. C'est également ce que montre l'implication de plus en plus fréquente des fabricants de composants et des distributeurs dans la conception et même dans la fabrication des matériels de leurs clients (sous-traitants et OEM) à travers l'irruption de la politique du « design in » et du « design win », ainsi qu'à travers l'avènement de nouveaux outils logiciels d'aide à la constitution des nomenclatures (tels que l'outil PartMiner, voir EI n° 671). Il s'agit moins en effet de gagner de l'argent sur le dos de son client immédiat que de participer au succès final d'un produit électronique dont les retombées iront à tous les participants de la chaîne d'approvisionnement, du fabricant de composants à l'équipementier vendeur du matériel. Le client n'est pas en reste, puisque ses réactions et ses commentaires sont également de plus en plus sollicités, et de plus en plus tôt dans la chaîne de production ainsi qu'en témoigne la récente envolée des outils de gestion de la relation client (CRM pour Customer Relationship Management). L'implication du client dans la fabrication du produit, comme c'est le cas dans la personnalisation des téléphones portables (ModeLabs) ou des véhicules (Swatch), n'en est, selon toute vraisemblance, qu'à ses débuts. Et la responsabilisation du client, recherchée au plan de la grande consommation, à travers la mise en place du commerce équitable et de la vente de produits respectant l'environnement, n'est que la facette morale du même phénomène. In fine, il apparaît que plutôt que de posséder un produit, le client aura participé à l'élaboration d'un produit qui, en partie du moins, le représentera. Même si fléchissement de la croissance pour la sous-traitance mondiale il y a, ainsi que le prévoit iSuppli, ce fléchissement aidera, on le voit, à une plus forte coordination de tous les acteurs de la « supply chain » en électronique. Un bon cru 2007+ 16,7 % pour les ventes 2007 des cinquante premiers mondiaux. En 2007, les ventes des cinquante premiers sous-traitants mondiaux de l'électronique traditionnelle ont, selon la société d'études Manufacturing Market Insider (MMI), progressé de 16,7 % et auraient représenté 80 % du marché mondial. L'an passé, le ticket d'entrée dans le club des cinquante premiers mondiaux était de 229 M$. Trop élevé pour les européens Simclar (205 M$ de CA 2007) et Eolane (186 M$ de CA 2007) ainsi que pour les américains OnCore Manufacturing Process (225 M$), Sparton (212 M$), KeyTronic EMS (200 M$) et MC Assembly (187 M$). Cinq sous-traitants du Vieux Continent ont toutefois fait leur entrée dans le classement soit en raison de leurs bonnes performances de l'an passé (cas du belge Epiq, 44e), soit parce qu'ils avaient été oubliés les années précédentes (tels le français Asteel, 34e, l'allemand EN ElectronicNetwork, 38e, et le belge Connect Systems International, filiale d'IPTE, 41e) ou parce que MMI a changé son périmètre d'évaluation les concernant (comme le britannique TT electronics, 25e). L'avenir de la sous-traitance en France passe par l'électronisation des produitsDe plus en plus de sous-traitants français s'appuient sur des implantations en France doublées d'installations dans les pays du Maghreb (pour les productions de moyennes et grandes séries). Il en est ainsi d'Asteel (1er sous-traitant français) Eolane, (2e), Cofidur (3e), Lacroix Electronique (4e), Tronico (7e), Selha (8e), BSE, Altrics (Thealec et Globe Technologies). Quelques sous-traitants ont toutefois choisi de continuer à ne produire qu'en France : NCF (6e), Novatech (9e) qui va doubler son chiffre d'affaires avec le rachat de Thomson Bourgogne, et Adeneo-Adetel (10e). La plupart de ces entreprises réalisent une part conséquente de leur chiffre d'affaires avec des produits à forte valeur ajoutée, notamment des domaines de l'aéronautique et Défense, du médical, de la recherche pétrolière, du ferroviaire et des transports, et de l'énergie ou sont en passe de le faire (Novatech, Altrics). La demande de ces secteurs devrait progresser avec la raréfaction du pétrole, la recherche d'énergies alternatives, le respect de l'environnement et le vieillissement de la population en Europe. En outre, le marché de l'électronisation des produits prend de l'ampleur. Pour le bien servir, les sous-traitants doivent toutefois investir en aide à la conception et en industrialisation de produits.

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