Couverture ElectroniqueS n°127

Hébergeant de plus en plus de fonctions à forte valeur ajoutée, les FPGA répondent au besoin de protéger la propriété intellectuelle grâce à leur technique de fabrication, mais aussi en simplifiant le chiffrement des fichiers de configuration. Les Asic ou les ASSP, qui intègrent une fonctionnalité figée, sont relativement simples à cloner pour qui dispose de moyens d'observation couramment mis en &oelig;uvre dans les laboratoires de recherche. Il suffit de décaper la puce couche après couche, de photographier chaque plan et de reproduire le dessin des masques. Si la copie a pour effet de permettre un piratage de service, l'ensemble du parc matériel doit être remplacé. Dans le cas d'un réseau prédiffusé programmable, si une attaque est avérée, il suffit de reconfigurer le parc installé pour restaurer un service sécurisé. Encore faut-il que le fichier de reconfiguration ne soit pas vulnérable. La piraterie peut avoir d'autres buts. Il convient de considérer les différents cas de figure possibles et d'évaluer le préjudice avant de trancher sur la confiance que l'on peut placer dans son système programmable. Le piratage peut avoir pour but de cloner simplement un produit fini pour proposer un système équivalent, moins cher que l'original. Ceci ne concerne pas que les systèmes à base de FPGA, mais existe naturellement pour tous les systèmes reposant sur un processeur et des entrées-sorties standard qui exécutent un logiciel spécifique mal protégé. Parfois, la félonie serait le fait d'un sous-traitant trop compétitif pour être honnête, qui s'approvisionne en composants et fabrique davantage de produits qu'il n'était convenu au départ, afin de les écouler sur un marché parallèle. Il est donc recommandé de garder un &oelig;il sur les fichiers utilisés pour la configuration, quitte à effectuer ce travail en interne. Pour contrer ce genre de pratique, Actel propose de se constituer tiers de confiance en livrant des circuits pré-programmés identifiés par une référence propre au client. Dans d'autres cas, le piratage vise à extraire le fichier et à le modifier pour activer une fonctionnalité optionnelle. C'est ce que pourrait redouter un constructeur automobile qui risquerait de se faire voler, par exemple, un système de gestion électronique du moteur. Pire, il pourrait craindre à l'avenir de voir circuler des firmwares non garantis visant à en modifier les performances, et pourquoi pas, même, découvrir que son propre réseau de maintenance est infesté avec des fichiers nuisibles. Les FPGA étant de plus en plus compétitifs, ils se trouvent au c&oelig;ur de plus en plus d'équipements numériques grand public susceptibles d'être mis à jour régulièrement. Ils sont pour ce faire connectables au réseau des réseaux, réputé pour véhiculer toutes sortes de pollutions logicielles. Tout cela fera forcément peur à nombre d'industriels qui craindront de devoir faire face à des problèmes d'après-vente incontrôlables. Il n'est donc pas étonnant d'assister à une réelle compétition d'arguments en matière de sécurité dans les FPGA, quels que soient les marchés ciblés. Toutes sortes de failles et d'attaques comme celles que nous évoquons ici peuvent être imaginées. Il est moins évident de prouver qu'elles ont été ou non exploitées avec succès, et rares sont ceux qui se vantent d'avoir été dépossédés de leur propriété intellectuelle. Les systèmes les plus sophistiqués ne sont pas forcément les mieux protégés. En effet, dans ces derniers, un support de haut niveau et une maintenance efficace sont des services contractuels que pourra difficilement fournir le producteur d'une IP ou d'un système clonés. Mais le chaland par le prix alléché n'a pas toujours conscience de cela avant l'achat. La distribution de fichiers en question Les plus attentifs auront noté qu'Actel, qui vante la sécurité de sa technique flash depuis ses débuts, a pris le soin de la renforcer à chaque génération de produits pour proposer une fonction de décryptage AES-128 bits sur ses circuits non volatils ProA-sic3 (figure 2). Cela a été motivé par le besoin du marché visé. L'essor des nouveaux services numériques va se traduire par un recours toujours plus important à la reconfiguration in-situ des FPGA utilisés pour décoder du contenu en perpétuelle évolution. Il est donc de plus en plus souhaitable de pouvoir certifier l'intégrité d'une distribution de fichiers sur le réseau. Un détail qui a son intérêt : le bloc de décryptage intégré sur tous ces FPGA a pour unique finalité de servir aux opérations de configuration et n'est donc pas accessible comme fonction utilisateur. Cela est dommage pour celui qui intègre une telle fonction dans son système pour d'autres besoins, mais permet à ces composants et au logiciel de développement les accompagnant de ne pas être considérés comme des systèmes de décryptage en regard des réglementations douanières américaines à l'exportation. Au final, avec de telles solutions il semble que la faille de sécurité la plus simple à exploiter soit la fuite d'informations non intentionnelle ou volontaire ; mais cela concerne davantage la sécurité de l'entreprise et des réseaux.

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