Couverture ElectroniqueS n°127

La réunion des représentants de haut niveau d'Eureka, qui se tiendra du 21 au 23 octobre à Poitiers, devrait labelliser un grand programme de R&D en télécoms. Baptisé Celtic, son budget prévisionnel est de 5 milliards d'euros sur cinq ans. Après plus d'une année de préparation (séminaires, rédaction de documents de référence destinés aux pouvoirs publics, site Internet), tout est prêt pour le lancement d'un programme de R&D stratégique en télécoms portant le label Eureka. Son but est de définir et de tester un concept de “ réseau convergent ”, unifiant le réseau téléphonique classique, les réseaux mobiles et l'Internet en une seule infrastructure basée sur Ipv6 (le protocole Internet de nouvelle génération) et offrant une haute fiabilité ainsi qu'un haut niveau de services. Similaire par son ampleur à Medea+ (microélectronique) et Itea (logiciels middleware), ce programme, baptisé Celtic (Cooperation for a European sustained Leadership in Telecommunications), devrait avoir le budget prévisionnel le plus important de tous les clusters Eureka. Les industriels qui sont à l'origine de cette initiative évaluent en effet le coût global du programme à 5milliards d'euros sur 5 ans (entre 2004 et 2008), dont 50 % de financements publics, contre respectivement 4 milliards et 3,2 milliards d'euros sur 8 ans pour Medea+ et Itea. Ils estiment que 400 M euros pourraient être mobilisés dès 2004, pour moitié grâce à l'apport de financements publics. Précisons toutefois que ces chiffres traduisent des objectifs d'industriels qui, bien souvent, ne sont pas réalisés en totalité par la suite. De nombreux projets Eureka ne sont en effet aidés qu'à hauteur de 30 % en France (contre 35 % il y a encore quelques mois) et sont tributaires d'une coordination des financements des différents pays participants.72 idées de projets provenant de plus de 120 participantsCeltic souhaitait demander 60 M euros aux pouvoirs publics français en 2004, mais il semble que, compte tenu des restrictions budgétaires, une dotation de 20 M euros serait plus proche de la réalité. Bien que l'état des finances publiques soit actuellement peu propice au lancement d'un tel programme et que certains pays tels que la France et l'Allemagne aient souhaité le différer à mars 2004, la plupart des pays impliqués (notamment la Finlande, les Pays-Bas, la Suède, le Royaume-Uni, l'Espagne et Israël) ne désirent pas attendre, estimant qu'il est urgent de mobiliser la R&D européenne en télécoms pour relever les défis technologiques des prochaines années dans ce domaine. La labellisation de Celtic devrait donc intervenir dès la première réunion des représentants de haut niveau d'Eureka, qui se tiendra à Poitiers du 21 au 23 octobre prochain. Toutefois, il est probable que la France et l'Allemagne ne rejoignent cette initiative que dans le courant de l'année 2004.Deux séminaires ont été organisés, à Paris et à Barcelone, en janvier et en mai 2003 dans le but de mettre en place ce programme, et 72 idées de projets provenant de plus de 120 participants 50 % de grandes entreprises, 25 % de PME et 25 % de laboratoires publics de 12 pays ont été recensés (il est possible de les consulter en allant sur la page d'accueil du site Internet de Celtic, puis en activant le lien situé dans le paragraphe consacré aux idées de projets). La plupart des grands opérateurs et équipementiers des télécoms (Ericsson, Alcatel, Nokia, Thomson, Thales, Siemens, Italtel, British Telecom, Deutsche Telecom, France Télécom, Telecom Italia, Telefonica), des laboratoires de R&D ayant des activités dans ce domaine, et même certains fabricants de composants optoélectroniques, y participent. Le premier appel à projets se déroulera en deux étapes (dépôt des propositions complètes avant le 30 novembre 2003, puis vers mars ou avril 2004), et devrait labelliser entre 20 et 30 projets, estime Jacques Magen, directeur des affaires publiques de R&D chez Alcatel, et président de Celtic. Comme les autres programmes Eureka, ils seront plus proches du marché que les projets du programme IST (composante du programme-cadre de R&D de l'Union européenne), avec des débouchés commerciaux à échéance de 18 à 36 mois pour les premiers, contre 4 à 6 ans pour les seconds.« L'objectif du programme Celtic n'est pas de développer des briques technologiques, mais bien des systèmes intégrés complets dédiés aux télécoms. Nous avons également le projet de créer un laboratoire paneuropéen dans notre domaine », précise Jacques Magen. Le lancement de ce programme Eureka est primordial, car le financement public mis à disposition dans le 6e PCRD ne couvrira qu'un quart des besoins exprimés par l'industrie des télécoms, estiment les promoteurs de Celtic.(*) Le site de Celtic (www.celtic-initiative.org) comprend de nombreux documents et présentations, dont un “ livre pourpre ” détaillant les objectifs technologiques et financiers du programmeEurimus (microsystèmes) et Pidea (Interconnexion) devraient être reconduitsOutre le lancement du programme Celtic, la présidence française d'Eureka devrait entériner la reconduction de deux autres clusters : Eurimus, dans le domaine des microsystèmes, et Pidea, dédié à l'interconnexion, lancés respectivement en 1998 et 1999. Le successeur d'Eurimus, baptisé Eurimus 2, devrait être labellisé en même temps que Celtic lors de la réunion des représentants de haut niveau d'Eureka, le 23 octobre à Poitiers. Son budget prévisionnel a été évalué à 500 M euros sur 4 ans, part publique incluse (à noter que la première mouture d'Eurimus a finalement représenté un coût total de 200 M euros environ, au lieu des 400 M euros prévus initialement). Quant à Pidea+, successeur de Pidea, il ne devrait démarrer qu'à la suite de la deuxième réunion des représentants de haut niveau d'Eureka, en mars 2004, une extension du programme actuel ayant été demandée jusqu'à cette date. Pidea+ anticipe un budget de 600 M euros sur 5 ans, part publique incluse (le coût du programme Pidea en cours ne devrait pas dépasser 300 M euros, au lieu des 400 M euros prévus à l'origine).

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