Couverture ElectroniqueS n°127

S'appuyant sur une association créée l'été dernier, la sous-traitance électronique marocaine a de l'ambition. Elle commence à servir de petits clients de l'Hexagone et souhaite, à l'avenir, passer du travail en panier garni à un service global incluant l'achat de composants. La sous-traitance marocaine souhaite se développer et le fait savoir. Le Forum de l'électronique a servi ses ambitions. Le mardi 19 octobre, le jour de l'ouverture de la manifestation, un accord d'adhésions croisées était ainsi symboliquement signé entre l'Association du secteur électronique au Maroc (Asel), qui regroupe notamment les sous-traitants du domaine, et le Snese, le syndicat français de la sous-traitance. La convention de partenariat signée avec le Snese consiste ni plus ni moins qu'en une adhésion de l'Asel au Snese et du Snese à l'Asel. Ce qui permettra aux deux syndicats de bénéficier des privilèges octroyés à tout adhérent. L'Asel pourra, par exemple, profiter de l'expérience acquise par le Snese dans l'étude de procédés. L'association marocaine pourra, en retour, faciliter le dialogue entre sous-traitants français et sociétés marocaines. Ayant vu le jour l'été dernier, abritée par la Fenelec (Fédération nationale de l'électricité et de l'électronique au Maroc), l'Asel regroupe, à ce jour, une vingtaine d'adhérents du secteur de l'électronique marocaine. Ce sont des entreprises impliquées tant dans les composants (ST Microelectronics Maroc, MicroSpire Maroc) que dans l'assemblage de cartes. Au total, l'Asel représente environ 10 000 emplois. « Nous avons souhaité nous regrouper, notamment pour échanger et ainsi mieux résoudre les problèmes qui se posent à nous », a déclaré Farida Elasatey, vice-présidente de l'association et directrice générale de BM Electronic Systems, un sous-traitant opérant dans le câblage filaire (60 % de son chiffre d'affaires), l'assemblage de cartes et l'intégration de matériels (activité endéveloppement).Pour adresser les différents problèmes, l'Asel a mis en place plusieurs commissions ayant notamment pour objectif de proposer à l'ensemble des adhérents les solutions déjà appliquées par d'autres. L'une de ces commissions, pilotée par ST Microelectronics, étudie les aspects juridiques, fiscaux et de formation. Aujourd'hui, au Maroc, les pouvoirs publics prennent en charge 80 % des frais à la condition que l'entreprise présente un plan de formation sur l'année et que cette formation soit dédiée à l'opérationnel (production, qualité, pratique d'une langue…).Un distributeur serait le bienvenuUne seconde commission de l'Asel planche sur les achats tant de produits que de services. « Il s'agit de faire jouer l'effet de volume auprès des fournisseurs, et de faire profiter l'ensemble des adhérents des prix octroyés aux plus gros acheteurs, explique Farida Elasatey. Nous souhaiterions aussi faire venir un distributeur au Maroc, nous a confié la vice-présidente de l'Asel. En effet, nos clients nous sollicitent de plus en plus pour que nous fassions les achats de composants pour eux », assure-t-elle. A ce jour, toutefois, les sous-traitants marocains travaillent encore majoritairement en panier garni (les achats de composants ne représentent que 10 % du chiffre d'affaires de BM Electronic Systems) ; ils n'achètent que de petites quantités de pièces qu'ils payent cher. MicroSpire (230 employés dont 200 au Maroc, 8,3 millions d'euros de chiffre d'affaires prévu pour 2004), qui a pu survivre grâce à sa décision, il y a six ans, de fabriquer ses bobinages à Casablanca, réalise encore ses achats à partir de la France ; mais la société pourrait un jour les confier à son unité de production marocaine. La présence dans le pays d'un distributeur d'envergure faciliterait sans doute ce mouvement. Mais avant d'installer un bureau, le distributeur a besoin de s'assurer de l'importance du marché potentiel. La création de l'Asel pourrait répondre à cette préoccupation.Au fil des alléesLe nouveau distributeur Attitude Electronics a signé un accord de distribution avec Rohm.Jabil Circuit Brest devrait recevoir une certification pour l'aéronautique dès novembre prochain. « Les efforts entrepris depuis deux ans commencent à porter leurs fruits », déclare Jean-Claude Parchemin, Business Development Manager chez Jabil Brest.La CDAF a organisé une table ronde sur le thème “ Les acheteurs face à la délocalisation des offres de sous-traitance ”. Nous y reviendrons dans un prochain numéro.

La sous-traitance marocaine se muscle

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