Couverture ElectroniqueS n°127

Convaincu que l’émulation a un grand avenir, le français EVE introduit le premier émulateur capable de prendre en compte des circuits intégrant un milliard de portes. Notre ambition est de devenir le premier fournisseur mondial d’outils d’émulation matérielle », affirme Luc Burgun, p-dg d’EVE, actuel numéro deux d’un secteur dominé de la tête et des épaules par Cadence. Ce dernier accapare en effet 60 à 70 % du marché quand EVE n’en détient que 16 % (voir encadré). Qu’à cela ne tienne, le Français est convaincu que le dernier-né de ses émulateurs, le ZeBu-Server, lui confère déjà une avance technologique qu’il ne reste plus qu’à concrétiser en parts de marché. Dans les faits, ZeBu-Server est le premier système capable d’émuler des circuits intégrant un milliard de portes quand les émulateurs disponibles aujourd’hui ne dépassent pas les 100 millions de portes. Et cela sans compromis sur les performances. Sachant que les outils de simulation logicielle sont hors jeu, car beaucoup trop lents. « Le nombre de cycles explose, alors que parallèlement la vitesse de simulation est seulement multipliée par 100 », explique Luc Burgun. C’est d’ailleurs un peu sur cette élimination de fait de la simulation, que compte EVE pour asseoir sa domination : actuellement, selon le Français, le marché mondial de la simulation est de quelque 500 millions de dollars et celui de l’émulation, de 150 millions de dollars. Ce dernier pourrait ainsi à échéance de deux à trois ans atteindre 200 à 250 millions de dollars. Jusqu’à 25 utilisateurs Construit autour de FPGA de la famille Virtex 5 de Xilinx, ZeBu-Server est un système évolutif adressant le marché dans sa globalité (une version à 2 milliards de portes est prévue en 2010). Il démarre à 10 millions de portes avec une fréquence d’émulation comprise entre 10 et 30 MHz soit, selon EVE, cinq à dix fois mieux que la concurrence. A sa capacité maximale, le ZeBu-Server est capable d’émuler un circuit intégrant un milliard de portes en moins de 10 heures à la fréquence de 1 MHz (moins de 4 heures pour 100 millions de portes). Grâce à la parallélisation totale du processus, Luc Burgun estime avoir brisé le cercle vicieux qui voulait que le temps de compilation augmente de manière linéaire avec la complexité. Ainsi, s’il fallait 5 heures pour un circuit de 100 millions de portes, un circuit deux fois plus complexe demandait 10 heures. En plus de l’augmentation de la capacité et de la vitesse, un autre intérêt de ZeBu-Server est d’être modulaire (par module de 10 millions de portes) et donc multi-utilisateurs. Ainsi un même système pourra-t-il être partagé entre plusieurs équipes, d’où une importante économie d’échelle avec un maximum de 25 utilisateurs pour le système le plus complet incluant 400 FPGA. Une économie importante compte tenu du prix de ce type de matériel : 1 M$ pour 100 millions de portes. ZeBu-Server fournit également un ensemble de fonctionnalités et d’améliorations facilitant la mise en place d’un environnement de validation des circuits électroniques, répondant aux besoins à la fois des concepteurs matériels et des développeurs de logiciel embarqué. ZeBu-Server s’adresse en priorité aux développeurs de circuits intégrés très complexes (processeurs graphiques et de calcul multicœurs notamment) mais, du fait de sa rapidité, il peut également être utilisé pour le développement de circuits grand public dans le monde des mobiles par exemple. EVE dévoilée en quelques mots et quelques chiffres EVE a été créée en 2000 par les anciens de Meta Systems. La société emploie plus de cent personnes dans le monde dont la moitié en R&D en France (à Palaiseau en région parisienne). EVE a réalisé un chiffre d’affaires de 25 millions de dollars en 2008 et a déjà vendu 350 systèmes dans le monde (il a huit clients en France). Son ambition est de doubler ce chiffre dans les deux ans. Numéro deux mondial de l’émulation matérielle, ses deux principaux concurrents sont Cadence (le numéro un) et Mentor Graphics. Sixième génération d’émulateur du Français, ZeBu-Server représente l’aboutissement d’un programme de R&D intensif qui a bénéficié d’aides substantielles des pouvoirs publics, avec 1,2 million d’euros dans le cadre des dernières dispositions sur le Crédit Impôt Recherche (CIR), et des avances remboursables pour 1,8 million d’euros. Contrairement à d’autres, EVE a en effet choisi de maintenir sa R&D en France car « si, aujourd’hui, le coût d’un ingénieur français est deux fois plus important que celui d’un ingénieur indien, il l’est deux fois moins qu’aux Etats-Unis », explique Ludovic Larzul, vice-président ingénierie de la société française.

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