Couverture ElectroniqueS n°127

Les investisseurs sont particulièrement intéressés par la microélectronique, dont les besoins capitalistiques sont de plus en plus importants, et par le domaine de la sécurité, priorité du prochain programme-cadre de R&D européen. Sophia-Antipolis Avec plus de 300 participants, le 8e IVCS, Sommet international du capital-risque, qui s'est tenu les 2 et 3 décembre derniers dans la technopole niçoise, a montré un regain d'intérêt des investisseurs pour les start-up de haute technologie. Ces derniers ont toutefois encore à l'esprit les excès de la bulle Internet et restent toujours très sélectifs, face aux dossiers qui leur sont présentés. « Nous sommes revenus au niveau d'investissement des années 1994-1998, avec un rythme de croissance continu, mais sans excès. Il n'y a pas l'exubérance des années 1999-2000. Vous ne rencontrez plus ce genre de comportement », affirme Peter Hiscocks, directeur de Cambridge Enterprise, département de l'université de Cambridge qui aide les porteurs de projets à commercialiser leurs inventions et à gérer leur propriété intellectuelle. Malgré la vocation internationale de l'IVCS, on peut s'étonner du faible nombre de start-up françaises qui se sont présentées aux investisseurs. Lors des sessions consacrées à l'électronique et à la micro-électronique, une seule des six start-up était française, alors que cette manifestation se tenait dans l'Hexagone. Les autres entrepreneurs sélectionnés étaient anglais pour trois d'entre eux (avec, néanmoins, un centre de R&D basé en France), finlandais et canadien. On peut également noter la présence de 3 Roam, start-up française du secteur des télécoms, qui propose un routeur sans fil pour les applications haut débit. Est-ce le manque de bons dossiers émanant de porteurs de projets de l'Hexagone ou la barrière capitalistique de plus en plus élevée dans les composants électroniques qui explique cette faible participation française et qui incite les entrepreneurs à chercher d'autres sources de financement telles que l'emprunt auprès des banques ? Certaines start-up sont contraintes de lever des fonds à l'étranger Selon le responsable d'une entreprise chargé de mettre en contact des start-up et des investisseurs, les levées de fonds ne sont pas faciles à obtenir auprès des sociétés de capital-risque françaises. « Pour une récente opération de capital-amorçage, nous avons dû trouver des fonds à l'étranger avant de pouvoir convaincre des investisseurs français qui n'ont pris part au projet qu'une fois avoir été rassurés par l'entrée des premiers investisseurs », nous confie-t-il. « La traduction française de “ capital venture ” est “ capital-risque ”. En réalité, notre métier n'est pas de prendre des risques, mais d'investir à bon escient, en apportant du conseil aux entrepreneurs », souligne Jacques Vallée, présent dans la Silicon Valley depuis plus de 35 ans, et directeur général de SBV Venture, filiale américaine de Siparex. Pour les investisseurs, la faiblesse du nombre de levées de fonds en France s'explique encore par un manque d'esprit d'entreprise. « L'Europe est encore timorée. La situation évolue lentement, même si l'on voit revenir un certain nombre de Français ayant travaillé aux Etats-Unis pour créer des entreprises de ce côté-ci de l'Atlantique », explique Robert Jelski, directeur du secteur électronique chez 3i. Parmi les secteurs les plus appréciés par les investisseurs, figurent les applications liées à la sécurité. En effet, plusieurs projets présentés lors du forum IVCS étaient liés à ce domaine (voir tableau). Les start-up spécialisées dans la microélectronique et qui s'intéressent à ce type d'applications semblent donc avoir de bonnes chances de réussir. « La chance des entreprises de microélectronique, c'est d'avoir une roadmap avec une vision des problèmes à résoudre dans les 15 ans à venir. Cela leur permet de se positionner correctement. Néanmoins, le risque est grand de voir l'Europe devenir une zone de R&D dans le domaine des semiconducteurs. Compte tenu des besoins capitalistiques de ce secteur, il est délicat pour une start-up de s'aventurer seule sur ce marché. Leur réussite implique une logique de partenariat avec des grands groupes, notamment en matière de gestion de propriété intellectuelle », souligne Philippe Gasull, directeur général adjoint de la Financière de Brienne. Cette société de capital-risque est très active dans les domaines de la défense et de la sécurité, devenus priorités européennes, et qui figureront parmi les grands thèmes retenus par le futur programme-cadre de R&D (2006-2010) de la Commission européenne. « Il n'est pas envisageable pour l'Europe d'avoir une stratégie de sécurité sans financer la haute technologie dans ce domaine. Capteurs, antennes, solutions de stockage, équipements de reconnaissance biométrique font partie des produits sur lesquels les start-up devront travailler. Le marché est très large, car il concerne de nombreux acteurs de notre économie : Etats, entreprises, institutions financières sont exposés à des menaces non contrôlées, non prédictibles. Il y a un besoin sociétal important dans ce domaine », ajoute Philippe Gasull.

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