Couverture ElectroniqueS n°127

Les navettes autonomes commencent à se déployer en grande quantité dans les villes du monde entier, notamment pour limiter la pollution en centres-villes. Elles exploitent des trajets qui relient ces derniers à la périphérie des villes, ou des circuits fermés, par exemple à l'intérieur de pôles universitaires ou de parcs d'expositions. Plusieurs acteurs français, notamment EasyMile et Navya, sont d'ores et déjà bien placés sur ce marché. P romise pour l'année 2020, l'arrivée massive des véhicules autonomes sur nos routes se fera manifestement encore attendre pendant plusieurs années. Il semble que les constructeurs se soient un peu trop avancés en matière de planning, du moins sur l'introduction en masse de ce type de véhicules réellement autonomes, ne nécessitant donc pas l'assistance d'une personne à bord. En effet, en cette fin de premier trimestre 2020, les véhicules auto-nomes n'en sont encore qu'au stade des expérimentations en circuit fermé ou sont confinés à des territoires très délimités, avec des réglementations précises quant aux autorisations de circulation. Peu nombreux sont les services de transport autonome réguliers dévolus à des trajets sur routes, et ouverts au public, à l'exception des navettes autonomes déployées sur des circuits restreints à quelques kilomètres. La navette EZ 10 d'EasyMile dispose d'une autonomie de 10 à 14 heures (à une vitesse de 20 km/h) et se recharge en 6 à 8 h sur une prise électrique classique. Destinées à des sites où la circulation routière est faible tels que les universités, les complexes de recherche ou industriels, les parcs d'expositions ou de loisirs, mais aussi au transport de personnes depuis la périphérie vers les centres-villes, les navettes autonomes sont déjà une réalité au service des smart cities. Ces villes, qui se veulent plus conviviales et moins asphyxiantes, souhaitent proposer un cadre de vie plus agréable à leurs citoyens. Elles disposeront en effet de parkings à leur périphérie, puis de navettes autonomes électriques, donc non polluantes, qui effectueront des allées et venues entre ces parkings périphériques et les centres-villes. Plusieurs start-up françaises très bien positionnées Plusieurs start-up françaises se sont révélées à la pointe du développe-ment de ces petits véhicules électriques sans chauffeur, semblables à des minibus, pouvant accueillir jusqu'à une quinzaine de personnes à leur bord. La principale raison du développement lent des véhicules autonomes est liée à la sécurité des passagers. Aussi, les navettes autonomes circulent pour le moment à vitesse réduite. Cela n'empêche pas quelques incidents. Les opérations avec passagers à bord des navettes de la start-up EasyMile aux États-Unis ont ainsi été temporairement et partiellement suspendues par la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA – autorité de régulation américaine) après qu'une des navettes en service dans le quartier résidentiel de Linden, à Columbus (Ohio), roulant à 11 km/h, ait réalisé un arrêt d'urgence, conformément à sa configuration, pour des raisons de sécurité. Cet arrêt d'urgence a provoqué la chute d'un passager de son siège. Easy-Mile précise justement que ses navettes autonomes opèrent à basse vitesse afin de pouvoir faire des arrêts soudains lorsqu'un risque est détecté. « Nos véhicules sont néanmoins tou-jours autorisés à circuler pour des tests dans les dix États où la NHTSA effectue ses vérifications, ce qui indique que l'autorité considère qu'ils ne présentent aucun danger pour les autres usagers de la route, voitures ou piétons, indique Easy-Mile. Il est primordial d'utiliser des protocoles de sécurité rigoureux dans chaque aspect de notre technologie. Nous travaillons continuellement pour les améliorer tout en privilégiant le confort des passagers, et nous effectuons des tests sur le terrain afin de fournir une analyse plus approfondie de ces arrêts soudains. EasyMile forme également les opérateurs à la sensibilisation des passagers lorsque le véhicule est en mouvement, notamment pour le fait de bien se tenir aux barres de maintien, et a apposé une signalétique en ce sens dans ses navettes. » Alstom dans le capital de EasyMile Dès janvier 2017, EasyMile a bénéficié d'un investissement d'Alstom de 14 millions d'euros. Le groupe industriel, conquis par la solution de navette autonome et électrique proposée par la jeune entreprise, en avait ainsi acquis une participation minoritaire. Le moyen de transport sans conducteur d'EasyMile, baptisé EZ10, permet aux usagers de relier les premiers et derniers kilomètres jusqu'aux centres-villes, parcs d'affaires, cités universitaires ou aéroports, sans utiliser de voiture. À la clé, une réduction du stress pour l'usager, une solution de lutte contre la pollution, et d'importantes économies d'énergie. C'est une réponse à l'un des grands enjeux environnementaux des villes de demain, plus pratique et plus acceptable pour les citoyens que la traditionnelle solution de circulation alternée selon les plaques d'immatriculation paires ou impaires lors des pics de pollution. La navette d'EasyMile dispose d'une autonomie de dix à quatorze heures (à une vitesse de 20 km/h). Cette autonomie est plus ou moins importante en fonction des dénivelés, pour une distance d'environ 70 km. La navette se recharge en six à huit heures sur une prise électrique classique. La navette évolue le long d'une ligne virtuelle cartographiée, enregistrée au préalable dans le logiciel du véhicule. Elle est équipée d'un GPS, d'un laser de détection d'obstacles, d'un lidar et d'un capteur Velodyne (qui va venir scanner l'environnement à 360° autour de la navette lors de son déplacement), de caméras de vision et d'odomètres dans les roues du véhicule qui indiquent les distances parcourues et les directions suivies. Sa vitesse maximale atteint 40 km/h (soit l'équivalent de la vitesse du métro parisien). En septembre 2018, Bpifrance a également accompagné la croissance d'EasyMile, en investissant 6,5 millions d'euros à son capital, rejoignant ainsi les fondateurs et les actionnaires industriels Alstom et Continental. Les navettes autonomes sont présentes dans beaucoup de villes moyennes en Europe, en Asie et sur le continent américain. Par exemple, la ville régionale allemande de Mon-heim am Rhein, qui compte un peu plus de 40 000 habitants, a commencé tout récemment à utiliser des navettes autonomes pour redonner vie à son réseau de trans-ports publics existant. Autonom Cab de Navya est en mesure d'anticiper les embouteillages pour permettre aux utilisateurs d'être à l'heure, même en cas d'imprévus. Sa vitesse moyenne de 50 km/h lui permet de s'intégrer naturellement dans le flux de la circulation. Ce projet n'est que le deuxième du genre en Allemagne. Cela fournira à la vieille ville une connexion optimale au centre-ville. Les minibus autonomes circuleront de 7 heures à 23 heures, 7 jours sur 7 pour un itinéraire d'un peu plus de 2 km. EasyMile a remporté l'appel d'offres pour cinq bus. Déplacements en centre-ville Autre société française impliquée dans les navettes autonomes, Navya a lancé son Autonom Cab, un véhicule 100 % électrique pour des déplacements en centre-ville. Il a été conçu dès son origine pour être autonome, c'est-à-dire sans poste de pilotage, sans volant et sans pédales, et peut transporter un à six passagers. « Chez Navya, nous savons que le statut de l'automobile individuelle a changé, surtout auprès des jeunes générations. Les jeunes sont de moins en moins nombreux à avoir leur permis de conduire et de moins en moins enclins à posséder leur propre voiture. Ces derniers sont à la recherche de solutions de mobi-lité adaptées et opérationnelles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, garantissant une liberté d'usage, un certain bien-être et à un coût d'uti-lisation réduit », indique la société. Grâce à Navya App, l'application mobile dédiée, les utilisateurs pourront d'un simple clic ouvrir ou fermer la porte pour faire démarrer le véhicule. Autonom Cab est également en mesure d'anticiper les embouteillages pour permettre aux utilisateurs d'être à l'heure, même en cas d'imprévus. Sa vitesse moyenne de 50 km/h lui permet de s'intégrer naturellement dans le flux de la circulation, mais il peut rouler jusqu'à 90 km/h. Autonom Cab bénéficie de la technologie multicapteur la plus sophistiquée du marché avec 10 capteurs lidars, 6 caméras, 4 radars, 2 antennes GNSS et une centrale inertielle. Les capteurs apportent a minima une triple redondance sur l'ensemble des fonctions, garantissant une fiabilité exceptionnelle. L'ordinateur de bord est capable de fusionner en permanence les données perçues par l'architecture capteurs. La navigation sur route ouverte nécessite un important travail de cartographie et d'optimisation des trajets. Pour optimiser encore la navigation, Navya a réalisé son propre outil de mapping capable de générer les cartographies les plus complètes et les plus précises possibles. Navya a déjà signé différents accords de partenariat avec des spécialistes du transport, notamment avec Keolis pour l'Europe et les États-Unis et avec le Royal Automobile Club of Western Australia (RAC WA), pour l'Australie. Le savoir-faire français de Navya a même séduit le Japon – pays réputé pour être difficile d'accès – avec ses navettes autonomes qui seront mises en service en avril 2020 dans la ville de Sakai. Pour cela, cette ville s'est associée aux spécialistes SB Drive, filiale de SoftBank, dédiée à la mobilité autonome, et Macnica, groupe japonais d'électronique et solutions numériques, qui apportera son appui dans les opérations. C'est la première fois qu'un véhicule d'une capacité de onze personnes ou plus peut être utilisé de manière autonome pour des particuliers sur une route publique au Japon (selon une recherche de SB Drive). Le marché japonais s'ouvre à Navya La ville de Sakai utilisera les Auto-nom Shuttle de Navya ainsi que le fleet management system de SB Drive nommé « Dispatcher », pouvant superviser à distance le fonctionnement de plusieurs véhicules à conduite autonome simultanément. Les navettes autonomes commenceront à être gérées par Mac-nica sur des trajets qui relient les établissements médicaux, les bureaux de poste, les écoles ainsi que les banques, à la ville. Ce nouveau service de mobilité autonome est une réponse aux défis sociétaux auxquels la ville de Sakai, et de manière générale le Japon, fait face. De nouvelles formes de mobilité s'imposent devant une population vieillissante et une pénurie de chauffeurs de bus et de taxis. L'objectif de ce partenariat tripartite est de créer un environnement dans lequel les habitants peuvent se déplacer facilement en exploitant des bus autonomes. Sakai, SB Drive et Macnica ont récemment conclu un accord de coopération pour revitaliser la région et l'industrie, mais aussi pour améliorer la vie quotidienne des résidents grâce à un nouveau service de mobilité. Parallèlement, le secrétariat du bureau de la revitalisation économique du Japon a récemment réorganisé les moyens de transport en fonction des conditions environnementales de chaque région. Ainsi, les entreprises et les gouvernements locaux qui envisagent d'utiliser des véhicules autonomes peuvent le faire. Navya compte 280 collaborateurs en France (Paris et Lyon) et aux États-Unis (Michigan). La navette Auto-nom Shuttle, principal axe de développement, a été lancée en septembre 2015 et 160 exemplaires ont été commercialisés au 31 décembre 2019, notamment aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Suisse, au Japon et en Australie. Créée en 2014 avec le support de Robolution Capital, fonds d'investissement géré par 360 Capital Partners, son actionnaire de référence, Navya a également à son capital les fonds Gravitation et Paris Region Venture Fund (Région Île-de-France), géré par Cap Décisif Management, ainsi que les groupes Valeo et Keolis. EZ-GO est le premier modèle d'une série de « concept-cars » élaborés par Renault dans le cadre du développement de ses services de mobilité. Intérêt des grands constructeurs Même les grands constructeurs s'intéressent de près aux navettes autonomes. Ainsi, à l'occasion du salon international de l'automobile de Genève de 2018, Renault avait présenté son concept de robot-véhicule de mobilité à la demande. À la fois véhicule et service, Renault EZ-GO est un concept de robot-véhicule électrique, autonome et partagé, permettant aux usagers de se déplacer à partir d'un lieu identifié – une station – ou géolocalisé par application. Selon Renault, la mise en place de tels services, connectés aux infrastructures urbaines et associés à des capteurs intelligents, des analyses de données, des services connectés ou encore des systèmes multimodaux, jouera un rôle-clé dans le succès des solutions de mobilité et des villes intelligentes de demain. EZ-GO est le premier modèle d'une série de concept-cars élaborés par Renault dans le cadre du développement de ses services de mobilité. Il fait suite au lancement réussi de Symbioz, le concept-car électrique, connecté et doté d'une capacité de conduite autonome de niveau 4, destiné aux particuliers. EZ-GO est capable de maintenir ses distances avec le véhicule qui le précède, de rester sur sa voie ou d'en changer, et de tourner seul à un croisement. Il peut aussi se mettre en sécurité en cas d'incidents exceptionnels à proximité, de manière autonome ou grâce à la connectivité de son centre de contrôle. Le modèle favorise activement la sécurité des passagers grâce à sa vitesse maximale de 50 km/h. En outre, sa large porte frontale permet de monter et de descendre du véhicule en toute sécurité et loin de la circulation, avec une lumière au sol indiquant l'endroit où se déploiera la plateforme. EZ-GO est à la fois un service et un robot-véhicule partagé destiné à être exploité aussi bien par des entreprises privées que publiques. Il représente une alternative aux voitures particulières et aux transports publics, comme le métro ou le bus. Il a été conçu pour véhiculer des personnes seules ou des petits groupes. Disponible sur demande grâce à son application ou ses stations fixes réparties partout dans la ville, ce robot-véhicule associe la flexibilité et le confort des voitures individuelles à l'efficacité et à la sûreté des transports en commun, qui permettent aux passagers de ne pas se préoccuper de la route.

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