Couverture ElectroniqueS n°127

Non contentes de s'immiscer de plus en plus dans les applications à environnements sévères, les versions “ industrielles ” des connecteurs Ethernet RJ-45 gagnent encore en performances et en flexibilité. L'Ethernet et sa connectique RJ-45 associée se sont imposés depuis longtemps déjà comme les standards incontestés dans les réseaux d'entreprises. Mais ce n'est que depuis le début des années 2000 que les réseaux Ethernet se sont immiscés dans les usines et plus généralement dans les applications en environnements sévères, marchant ainsi de plus en plus sur les plates-bandes des systèmes conventionnels basés sur des bus de terrain. Ainsi, malgré les contraintes difficiles propres au milieu industriel (voir encadré), les fabricants de connecteurs ont réussi à relever le défi, et l'offre en connectique Ethernet industrielle est aujourd'hui pléthorique. Parmi les spécialistes du genre, on peut citer pêle-mêle Amphenol, Bulgin, Harting, Lumberg, Phoenix Contact, Siemon et Yamaichi. Citons également Woodhead Connectivity, pionnier en la matière. L'Américain a en effet été le premier à commercialiser des connecteurs RJ-45 et câbles assemblés de catégorie 5 adaptés à la fois à des débits de données élevés (bande passante minimum de 100 MHz) et à l'industrie, avec, notamment, un degré d'étanchéité IP-67 et une capacité à fonctionner dans une plage de températures de 20°C à + 80°C.Des versions étanches IP-68La principale innovation de Woodhead réside dans une enveloppe moulée entourant la fiche et le réceptacle RJ-45 et comprenant une bague filetée de verrouillage à visser pour solidariser les parties mâle et femelle. Les spécifications de cette connectique, baptisée RJ-Lnxx par le fabricant de connecteurs américain, ont en quelque sorte jeté les bases d'un standard de connecteurs Ethernet industriels qui a, depuis, fait de nombreux émules. Le fait que les principaux ténors du secteur soient d'incontournables spécialistes de la connectique industrielle n'a donc rien d'étonnant. Mais force est de constater que certains connecticiens ultragénéralistes se sont également lancés dans la bataille, signe que cette application est en plein essor. Ainsi Molex a-t-il commercialisé l'an passé sa propre gamme de connecteurs RJ-45 IP-67 avec verrouillage à baïonnette. Ce système de verrouillage est devenu au fil des ans une alternative plus pratique et plus rapide au verrouillage à visser, malgré certaines réticences, à l'origine, du secteur industriel, plus habitué au système à visser. Il y a quelques mois, Tyco Electronics a également investi ce secteur en introduisant sa connectique EtherSeal. Compatible catégorie 5e et disposant d'un degré d'étanchéité IP-67, cette série de fiches, réceptacles, cordons et câbles assemblés RJ-45 pour l'industriel se distingue par un verrouillage encore plus pratique et rapide. Il suffit en effet de pousser pour solidariser la fiche et son réceptacle et de tourner la fiche pour les désolidariser. « Ce n'est pas son seul avantage », affirme Tony Beam, directeur du développement des affaires de la division AMP Netconnect de Tyco Electronics. « Les connecteurs EtherSeal rendent obsolètes les solutions à verrouillage conventionnel type bague filetée ou baïonnette puisqu'ils disposent d'un verrouillage positif délivrant un “ clic ” audible, signe pour l'utilisateur qu'une bonne connexion est effectuée », ajoute-t-il. D'autres fabricants ont opté pour une solution de verrouillage push-pull. C'est le cas, par exemple, de Phoenix Contact pour sa famille de connecteurs VarioSub RJ-45, et de Harting et sa connectique RJ Industrial, ces deux gammes de produits offrant, elles aussi, un degré d'étanchéité IP-67. Pour les applications nécessitant une immersion prolongée dans l'eau, certains connecticiens proposent également des versions IP-68 de leur connectique Ethernet industrielle. Il s'agit du plus haut degré d'étanchéité à la poussière et à l'eau de la classification IP. Bulgin, Harting, Phoenix Contact et Yamaichi comptent parmi ceux qui disposent d'une telle offre.Toujours dans le registre des environnements extrêmes, signalons que Yamaichi vient de lancer une évolution de sa connectique RJ-45 industrielle Y-Con capable de fonctionner dans une plage de températures étendue de 20°C à + 120°C en plus d'être classifiée IP-68. Ces connecteurs et câbles assemblés intègrent par ailleurs en option deux contacts de puissance permettant de passer données et alimentation sur un cordon unique. Ce genre de connectique hybride se développe d'ailleurs de plus en plus dans le secteur industriel, où il est important de minimiser le nombre de câbles. Harting conjugue également ses connecteurs RJ Industrial IP-67 push-pull en une version, baptisée Hybrid, qui intègre quatre contacts d'alimentation. Le catalogue de Phoenix Contact comprend, lui aussi, ce type de connecteurs. Signalons enfin que la demande de solutions supportant des débits toujours plus élevés n'épargne pas non plus le secteur industriel. Et pour y répondre, Harting et Siemon viennent, coup sur coup, de commercialiser des connecteurs et câbles assemblés IP-67 compatibles catégorie 6 dont la bande passante minimum est de 200 MHz.La problématique pour passer du bureau à l'usineOutre la demande pour des débits de données croissants, l'Ethernet a rapidement séduit le secteur industriel grâce à l'interopérabilité des appareils, la simplification de la maintenance des réseaux et la réduction des coûts. Mais le passage du bureau à l'usine n'est pas chose aisée, notamment à cause de l'adaptation des connecteurs, cordons et câbles assemblés aux environnements hostiles. Dans le vaste de champ de ses applications, qui va de l'hôpital à l'usine agroalimentaire, la connectique Ethernet industrielle peut, en effet, rencontrer des températures et des taux d'humidité extrêmes, des perturbations électromagnétiques importantes, des contraintes mécaniques et vibratoires élevées et des agressions diverses provenant de produits corrosifs (acides, solvants, huile…) ou d'atmosphères poussiéreuses. Rien à voir avec l'environnement douillet de l'entreprise !

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