Couverture ElectroniqueS n°127

Alors que les technologies capacitive et résistive s'affrontent dans les écrans multitouch, une nouvelle génération d'afficheurs tactiles s'apprête à voir le jour : ceux dont la structure même intègre la sensibilité au touché. Le lancement de l'iPhone a incontestablement constitué un tremplin pour la technologie multitouch qui a donné naissance à ces écrans tactiles qui permettent de faire pivoter des images ou de les agrandir à l'aide d'un ou plusieurs doigts. Les dalles à touchés multipoints brevetées par Apple en 2004 reposent sur une technologie de type capacitif projeté plutôt destinée, à l'origine, aux applications grands formats haut de gamme, telles que les kiosques d'information, les points de vente et les billetteries automatiques, grâce à leur fiabilité et leur robustesse. Du côté des modèles petits et moyens formats, en particulier ceux équipant les appareils nomades, c'est pourtant la technologie résistive qui est plébiscitée grâce à son faible coût et à sa facilité d'utilisation. En effet, les dalles résistives fonctionnent que le touché soit effectué avec un doigt, nu ou ganté, ou avec un stylet. Elles tirent ces qualités de leur mode de fonctionnement basé sur le principe d'un contact électrique entre le substrat rigide de l'afficheur et sa membrane souple positionnée en surface, contact qui intervient lorsque cette membrane se déforme sous l'effet d'un touché. L'écran capacitif, lui, ne « reconnaît » qu'un doigt nu, car il détecte la variation du potentiel électrique à la surface de l'écran lorsqu'un doigt le touche. Il est donc étonnant de constater que les premiers écrans multitouch à vocation grand public utilisent la technologie capacitive. « French touch »Pourtant, les dalles résistives à touchés multiples existent bel et bien et font même l'objet d'un brevet déposé quelques mois avant celui d'Apple ! La paternité de ce brevet revient à une jeune société bordelaise du nom de Stantum Technologies, baptisée à l'époque Jazzmutant. Car, en 2004, la société destinait sa technologie à l'industrie du spectacle sous la forme d'une interface tactile programmable baptisée Lemur. Il y a un an, la société a pris conscience du potentiel de sa technologie dans des applications de plus grands volumes et a lancé une activité OEM sous la forme de vente de licences à des fabricants de composants, d'afficheurs et de produits finis – et a profité de l'occasion pour changer de nom. Afin de promouvoir sa technologie auprès des OEM, Stantum commercialise depuis octobre dernier un kit de démonstration construit autour d'écrans multitouch de 2,5 et 3,5 pouces. A la différence d'un écran résistif traditionnel, qui emploie des couches conductrices d'ITO homogènes, celles utilisées par le Français sont gravées pour former un maillage conducteur en lignes et en colonnes. A l'instar du procédé d'Apple, « la technologie de Stantum tire son intelligence d'un microcontrôleur qui scanne les intersections de la matrice conductrice pour détecter en temps réel les points de contact, afin de reproduire une image exacte de l'action effectuée sur l'écran », explique Guillaume Largillier, p-dg et cofondateur de Stantum. Conscient d'être David face à Goliath, la société ne destine pas sa technologie uniquement aux équipements nomades mais vise aussi les modules GPS, le médical, l'industriel, l'aéronautique et l'informatique. D'autres innovations pourraient voir le jour dans les prochains mois en écrans tactiles. Certains acteurs de la visualisation tels Toshiba, Sharp, Chi Mei Optoelectronics ou AU Optronics ont en effet pris le parti de développer une technologie dite « in-cell touch panel » qui consiste à intégrer les capteurs tactiles à l'intérieur même des LCD, lors du process de fabrication des afficheurs, et non en superposant une dalle tactile à l'écran, comme c'est le cas pour les technologies conventionnelles. Cela permet notamment de s'affranchir de la baisse de la luminance, un défaut inhérent aux technologies tactiles et notamment aux dalles résistives. AUO est particulièrement affûté sur ce thème, puisqu'il a utilisé trois technologies différentes dans des LCD de type in-cell touch panel : un modèle de 12,1 pouces en technologie capacitive, un second de 4,3 pouces en technologie résistive et un troisième de 15 pouces en technologie optique (photodétecteurs intégrés dans le LCD) pour un fonctionnement avec les doigts (détection de l'ombre des doigts) ou à l'aide d'un stylet optique (détection du signal lumineux du stylet). Certes, AUO n'a pas encore décliné ces afficheurs en version multitouch, mais cela ne saurait tarder.

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