Couverture ElectroniqueS n°127

Dans l'Hexagone, la distribution doit de plus en plus compter avec la sous-traitance, dont les besoins diffèrent de ceux des clients OEM. Jean-Claude Chastanet, président du SPDEI, syndicat français de la distribution, nous fait part de ses réflexions sur ce sujet. Comment classer les types de clients de la distribution de composants électroniques en France aujourd'hui ? Comment évoluent leurs parts respectives ?La distribution réalise, en France, environ 10 % de son chiffre d'affaires avec des sociétés de stature internationale parmi lesquelles, et au premier chef, les cinq premiers sous-traitants mondiaux . Ensuite, quelque 600 sociétés (500 entreprises impliquées principalement en industriel et une centaine de sous-traitants) représentent 80 % des ventes des distributeurs de l'Hexagone. Ce type de client achète typiquement plus d'un million d'euros par an aux distributeurs. Les 10 % restants sont répartis entre plus de 3 000 clients de moindre envergure qui s'adressent préférentiellement à des distributeurs locaux.Quant à l'évolution du profil de notre clientèle, nous constatons une montée en puissance de la sous-traitance. Aujourd'hui, ce secteur compte pour environ 30 % des ventes des distributeurs de l'Hexagone. Dans un avenir proche, environ deux ans, ce pourcentage pourrait atteindre 50 %. Externalisations obligent.Quels sont les principaux changements induits par la progression de la part de la sous-traitance dans la distribution ?La croissance de la part de la sous-traitance impose effectivement des adaptations à notre métier. Alors que nos clients OEM réclament une assistance technique, du ressort de nos ingénieurs spécialisés, pour l'aide à la concrétisation de leurs innovations, les sous-traitants, eux, parmi lesquels ceux qui appartiennent à la catégorie précitée des 80 %, privilégient les critères coûts et logistique (livrer au bon moment et au bon endroit, respecter les délais de livraison, etc.). De ce fait, les distributeurs sont amenés à davantage recruter des vendeurs qui sont aussi des spécialistes en logistique.En outre, nous tâchons d'épauler au mieux les sous-traitants victimes de problèmes de trésorerie liés à des retards de paiement des donneurs d'ordre (parmi lesquels les pouvoirs publics !). Ces donneurs d'ordre paient encore souvent à 110 jours. Alors qu'une directive européenne qui sera applicable dès janvier prochain imposera le paiement à 30 jours ! On le voit, “ l'Europe du paiement ” a du mal à se constituer : entre l'Italie (plus de 120 jours) et l'Allemagne (30 jours), l'harmonie n'est pas encore une réalité !Le SPDEI serait-il prêt à travailler davantage avec le Snese à la résolution de ce problème ?D'abord, je tiens à souligner que nous entretenons d'excellentes relations avec le Snese, relations encore plus serrées depuis les “ Assises de l'électronique ”, qui ont réuni six syndicats de la filière électronique . Nous sommes ouverts à une commission de travail commune avec le Snese sur le problème des encours financiers.D'une manière générale, beaucoup de sociétés, parmi lesquelles des sous-traitants, délocalisent leur production, notamment en Asie. Quelles sont les retombées de cette tendance pour la distribution ?Les ténors mondiaux de la distribution ont déjà étudié ce problème, en particulier celui de la rémunération des commerciaux qui prennent des commandes pour lesquelles les livraisons et les facturations se font ensuite dans une autre région du monde, en Asie par exemple. Chez Arrow, un département baptisé “ Business transfert group ” s'occupe de la répartition des commissions des vendeurs placés dans de tels cas de figure.Est-ce que la distribution de l'Hexagone peut espérer prendre un jour des parts de marché sur les ventes en direct des fabricants de composants ?Indéniablement oui. Le SPDEI milite activement pour qu'il en soit ainsi. En France, la distribution compte pour environ 25 % des facturations de composants (30 % cette année), contre 40 % aux Etats-Unis ! Elle n'est pas assez présente en particulier dans la connectique et les passifs, secteurs pour lesquels les clients ont (trop) l'habitude de passer en direct.Les Assises de l'électronique l'ont montré : la filière électronique est un tout. Comment voyez-vous évoluer cette filière en France ?L'externalisation et la délocalisation sont inéluctables en ce qui concerne les productions en grands volumes de matériels “ rodés ”. Par contre, l'innovation est une parade, qu'il ne faut surtout pas minimiser, à l'externalisation. Plusieurs secteurs en sont de grands consommateurs actuels ou potentiels : l'automobile pour laquelle la pervasion de l'électronique est depuis longtemps une réalité , la sécurité des biens et des personnes… Mais, pour innover, il faut investir et, souvent, lourdement. L'Etat a ici un rôle à jouer et se doit de mieux soutenir l'innovation via la mise en place d'aides diverses (crédit d'impôt-recherche, etc.).

« La sous-traitance est de plus en plus importante pour la distribution »

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