Couverture ElectroniqueS n°127

L'ère de la connectique de luxe, qui prône les meilleures performances possibles quel qu'en soit le prix, est désormais révolue. Connecticiens et OEM font aujourd'hui la chasse à la « surperformance » des composants afin de les adapter au mieux aux exigences de l'application visée. Alors que l'on parle beaucoup, actuellement, des efforts consentis par les fabricants de connecteurs pour réduire leur coût de production et fabriquer des composants toujours moins chers afin de satisfaire les exigences des marchés de gros volumes, nous nous proposons ici de faire la lumière sur la connectique dite haut de gamme. Entendons par cette appellation celle qui, par définition, se distingue de la connectique lambda par des performances très supérieures, tant du point de vue électrique (résistance de contact très faible, fort courant, débit très élevé, tenue de claquage importante…), mécanique (fiabilité élevée, tenue aux chocs, aux vibrations, aux cycles d'insertion-extraction…), que thermique (tenue aux soudures diverses, aux très larges variations de température ambiante, ininflammabilité…), voire environnemental (résistance aux solvants, niveau d'étanchéité élevé, etc.). Quelle qu'en soit la nature, cette valeur ajoutée qui, nous le verrons, peut prendre également d'autres formes que la performance pure, est imposée par l'application à laquelle les connecteurs en question sont destinés et constitue, ici, le principal critère de choix du composant, avant même les considérations de prix.Ces dernières années, la connectique haut de gamme a pris le pas sur ce que l'on pourrait appeler la connectique de luxe, caractérisée par des performances très élevées quel qu'en soit le prix. Au point que cette notion semble désormais appartenir définitivement au passé, selon l'avis quasi unanime des connecticiens que nous avons interrogés, à l'instar de Jean-Nicolas Vikélas, directeur d'Odu France : « Le luxe, c'est quand un client achète des connecteurs disposant de performances dont il n'a pas réellement besoin : cela ne correspond plus à la réalité économique », affirme-t-il. Et Jean-Yves Callen, directeur général d'Hypertac SA, de renchérir : « L'ère de la connectique de luxe est bel et bien révolue, car, même dans les secteurs applicatifs très exigeants en termes de performances et de fiabilité et naguère peu regardant sur les prix des composants, les considérations tarifaires arrivent aujourd'hui tout juste derrière les caractéristiques techniques dans la liste des critères de choix des connecteurs. »En connectique, la performance ne fait pas toutPour conclure, notons qu'en connectique, la valeur ajoutée peut parfois prendre des aspects inattendus. Prenons deux exemples, l'un dans l'automobile, l'autre dans le médical. En plus des contraintes imposées par l'environnement sévère du secteur automobile, les connecticiens approvisionnant cette industrie ont planché, à la demande des constructeurs, sur des solutions pour prévenir les erreurs humaines lors des phases d'assemblage manuelles de certains sous-ensembles de connectique sur les lignes de montage automobile. L'idée consistait à réduire les pannes et les rappels de véhicules neufs liés à ces branchements défectueux, lourds de conséquences pour les constructeurs en matière de coût et surtout d'image.Pour permettre à l'opérateur de détecter à coup sûr un mauvais branchement, les connecticiens ont développé des connecteurs intégrant un verrouillage spécifique qui, en plus de faciliter la connexion, éjecte instantanément la partie femelle hors de la fiche mâle si l'accouplement n'est pas effectué correctement, offrant ainsi une alerte visuelle pour un défaut que l'opérateur peut rectifier immédiatement. Dans le médical, la connectique doit allier non seulement fiabilité et facilité d'utilisation, mais aussi résistance à des manipulations pas toujours effectuées dans les règles de l'art parce que faites dans l'urgence. Mais un critère plus surprenant est également à considérer pour le choix d'un connecteur médical : son aspect rassurant. Lemo a ainsi développé un connecteur avec une finition en aluminium brossé qui lui donne un aspect très bien fini et rassurant, très apprécié dans le domaine médical. Comme quoi, la valeur ajoutée tient parfois à peu de chose.La surqualité comme principe de précautionSi, pour des raisons d'économie, les performances et la qualité doivent coller au plus près des exigences du cahier des charges, il est parfois intéressant d'aller plus loin. C'est en tout cas l'opinion de Weidmüller qui a, par exemple, opté pour le LCP comme matériau des boîtiers de sa connectique de cartes compatible RoHS, afin de répondre aux spécificités du brasage en refusion, bien qu'il existe d'autres matériaux moins onéreux également compatibles refusion. Les connecteurs de Weidmüller résistent ainsi à des températures de 290 °C pendant deux passages de 30 s, tandis que la norme EN61760-1 n'impose « que » 260 °C pendant 10 s. « De telles performances autorisent les montées en température les plus sévères imposées par certaines cartes, sans aucun risque de cloquage du plastique. Est-ce un luxe que d'offrir aux OEM toute la souplesse nécessaire en production et de laisser libre choix à leurs ingénieurs R&D pour les futures générations de carte ? », argumente Jean-Pierre Caritey, chef produits chez Weidmüller France.La société propose par ailleurs des connecteurs de puissance pour circuit imprimé dont le verrouillage rapide à base de clips en plastique brevetés peut être doublé d'un verrouillage traditionnel à vis. « Certains qualifieront ce double verrouillage de surqualité (ceinture et bretelles), alors que d'autres, en revanche, y verront un gain de temps pendant les manipulations, grâce aux clips plastique, et une sécurité maximale, grâce au verrouillage final à vis », explique M. Caritey. Deux précautions valent mieux qu'une.

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