Couverture ElectroniqueS n°127

La première Journée technique de l’électronique organisée mi-septembre, à Versailles, par le Gixel a mis en valeur l’innovation au cœur des composants passifs avec pour objectif de relever les défis imposés par les débouchés les plus porteurs. Versailles. Foin de toute morosité. Sébastien Rospide du cabinet d’études de marché Décision a ouvert le marathon des présentations de la Journée technique de l’électronique organisée au palais des congrès de Versailles par le Gixel, avec une présentation du marché des énergies renouvelables. Une présentation qui a battu en brèche l’idée pernicieuse que l’Europe et la France n’ont plus de véritable industrie électronique ou que cette dernière est en panne d’innovation. Cette étude a passé en revue quarante années d’évolution de l’industrie électronique depuis le soutien par les pouvoirs publics avec la Défense et les gros systèmes en locomotive jusqu’à la consommation électronique individuelle et son rythme de renouvellement effréné, en passant par l’ère du PC de bureau et l’équipement des entreprises. Les condensateurs montent en température Il semble cette fois que la reprise puisse venir des marchés sociétaux, avec des grands mouvements en matière d’environnement, de sécurité, de médical, etc, mouvements qui façonnent l’électronique actuelle et façonneront celle de demain. En énergie renouvelable, l’étude évalue le marché de l’électronique de puissance à plus de 30 milliards d’euros, avec une Europe partie prenante de 29 %. La filière française ne représente que 10 % de la part de la production européenne, mais l’impulsion d’EDF Energies Nouvelles et la croissance intrinsèque de ce secteur, qui est le plus dynamique de l’électronique à moyen terme, pousse à sa consolidation. Après cette introduction près de quarante présentations techniques se sont succédé sur des innovations principalement en matière de composants passifs, même si certains semiconducteurs de puissance s’y sont glissés, permettant de servir les marchés spécifiques des énergies renouvelables, des véhicules motorisés, de l’électronique innovante et du médical. Difficile dans cet ensemble de lister ou de classer les produits présentés par leur innovation du fait d’un laps de temps de cinq minutes par présentation, qui pouvait néanmoins être approfondie dans la zone d’exposition lors des pauses. En matière de condensateurs, les annonces ont été nombreuses, principalement pour assurer une montée en température. Chez Eurofarad par exemple, le SnapSIC HV, un condensateur électrolytique aluminium, a été décliné pour des applications de convertisseur photovoltaïque, afin d’assurer une très grande durée de vie, 64 000 heures à 105 °C, et la société propose également pour des véhicules, des modèles assurant 500 heures à 175 °C. Les modèles céramiques, quant à eux, visent les 250 °C. Objectif qui sera probablement atteint l’an prochain. De son côté, Temex Ceramics, parti d’un savoir-faire en céramique, principalement pour des condensateurs dont des modèles amagnétiques pour les applications médicales à résonance magnétique, diversifie ses développements avec des éléments sensibles céramiques pour capteurs d’humidité ou des éléments poreux pour cœurs de pile à combustible. L’allemand Epcos, bientôt sous la coupe de TdK, était fortement représenté sur la manifestation avec une grande variété de produits. Condensateurs aluminium haute densité pour le médical, condensateur film extrêmement compact pour véhicules électriques pouvant se coller au plus près des IGBT, varistance pour permettre de passer les dernières révisions des normes UL le disputaient aux thermistances de mesure rendues étanches ou de chauffage aux formes personnalisables ainsi qu’aux transformateurs de courant montant jusqu’à 40 A ou aux filtres à ondes acoustiques de surface aux tolérances resserrées. Les nouveaux défis de la connectique Du côté de la connectique aussi, les secteurs évoqués lors de cette journée technique sont sources d’innovations technologiques importantes. Dans le vaste domaine des énergies renouvelables, et plus particulièrement celui des véhicules tout électriques, certains connecticiens n’hésitent pas à parler de rupture technologique du fait d’un besoin en composants capables de gérer des puissances électriques sans commune mesure avec ce qui existe aujourd’hui. « Actuellement, les voitures nécessitent une puissance électrique aux alentours de 1 kW, ce qui implique essentiellement des problèmes d’échauffements liés aux courants élevés. Pour les véhicules électriques, les besoins vont davantage se situer autour des 100 kW, voire plus, avec des tensions de l’ordre de 400 V et des courants pouvant atteindre 250 A », affirme El Mostafa Zindine, vice-président de FCI et directeur général du centre de recherche du connecticien français, auteur d’une présentation particulièrement remarquée sur le sujet. Et M. Zindine d’ajouter : « Aux phénomènes d’échauffement par conduction s’ajoutent ainsi des problèmes liés au rayonnement électromagnétique des câbles et au déclenchement d’arcs électriques de fortes puissances. » FCI travaille notamment sur la physique des interfaces de contact et la thermique à l’aide d’outils de modélisation pour réduire les échauffements locaux, sur l’intégration de systèmes de sécurité passifs à l’intérieur même des connecteurs pour “ éteindre ” les arcs ou, mieux, en empêcher la formation, et sur des solutions de blindage électromagnétique qui offrent un compromis raisonnable entre coût (le blindage est un phénomène nouveau dans l’automobile) et efficacité de blindage. Egalement à l’honneur, la connectique destinée au photovoltaïque. Ainsi, Hüber & Sühner se pose en principal concurrent de l’américain Tyco Electronics et du suisse Multi-Contact en ce qui concerne la fourniture de solutions complètes de connectique (connecteurs, câbles assemblés et boîtes de jonction) permettant de relier les panneaux solaires entre eux et/ou de connecter l’ensemble aux onduleurs de l’installation. La connectique du Suisse se distingue notamment par un niveau d’étanchéité IP67, y compris pour les boîtes de jonction, ainsi que par la possibilité d’une installation 100 % automatisée de ces dernières sur les modules photovoltaïques. Le médical est également un secteur pourvoyeur d’innovations dans la connectique, à l’image de ces solutions d’interconnexions qui s’érigent en barrière contre les infections nosocomiales, telle que celle proposée par Axon’Cable. La PME française conçoit des câbles assemblés à partir de câbles gainés, de moulages et de surmoulages en NosoFree, un matériau polymère spécifiquement conçu pour limiter les risques de contamination des microbes. Regain d’optimisme Radiall, quant à lui, a prôné les bienfaits de la connectique optique dans les applications médicales, que ce soit avec des connecteurs de type monocanal ou des connecteurs modulaires multicanaux hybrides (contacts signaux, coaxiaux, de puissance, optiques) inspirés de sa connectique modulaire EPXB initialement conçue pour le militaire. En ce qui concerne la connectique optique monocanal, Radiall a développé une technologie d’alignement optique sans contact baptisée Optaball qui se caractérise notamment par une grande fiabilité (plus de mille cycles de connexion), un point crucial dans les applications de capteurs médicaux. Et ce ne sont là que quelques-unes des innovations présentées lors de cette première édition de la Journée technique de l’électronique, journée qu’il était difficile de quitter sans un certain vertige lié à la quantité de présentations dispensées, mais aussi et surtout sans un regain d’optimisme insufflé par le potentiel de toutes ces innovations. Zoom sur quelques innovations Injecter la thermitance permet de les personnaliser. Certains connecteurs de véhicule électrique sont spécifiés pour 400 V et 250 A. L’intégration de passifs est sur silicium et IPDIA. Un succès pour cette première édition La première Journée technique de l’électronique organisée par le Gixel, s’est déroulée jeudi 17 septembre au palais des congrès de Versailles. Cette manifestation était articulée autour de quatre sessions de conférences techniques sur les thèmes porteurs des énergies renouvelables, des véhicules motorisés, de l’électronique innovante et du médical. Ces conférences ont été dispensées par Axon, EADS, Epcos, Eurofarad, FCI, Fimor, Hüber & Sühner, Radiall, Temex et Vishay. Une place était également réservée à l’exposition des produits des sociétés. Avec près de 140 participants (85 en ne comptabilisant pas les membres des sociétés intervenantes), cette manifestation a été un succès et sera reconduite l’an prochain.

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