Couverture ElectroniqueS n°127

La jeune société française Innova Card livrera dès le premier trimestre 2004 un microcontrôleur 32 bits qui offre un niveau de sécurité équivalent à celui d'une carte à puce, et qui peut réduire les coûts des composants d'un terminal de paiement de 35 %. La société française Innova Card prépare pour livraison dans quelques mois les premiers échantillons d'un circuit qu'elle développe depuis un peu plus d'un an. « Il s'agit plus d'une plate-forme que nous allons décliner en différentes solutions ou différents profils de façon à adresser à chaque fois avec les ressources adaptées les différents marchés que nous visons », souligne Bruno Bernard, le directeur de la jeune PME. Deux caractéristiques définissent cette plate-forme et sont communes à l'ensemble des solutions et déclinaisons proposées : un niveau de sécurité jamais atteint pour un processeur de ce type et un gain d'intégration qui devrait permettre aux fabricants de terminaux de paiement (EMV), de lecteurs de cartes à puce sécurisés (type PINpad), de mobiles ou de décodeurs TV de réduire leurs coûts en composants de l'ordre 35 %, selon la société. Côté sécurité, le circuit, baptisé USIP (Universal Secure Integrated Platform), embarque des technologies qui n'étaient utilisées à ce jour que dans les microcontrôleurs pour cartes à puce : des systèmes de contre-mesures physiques et logiques comme un système dit glue logic, qui consiste, au moment de la conception du circuit, à mélanger les blocs fonctionnels (CPU, Ram, Rom, etc.) de façon à rendre très difficile leur localisation physique et leur observation en cas de tentative de reverse engineering, ou encore la réalisation d'un capot métallique offrant au circuit des qualités tamper resistant, rendant impossibles les attaques de types DPA ou SPA. Toutes les données et instructions sensibles, ainsi que les adresses des bus, sont chiffrées à la volée. Même les données des mémoires externes peuvent être embrouillées grâce à un AES, et des générateurs de bruit sur les bus évitent la mise en corrélation des données ou des opérations avec des signaux ou des valeurs (alimentation, fréquence d'horloge, etc.) qui pourraient être observées. Conçu en technologie Cmos 0,18 µm en logique synchrone, et bâti sur le c&oelig;ur 32 bits SmartMIPS, développé conjointement par Gemplus et Mips dans le cadre du projet Etna, ce circuit peut atteindre 135 Mips à 100 MHz. Il a également été conçu pour faire tourner un grand nombre d'algorithmes cryptographiques. « Les performances et la puissance intrinsèques du c&oelig;ur, sa MMU très adaptée à la gestion sécurisée des différentes zones d'adressage et au stockage des clés secrètes, mais aussi sa capacité à implanter de façon logicielle les algorithmes de cryptographie c'est- à-dire avec une grande flexibilité, ont beaucoup joué dans notre choix », souligne Bruno Bernard. Cette caractéristique s'accompagne de la possibilité de télécharger de façon sécurisée en ligne ou “ via the Air ” (OTA) de nouveaux algorithmes ou des évolutions logicielles pour faire avancer les terminaux. L'exécution logicielle de ces algorithmes a été également optimisée par la création d'instructions machine dédiées aux types de calculs requis. C'est ainsi qu'un RSA 2 048 bits est exécuté entre 0,7 s et 2 s au lieu des 20 s qui sont courantes pour des implémentations logicielles classiques sur des circuits équivalents. Autre avantage mis en avant par la société de La Ciotat : les gains d'intégration offerts par ce développement. « Par rapport à une solution Asic ou à un développement classique, notre solution offre un gain en composants de 35 % », affirme Bruno Bernard. L'USIP intègre en effet un grand nombre de périphériques : USB, PC Card, PWM, UART modem, UART RS232/IrDA, interface parallèle GPIO, LCD, clavier 12x12, deux contrôleurs de cartes à puce, etc. Gain également en temps et coût de développement logiciel. L'USIP est aussi une plate-forme “ prête à l'emploi ” grâce à des couches logicielles comme STIP, Finread, et MIDP CDLC, tournant sur une machine virtuelle développée par Trusted Logic. La plupart des OS pourront tourner sur cette plate-forme grâce à un HAL (Hardware Abstraction Layer) qu'il suffit d'adapter sans avoir à développer de portage spécifique de A à Z. Voir notre lexique page 27.Une jeune pousse issue de ST et GEMPLUSCréée en juin 2002 par Bruno Bernard, Frank Lhermet et Arnaud Dehamel, trois ingénieurs de STMicroelectronics, et Christophe Cornillon, responsable marketing venu, lui, de Gemplus, Innova Card prend position aujourd'hui aux avant-postes des marchés émergents de la sécurité. Société fabless, elle est l'une des toutes premières au monde à se vouer entièrement à la conception, au développement et à la commercialisation de monocircuits sécurisés très intégrés qui établissent ainsi un lien dans la chaîne de la sécurité entre les serveurs systèmes et les cartes à puce. « C'est le chaînon manquant dont avait besoin EMV, notamment pour les applications DDA », souligne M. Bernard, le directeur général. L'USIP vise ainsi les marchés de migration EMV pour les terminaux de paiement, les terminaux STIP-Finread, Trusted et Embedded Finread et DVB-CI, mais aussi les mobiles grâce à MIDP embarqué (voir schéma). Une version 2 (sans contact et WLAN 802.11) est prévue en 2005. La version 3 devrait sortir en 2006 avec des fonctions biométriques et des capacités de streaming MPEG. Le marché des terminaux de paiement est estimé à 10 millions d'unités en 2006 ; celui de la migration des coupleurs de machines de vente automatique à 4 millions. Celui des décodeurs TV à 80 millions en 2005. La société prévoit de licencier sa technologie et de commercialiser ses circuits sous plusieurs formes (du circuit à la carte prête à l'emploi) et via plusieurs canaux.

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