Couverture ElectroniqueS n°127

Industriels, pouvoirs publics, hauts représentants d'Eureka et du PCRD, nombreux sont les décideurs du monde économique et politique qui s'en remettent à la BEI pour dynamiser la recherche européenne. Sophia-Antipolis Pierre Laffitte, sénateur des Alpes-Maritimes, qui accueillait, du 17 au 19 mars dernier, les représentants de haut niveau d'Eureka issus de 33 pays et de l'Union européenne, leur a présenté sa proposition de lancer un grand emprunt de 150 milliards d'euros pour dynamiser la recherche européenne. Il a ainsi donné une très large dimension à ce projet, condition sine qua non pour qu'il puisse un jour aboutir. Les pays d'Europe, liés par le pacte de stabilité et de croissance, ne peuvent en effet lancer individuellement un emprunt. Mais l'Europe dans son ensemble peut le faire. « Il faut une solidarité européenne dans ce domaine », a déclaré Pierre Laffitte. L'idée a été bien accueillie par les représentants de haut niveau d'Eureka, qui sont souvent des spécialistes de l'innovation dans leur pays (par exemple, c'est Philippe Jurgensen, le p-dg de l'Anvar, qui est le représentant français du groupe de haut niveau d'Eureka).Gérer les risques liés aux projets de R&DDepuis quelque temps, les rencontres se font fréquentes entre les dirigeants de cette institution financière européenne et les décideurs politiques et économiques. Dans une récente communication, Philippe Busquin, commissaire européen en charge de la Recherche, déclarait que « l'Europe progresse, mais trop lentement en matière de recherche. En conséquence, l'Union européenne mobilise tous les instruments de financement à sa disposition, y compris le recours à la BEI », a-t-il précisé. Les représentants de haut niveau d'Eureka ont également des contacts réguliers avec les responsables de l'institution financière européenne, a expliqué Jean-Paul Jacamon, président d'Eureka. Quant aux pouvoirs publics français, ils ont entrepris des rencontres avec la BEI par l'intermédiaire de la direction du Trésor. Un des objectifs de ces rencontres serait notamment de booster Medea+, le programme stratégique Eureka consacré à la microélectronique qui a particulièrement souffert en 2003 des gels et des réductions de budget instaurés dans certains pays. Il arrive également que les industriels fassent eux-mêmes la démarche de rencontrer les dirigeants de la BEI, soit directement, soit par l'intermédiaire d'institutions bancaires nationales lorsqu'il s'agit de PME. Le Snese (Syndicat national des entreprises de sous-traitance électronique) compte par exemple déposer un dossier de financement auprès de la BEI dans l'espoir de faire passer les travaux de ses adhérents sur la mise en place d'une filière de production “ sans plomb ” pour de la R&D.Il reste à définir les modalités de tels prêts. Jusqu'à présent, la BEI donnait le plus souvent son accord à des projets d'infrastructures. Financer la construction d'une autoroute laisse entrevoir un remboursement des échéances, ne serait-ce que grâce aux revenus générés par les péages. Les projets de R&D, eux, n'offrent pas de telles garanties de remboursement. Pour financer ce type de projets, la BEI devra donc évoluer dans ses critères d'attribution de prêts et se demander comment gérer le risque inhérent aux projets de R&D. « Comment et par qui l'argent prêté sera-t-il remboursé en cas d'échec est une question essentielle à laquelle elle devra répondre », explique Jean-Paul Jacamon. Les responsables de projets Eureka qui réussissent n'auront aucun mal à rembourser les emprunts contractés. En effet, selon les bilans “ post-projets ” réalisés 1 an, 3 ans et 5 ans après la fin des projets, « 1 euro investi par les pouvoirs publics permet un retour sur investissement de 5 à 7 euros », précise un membre du secrétariat français Eureka.Dernière idée en vogue : vendre de l'or pour financer la rechercheAprès la proposition du sénateur Pierre Laffitte de lancer un grand emprunt de 150 milliards d'euros pour financer la recherche européenne, le président de la banque centrale allemande, Ernst Welteke, vient de lancer l'idée de vendre une partie des importantes réserves d'or présentes en Europe. Cette trouvaille, qui aurait le mérite de ne pas accroître les déficits publics, a séduit le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, lequel a promis d'injecter 3 milliards d'euros dans la recherche publique. Son slogan est déjà célèbre : « L'or d'aujourd'hui pour l'or de demain », a-t-il déclaré. Mais l'affaire est loin d'être conclue, car cette proposition se heurte à une forte opposition, à la fois dans les milieux politiques et de la part d'un haut dirigeant de la Banque de France récemment interviewé par notre confrère les Echos. La France détient 3 000 tonnes d'or, soit l'équivalent de plus de 30 milliards d'euros stockés sous forme de lingots. A noter que l'once d'or a atteint, en janvier, son plus haut niveau depuis 15 ans, ce qui rend toute vente très attrayante… Mais elle risquerait aussi, à grande échelle, de faire baisser les cours.

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