Couverture ElectroniqueS n°127

Sharp dévoile ses options technologiques pour améliorer le contraste, la colorimétrie, le temps de réponse et les angles de vue de ses futurs LCD grands formats dédiés aux téléviseurs. L'objectif du Japonais est de surclasser rapidement les écrans plasma tant au niveau des performances pures que du prix. Osaka (Japon) – A l'occasion d'une visite de la seule usine de LCD de génération 8 en service dans le monde, Sharp s'est prêté à un exercice auquel il ne se livre que très rarement : exposer, prototypes à l'appui, ses développements en cours, annonciateurs des écrans LCD de demain avec, forcément, une focalisation toute particulière sur les applications TV. Néanmoins, ces avancées technologiques préfigurent également ce que seront, à plus longue échéance, les LCD pour applications professionnelles. En effet, Sharp est également un acteur majeur des LCD petits et moyens formats et a été l'un des premiers fabricants à appliquer les recettes technologiques de ses écrans plats de téléviseurs à ceux dédiés aux radiotéléphones et aux applications industrielles.Un temps de réponse vidéo équivalent à celui d'un écran plasmaAutre développement de Sharp : la réduction du temps de réponse. Outre la technique dite d'overdrive, qui consiste à appliquer très brièvement une surtension pour stimuler plus rapidement la commutation d'un niveau de gris à un autre, la plupart des fabricants de LCD dédiés aux téléviseurs travaillent essentiellement sur deux technologies pour réduire le temps de réponse de leurs écrans : l'insertion de trames noires et la modulation temporelle de la luminance délivrée par le système de rétroéclairage (voir EIH n° 590 et EI n° 618). Mais pour Sharp, ces deux procédés ne peuvent pas être mis en &oelig;uvre sans affecter certaines caractéristiques de l'écran comme la luminance ou le contraste.Du coup, le Japonais, là encore, a décidé de se démarquer en optant pour une 3e solution propriétaire baptisée ShIP (Sharp Impulse Picture). Cette dernière repose sur une technologie de commande impulsionnelle des pixels en lieu et place du mode de commande traditionnel, qui maintient une tension constante pendant la durée d'une trame (hold mode). Selon Sharp, cette méthode ne détériore pas les performances des écrans et les dote d'un temps de réponse vidéo (MPRT, Moving Picture Response Time) inférieur à 10 ms, équivalent à celui des écrans plasma (2). Reste les angles de vue. S'il reconnaît qu'ils ne sont pas aussi parfaits que ceux des écrans plasma, Sharp considère que l'essentiel a été fait compte tenu d'un désagrément minime pour les applications TV : le décalage de couleurs observé ne devient réellement gênant que pour des angles de vue relativement importants sous lesquels on ne regarde quasiment jamais son téléviseur. A noter enfin que le Japonais travaille également sur la réduction de la consommation de ses LCD grands for mats, dont les deux tiers sont absorbés par le système de rétroéclairage dans le cas de modèles de 45 pouces. Un tel écran ne devrait plus consommer que 100 W d'ici à 2008. Bien sûr, ces évolutions fort prometteuses mettront du temps avant de parvenir jusqu'aux afficheurs d'entrée de gamme. Et pendant ce temps, les écrans plasma auront, à n'en point douter, également progressé.(1) 1 000 yens 6,5 euros.(2) Le temps de réponse vidéo, ou MPRT (Moving Picture Response Time), est un paramètre récemment introduit par la Vesa pour qualifier la réelle aptitude d'un écran à afficher de la vidéo. Un MPRT de 10 ms est considéré comme très satisfaisant. Le MPRT d'un CRT est d'environ 4 ms.La démocratisation des LCD « full TVHD » est en marcheKameyama (Japon)– Située sur le même site que son usine de génération 6 (Kameyama 1), l'usine de génération 8 de Sharp (Kameyama 2) est tout d'abord celle des extrêmes : une surface au sol équivalente à 16 stades de football, une hauteur de 36 mètres, 5 niveaux pour une surface totale de 279 000 m2, des substrats de verre de 2 460 x 2 160 mm (5,3 m2) épais de seulement 0,7 mm, 15 000 dalles LCD par mois. Mais cette usine, mise en service en août dernier, a surtout pour but d'aider Sharp à essayer de reconquérir le marché des LCD pour téléviseurs en misant sur la démocratisation des modèles TVHD de 37 à 52 pouces aux Etats-Unis et surtout en Europe. « Kameyama 2 permet de doubler la surface produite par dollar investi par rapport à Kameyama 1 », se réjouit ainsi Toshihiko Hirobe, directeur général de la division LCD de Sharp. Bien sûr, toutes les étapes de la fabrication des dalles et des écrans LCD y sont entièrement automatisées. Mais, ce n'est pas tout. « Notre usine regroupe également un ensemble d'innovations au niveau des procédés de fabrication qui améliorent notre rendement mais aussi la qualité de nos dalles », affirme M. Hirobe, qui nous a, par ailleurs, confirmé que sa capacité de production mensuelle serait portée à 30 000 dalles en mars 2007 et 90 000 dalles fin 2008. En combinant les deux usines, Sharp devrait donc produire 20 millions de LCD équivalent 32 pouces en 2008. Quid d'une usine de génération 9 ou 10 ? « Une telle usine n'est pas à l'ordre du jour ; il existe d'autres solutions pour réduire davantage le coût des LCD », conclut M. Hirobe.

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