Couverture ElectroniqueS n°127

La grand-messe de la téléphonie sans fil qui vient de s'achever à Barcelone étend de plus en plus ses prérogatives en concentrant son attention sur de nouvelles fonctions, comme la télévision mobile, et sur de nouveaux appareils communicants. Barcelone. Il suffit d'avoir passé deux bonnes heures dans la queue d'enregistrement « Presse » du Mobile World Congress (MWC), entre trois journalistes travaillant respectivement pour GQ, Stuff et Playboy, pour se convaincre si besoin était de ce que la téléphonie mobile passionne le grand public – et, accessoirement, que l'organisation ubuesque du sommet mondial des télécoms sans fil met tout en &oelig;uvre pour confirmer une réputation déjà bien ancrée. L'évolution du patronyme de la manifestation, passée de « GSM » puis « 3GSM World Congress » il y a quelques années à « Mobile World Congress » aujourd'hui, montre assez que la pure téléphonie ne constitue plus qu'une pièce du puzzle, un simple dénominateur commun entre une foule d'objets allant du gadget le plus futile au système le plus professionnel. Tous les appareils électroniques nomades et plus ou moins connectés à un réseau quelconque se retrouvent désormais dans la cohue catalane et les préoccupations des fabricants de composants et de logiciels enfouis (voir page 35). Comme un pied de nez à la concurrence, les deux « vedettes « du salon, les deux objets dont l'immédiat succès grand public excite et désespère à la fois la concurrence, n'étaient pas présents à Barcelone. Mais, dans les travées, l'iPhone d'Apple et l'Eee PC d'Asus affleuraient dans nombre de conversations. A l'heure où le marché de la radiotéléphonie « classique » atteint une maturité qui sonne le glas des années fastes à croissance effrénée et réduit en peau de chagrin le nombre viable d'acteurs majeurs, tous les appareils situés entre le baladeur/navigateur/téléphone d'Apple et le mini-PC à 300 $ d'Asus constituent autant d'opportunités savoureuses : désormais, preuve est faite que des appareils hybrides d'un format novateur peuvent se vendre à des millions d'exemplaires en Occident, si tant est qu'ils combinent une technique solide et un marketing grand public bien étudié. La norme LTE attendue en 2009Ici, point de LTE (qui devrait pointer le bout de son nez en 2009, et d'abord dans les stations de base), mais du 2G/3G compacté au maximum et affublé de fonctions toujours plus avancées. Infineon a ainsi présenté au MWC les X-Gold 113 et 213, deux solutions mono-circuits bas coût visant respectivement les téléphones GSM/GPRS et GSM/GPRS/Edge. Outre le traitement bande de base et le frontal RF, ils embarquent également la gestion d'alimentation et la Sram nécessaire, ainsi qu'une radio FM sur une puce Cmos 65 nm encapsulée en boîtier eWLB mesurant 8 x 8 mm. La (déjà) troisième génération de téléphones sur une puce de l'Allemand s'appuie pour cela sur un c&oelig;ur ARM1176 cadencé à 208 MHz, des accélérateurs de cryptage de données, un étage radiofréquences à conversion directe et un traitement audio/ vidéo à amplificateur classe D intégré assurant jusqu'à la lecture de fichiers MPEG4. « L'idée n'est donc plus de tirer le prix des combinés vers le bas, mais d'offrir davantage de fonctionnalités aux téléphones d'entrée de gamme », explique Hermann Eul, responsable des solutions de communication chez Infineon. Même son de cloche chez NXP où le PNX4902 relève l'entrée de gamme mono-circuit du Néerlandais d'un frontal désormais tribande, d'une interface Bluetooth, de possibilités de connexion étendues et d'un pilote audio 8 permettant de brancher un haut-parleur directement sur le combiné. L'heure est aussi au monocircuit chez Qualcomm. « Nous disposons désormais dans chacun de nos quatre segments de solutions monocircuits qui remplaceront progressivement nos offres multipuces », explique Jean Varaldi, directeur des ventes et du marketing pour Qualcomm en France. Citons notamment le QSC6295, un circuit Cmos 45 nm compatible HSPA+ promettant un débit de données ascendant/descendant crête de 10,2/5,76 Mbit/s pour l'an prochain. Architecturé autour d'un c&oelig;ur ARM11 à 400 MHz, il embarque des radios EGPRS/UMTS, Bluetooth, FM et GPS ainsi qu'un accélérateur graphique 3D. Témoin privilégié de l'extension du domaine de la lutte hors des téléphones portables, Qualcomm étend également sa gamme pour viser les baladeurs nomades multifonctions et les PC de poche, concurrençant du coup tant la plate-forme OMAP de TI et les modules d'Ericsson que des processeurs Intel, AMD ou VIA. L'Américain annonce ainsi des jeux de circuits (gamme QST à c&oelig;ur ARM 528 MHz) destinés aux Mobile Internet Devices, c'est-à-dire les gros smartphones à clavier, vise les mini-PC avec sa plate-forme Snapdragon et lance également un module baptisé Gobi et permettant d'ajouter une connexion 3G au sein des PC portables classiques. Le MWC fait son showFidèle à sa réputation, le Mobile World Congress a encore fait le plein – d'exposants, de visiteurs, de conférences – cette année. Plus de 55 000 visiteurs ont ainsi déambulé dans les allées de la Fira barcelonaise, contre 52 000 l'an passé. Ici aussi, la vague galopante du people a sévi, puisqu'aux côtés de prestigieux CEO comme John Chambers (Cisco), Olli-Pekka Kallasvuo (Nokia) ou Arun Sarin (Vodafone), Robert Redford, Isabella Rossellini et d'autres étaient venus donner du cachet (et empocher le leur) à la manifestation. Des stands « nationaux » ont permis de regrouper sur des plates-formes communes les acteurs de la téléphonie mobile provenant de Suède, des îles britanniques, de Hongrie, de France ou encore du Canada. Autre tendance : la multiplication de stands « fermés », que ce soit dans les halls ou dans les algécos de la grande allée centrale, où il est nécessaire de montrer patte blanche pour passer le cerbère surveillant l'entrée et accéder aux responsables de la société. A noter que l'édition asiatique du MWC aura lieu à Macao du 18 au 20 novembre 2008. La télévision entre en force dans les portablesLe Mobile World Congress a été le lieu de nombreuses annonces de circuits de réception TV mobile, témoin d'un vrai engouement commercial pour les récepteurs de télévision portables, qu'ils s'inscrivent dans le format d'un téléphone (offres attendues auprès des opérateurs européens cette année) ou d'un lecteur nomade. Broadcom a ainsi profité du salon catalan pour présenter l'un des tout premiers récepteurs DVB-T/DVB-H en technologie Cmos 65 nm de l'industrie, le BCM2940. Ce circuit intègre un double démodulateur et un tuner radiofréquences. Samsung a également choisi une technologie Cmos 65 nm pour son S3C4F60, une solution TV mobile monocircuit complète et multistandard (DVB-T, DVB-H, DAB, DAB-IP, T-DMB et ISDB-T). L'espagnol SIDSA exposait, lui, un jeu de circuits DVB-H s'appuyant sur le savoir-faire de Toshiba en circuits spécifiques et en mémoire Dram embarquée. De son côté, AMD a lancé l'Imageon D160, une solution matérielle et logicielle complète de réception DVB-T/DVB-H. Egalement compatible avec les deux standards, l'AS-101 du suisse Abilis Systems embarque tuner multibande, démodulateur OFDM, mémoire et interfaces dans une puce Cmos 90 nm encapsulée dans un boîtier mesurant seulement 5 x 5 mm et vendue moins de 5 $ en volume. Enfin, citons le français DiBcom qui a annoncé à Barcelone ce qu'il considère être le premier récepteur DVB-SH (complément du DVB-H dans des bandes de fréquences plus élevées) du monde. Le DIB29098, c'est son nom, comprend un double tuner RF, un double démodulateur compatible DVB-T, DVB-H et donc DVH-SH et un décodeur turbo à mémoire intégrée pour la correction d'erreur DVB-SH. « De surcroît, le DIB29098 offre deux innovations majeures : une augmentation considérable de la performance Doppler en Bande S et une amélioration drastique de la sensibilité du récepteur grâce à une implémentation du mode Diversité », avance Yannick Lévy, p-dg de DiBcom.

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